Yacht Class n°25 (juin-juil-août 2021)

On ne saurait servir de façon plus originale la Formule 1 automobile que la Principauté et son circuit « intramuros » dont une grande partie longe le port Hercule. Autant dire que certains yachts, amarrés « cul à quai » ont une vue imprenable sur les bolides. Un pur plaisir pour les aficionados de sports mécaniques.

Texte Alain Brousse et Philippe Leblond – Photo : JBS / ACM

Les connaisseurs vous le diront : « si vous ne devez voir qu’un seul grand prix de F1 dans votre vie, c’est celui de Monaco ! » Après le Grand Prix Historique (12ème édition), qui a lieu tous les deux ans dont 2021, et qui rassemble des bolides des années 70, et le E-Prix (monoplaces électriques), place aux Formule 1 d’aujourd’hui pour une course unique au monde : le 78ème Grand Prix de Monaco. Et pour assister à cette course sans pareille, qui s’est déroulée le 23 mai dernier, certains privilégiés ont choisi de le faire à bord de yachts mouillés dans le port de la Principauté. Et ils n’ont pas été déçus du spectacle, certes bruyant, mais assurément d’une qualité exceptionnelle, étant donné la proximité qui lie acteurs et spectateurs.

Du pilotage à la précision chirurgicale

En effet, à la différence d’un circuit permanent, sur le tracé de Monaco qui serpente entre les rails de sécurité dressés à l’aplomb des trottoirs, ces bolides d’environ 1 000 chevaux pour seulement 750 kg, approchant les 300 km/h à la sortie du tunnel, ne passent qu’à quelques mètres de la passerelle d’embarquement des yachts… Celui qui se passionne pour les prouesses des pilotes, appréciera la fulgurance du spectacle, pourra écouter la montée des rapports et les envolées des régimes (même si depuis l’ère hybride, les moteurs ne hurlent plus leur rage comme leurs prédécesseurs), percevoir la torture des pneus au freinage ou à la ré-accélération en sortie de virage, se régaler de la virtuosité des pilotes maîtrisant les dérobades du train arrière de leur pur-sang, discerner la précision des trajectoires, au point qu’on ne sait pas si l’on pourrait glisser un ticket de métro entre les roues et les rails, sentir l’odeur mêlée d’huile high-tech et d’essence à fort taux d’octane…

Deux emplacements stratégiques pour les yachts

Reste à dénicher la meilleure façon de parvenir à ces « tribunes flottantes »… Chaque année, la capitainerie du Port Hercule ouvre des dossiers d’inscription, pour environ deux cents anneaux, six mois avant l’événement avec des « places » de choix, notamment dans les lieux-dits suivants : face à la tribune K (entre le virage du « Bureau de tabac » et la « chicane de la piscine ») et face au Quai des Etats-Unis, des emplacements plutôt spectaculaires. Cette année, eu égard à la pandémie, des restrictions étaient de rigueur, entre autres pas plus de 12 passagers à bord de chaque yacht, sans compter l’équipage. Autre obligation : présenter un test PCR négatif pour pouvoir embarquer. Cette année, les organisateurs, à savoir Port Hercule et l’Automobile Club de Monaco, ont enregistré bien moins de candidats yachts (moins 50 %) qui, pour la plupart, sont réservés par des sociétés gérant des événements pour le compte de sponsors. A titre d’exemple, une unité de 20 mètres doit s’acquitter d’un droit d’anneau de 16 000 euros pour la semaine du Grand Prix. A noter que, le temps de l’épreuve reine du calendrier de F1, les habituels locataires de places au port sont déplacés. Rendez-vous est donc pris pour 2022, le Grand Prix aura lieu en mai. Reste à obtenir la précieuse invitation !

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