YACHT CLASS N°31 (dec 2022/jan-fev 2023)

Prestige Yachts – Groupe Beneteau

Pour son premier catamaran, Prestige Yachts a placé très haut la barre sur le plan de l’innovation et de l’habitabilité. Le M48 totalise trois cabines spacieuses et un espace commun sur le pont principal plus que séduisant. Ajoutons à cela des aménagements extérieurs conviviaux et une performance satisfaisante.

Texte : Alain Brousse – Photos : DR

D’une certaine façon le premier catamaran de la marque Prestige Yachts s’est fait attendre. Prévu pour réaliser ses premiers essais durant le printemps de cette année, il aura dû patienter jusqu’aux premiers jours de septembre avant de tracer son « double sillage » et nous les premiers jours d’octobre avant de monter à son bord pour un essai qui va se montrer fort concluant. Rendez-vous est pris au port de Beaulieu-sur-Mer par une ambiance automnale du Sud, à savoir ensoleillée et très douce. Immobile, cul à quai, le M48 symbolise tout à fait le catamaran avec un design extérieur qu’il doit à Camillo Garroni. On peut même le soupçonner d’offrir une habitabilité un rien hors norme, ce que nous n’aurons aucun mal à constater. Mais puisque les conditions climatiques incitent plus à rejoindre le large qu’à rester amarrés au quai, nous n’allons pas nous priver d’une sortie sur une mer un rien animée par un vent d’Est naissant.

Très à l’aise sur l’eau

Ce nouveau modèle a été conçu pour recevoir des diesels Volvo Penta classiques de 320 chevaux chacun équipés de transmission V-Drive. Il possède également un générateur Onan de 11,5 kW. Nous allons effectuer cet essai avec une réserve de carburant de 650 litres (50 %) et le plein d’eau douce, 600 litres. Et puisque la météo est favorable, nous grimpons aussitôt sur le flybridge pour nous installer au poste de commande extérieur qui est protégé par un toit. Sa banquette d’un mètre de large peut donc éventuellement accueillir deux personnes. Pour les manœuvres délicates, le capitaine dispose d’un propulseur d’étrave installé dans la coque bâbord. Et l’inversion et l’accélération des engins peuvent se faire grâce à un joystick. Dès la sortie du port nous testons le temps nécessaire pour passer de l’arrêt à la vitesse de croisière, soit 16 nœuds en seize secondes, un résultat correct. Le M48 nous démontre une certaine aisance à naviguer et il va atteindre 20 nœuds au régime maxi des Volvo Penta, 3 750 tr/mn. En croisière, à 16 nœuds donc (3 250 tr/mn), il peut couvrir une distance de 210 milles sans ravitailler. A 12 nœuds, son autonomie se monte à 700 milles.

La convivialité des extérieurs

Soleil oblige, découvrons sans plus attendre les espaces extérieurs de ce catamaran, à commencer par le flybridge qui bien évidemment se révèle assez convivial grâce à son carré qui se prolonge en un solarium trois places. Nous avons noté que le constructeur modifiera sur les prochains modèles la table (huit convives) fixe qui deviendra réglable électriquement, le carré pouvant alors se convertir en bain de soleil. Adossé au siège de pilotage, un bloc kitchenette propose un barbecue, un évier, un réfrigérateur et un rangement. Un niveau plus bas, sur le pont principal, nous découvrons le cockpit : ses deux sofas en angle et ses deux tables qui se transforment en un carré pour dix passagers, mais aussi une assise, toujours en L, sur tribord et un siège unique sur bâbord. Quand elle n’est pas dédiée aux plaisirs nautiques, la plateforme centrale hydraulique de la poupe est le seul endroit pour placer l’annexe. Le tableau arrière s’ouvre sur un rangement pour quelques jouets et les défenses. La partie avant du M48 se présente avec une plateforme fixe entre les deux coques qui ne manque pas d’être conviviale. Pour preuve, le solarium garnissant le rouf et le salon à l’extrémité : une banquette en U et une table. A bâbord, un capot translucide s’ouvre sur la couchette skipper de type cercueil et, à tribord, un autre capot se soulève sur le coin douche. Cette conception correspond à un cahier des charges prenant en compte la possibilité de placer le M48 dans une flotte de location.

Deux cabines dans le demi pont inférieur

Entrons dans l’espace intérieur du pont principal qui réunit une cuisine à l’américaine sur tribord, un salon-carré juste en face et une timonerie. On apprécie aussitôt la luminosité naturelle et du même coup la vue sur 200 degrés. Et la décoration moderne s’avère raffinée. Coup de chapeau au bureau de design Garroni. A bâbord, un escalier descend vers la cabine propriétaire de 18 m2. En option, cet espace se transforme en deux cabines (une twin et une simple). Cette configuration convient surtout à la location. Mais à présent, il convient de découvrir le point innovant de ce catamaran : un demi pont inférieur. Comment est-ce possible sur un catamaran ? Le M48 est un catamaran hybride : son tunnel à l’avant présente un volume qui en fait presque un trimaran. Cette « coque » centrale n’est qu’un renflement qui ne touche pas l’eau, car peu proéminent mais suffisamment pour aménager ce demi pont inférieur avec deux cabines doubles où le lit fait face au hublot de coque. Elles sont dotées chacune d’une salle bain. Elles occupent toute la largeur du bateau alors que d’habitude, sur un catamaran traditionnel, elles sont aménagées dans chaque coque. Cette originalité, que l’on doit au travail de collaboration entre l’architecte Philippe Briand et le designer Camillo Garroni, fait de ce catamaran une unité très habitable. De notre essai, nous en tirons un bilan très positif.

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