Yacht Class n°35 (dec 2023/jan-fev 2024)

Lomac

Largement apprécié à son lancement, il y a cinq ans, le GT 14.0 apparaît aujourd’hui dans une version X qui consiste en un remodelage de sa poupe. Résultat : un carré encore plus convivial et une circulation à bord améliorée. Sans oublier le trio des nouveaux V8 Yamaha XTO de 450 ch. 

Texte : Philippe Leblond – Photos : Philippe Leblond et DR

Apparu au Cannes Yachting Festival de 2018, le GranTurismo 14.0 avait fait forte impression. D’abord par son gabarit et sa ligne profilée signée du designer milanais Federico Fiorentino, ensuite par son efficacité en navigation, enfin par ses performances majuscules. Cette année, même lieu, même cadre, mêmes impressions, si ce n’est que ce modèle amiral « phase 2 » du chantier italien a vu sa poupe modifiée et sa puissance portée à 1 350 chevaux, soit 75 ch de plus que sur la « phase 1 ».

Un carré arrière plus accueillant

L’embarquement se fait via une large échelle dépliante remplaçant l’étroite passerelle en carbone du GT 14.0 première manière. L’absence de  »passage » dans le matelas du grand solarium arrière, constatée sur l’ancienne version, laisse ici place à deux passages latéraux, évitant ainsi de piétiner ledit matelas lorsque l’on rejoint le cockpit. La plate-forme de bain, qui sert de chaise aux trois hors-bords, permet de passer d’un bord à l’autre, ce qui n’est pas toujours le cas sur les semi-rigides multi moteurs où les hors-bords rendent l’accès à la baignade compliqué. Le haut mât de ski  »redesigné » permettra la pratique du wakeboard avec ses  »figures », tandis que la douche de pont pourra aussi fournir de l’eau chaude (option). Ce spacieux solarium affiche encore de belles dimensions (190 x 187 cm). Venons-en maintenant à l’évolution principale du nouveau GT 14.0X : son carré ! Avec ses deux longues banquettes en vis-à-vis, remplaçant l’unique banquette en U, le GranTurismo gagne deux convives autour des deux tables (réglables électriquement) se substituant à la table unique. Huit adultes peuvent ainsi profiter de ce lieu forcément convivial. Le bloc-cuisine intègre frigo, congélateur, évier avec planche à découper et plaque de cuisson à induction. De part et d’autre, de larges passavants (36 cm) mènent au pont avant via trois marches. Ce dernier est lui aussi recouvert d’un grand bain de soleil (2,40 x 1,50 m). La pointe avant, extrémité d’un long module en polyester qui enserre le solarium, intègre le guindeau électrique et son ancre sortant de l’écubier d’étrave. Bien entendu, le guindeau peut être manœuvré localement à l’aide d’une télécommande filaire. Au poste de pilotage, l’ergonomie est satisfaisante, que l’on barre debout ou assis. Les commandes électriques tombent bien sous la main droite, y compris le joystick du Helm Master dernière version, connecté au propulseur d’étrave. Le siège copilote offre un confort identique à ceci près qu’il ne dispose pas de repose-pieds. Pour ce qui est du tableau de bord, il est plutôt spacieux, donnant la possibilité d’intégrer une centrale de navigation à grands écrans, par exemple deux combinés de 10 et 12 pouces. A l’intérieur, la décoration de la cabine peut laisser la place à un peu de personnalisation, à l’image de ce  »covering » bleu marine qui habille les cloisons du nouveau GT 14.0X alors que la précédente version laissait s’exprimer le bois au naturel. La hauteur sous barrot culmine à 1,78 m, idem dans la salle d’eau qui comporte une cabine de douche, un lavabo et un WC marin électrique relié à un réservoir d’eaux noires de 80 litres. Un long vitrage de console apporte un éclairage naturel abondant, mais on ne trouve pas de hublot ouvrant pour créer un courant d’air. La partie couchage profite elle aussi de bandeaux vitrés, et d’une couchette double au format king size : 2,05 x 1,95 m !

Des qualités nautiques au-dessus de la moyenne

A bord du GT 14.0 version X, les 75 chevaux supplémentaires procurés par les nouveaux Yamaha XTO 450 ch (le GT 14.0 première version était équipé des XTO 425 ch) ne se ressentent pas vraiment, ni aux commandes, ni dans les mesures. Si le GT 14.0X domine légèrement en vitesse maxi (57,3 nds contre 56,4 nds), il en cède un peu sur les accélérations (7 » de 0 à 20 nds contre 5 »2). Une raison à cela : le GT 14.0X ressort sensiblement plus lourd que son prédécesseur : 7 071 kg contre 5 800 kg, sans les moteurs. Quoiqu’il en soit, le seul fait de dépasser allègrement les 50 nœuds renvoie à d’autres critères plus importants dans la vie d’un maxi RIB, à savoir la sécurité garantie par son comportement et le confort en navigation. Et là, pas de différence notoire : la nouvelle version est aussi bonne que la précédente, c’est-à-dire excellente. Les V8 Yamaha font largement le  »job » que ce soit lors du déjaugeage qui se déroule avec un cabré quasi insensible, ou en croisière avec une sonorité relativement discrète et des rendements flatteurs eu égard au cumul de la cylindrée à l’œuvre : 16 800 cm³… C’est le cas notamment à 3 500 tr/min avec une conso de 141 l/h et un ratio de 0,23 mille au litre digne d’éloges, d’autant qu’à ce régime, le GT 14.0X taille sa route à 33 nds ! Cela met Calvi à trois heures de Saint-Tropez… Et dans un confort et avec une sécurité que l’on peut imaginer excellentes (les conditions de mer que nous avons rencontrées lors de l’essai étaient par trop clémentes pour émettre une appréciation). Autre élément du plaisir de pilotage, la maniabilité de cet imposant semi-rigide. Il est capable d’enchaîner les virages avec dextérité, quel que soit le rayon. Enfin, de retour au port, c’est tout juste si l’on pense à recourir au Helm Master avec joystick et propulseur d’étrave connecté, tant il manœuvre facilement aux inverseurs, moteur central coupé. Les capitaines ou les armateurs de superyachts apprécieront !