Présentation

Yacht Class n°18 (sept-oct-nov 2019)

JFA Yachts

Pour des propriétaires expérimentés et avec l’expertise du cabinet Finot-Conq, le chantier français JFA Yachts a construit le FC2 70′ avec le savoir-faire et le soin qui font sa réputation depuis plus de 25 ans. Ce croiseur rapide regorge d’astuces et de détails qui témoignent d’un réel sens marin.

Texte : Christophe Varène Photos : Benoît Stichelbaut et Bernard Galéron / JFA Yachts

Une tâche sombre s’avance à la surface de l’eau, faisant écumer la pointe des vagues qui se pressent vers une étrave tranchante. La risée est là, et sur l’anémomètre les chiffres digitaux en signalent aussitôt la présence : de 18 nœuds, ils passent à 25 nœuds et le speedomètre se joint à cette fête de la croissance, grimpant de 7,5 à 10 nœuds, juste le temps de jeter un regard sur le réglage des voiles. La gîte gagne quelques degrés, la coque vient s’appuyer sur son bouchain et le voilier tranche son sillage blanc sur la mer d’un bleu profond. Lorsqu’Eole faiblit un peu plus tard, la vitesse s’en ressent à peine. En remontant au près à 35°, le vent apparent se fait plus sensible – 16,5 nœuds pour 11,5 de réel – et la glisse continue à un peu plus de 9 nœuds. Sensation grisante. Au large de Concarneau, l’un des derniers yachts sortis du chantier JFA effectue un essai de navigation avec à son bord son propriétaire, son architecte et les représentants du constructeur. La Bretagne s’offre sous ses meilleurs atours : soleil, douceur de l’air et jolie brise. Idéal pour découvrir ce FC2 70′. Avec son éclatant bleu turquoise, voilà un voilier qui ne risque pas de passer inaperçu dans des ports où le blanc règne en maître, parfois concurrencé par les coques noires, carbone oblige. Ses lignes également ne laissent pas indifférent car on semble y reconnaître un ADN venu de la course au large : étrave droite, superstructures légères, maître-bau bien reculé et constant jusqu’à la poupe, mât positionné en arrière, la parenté avec les IMOCA ne souffre pas la contestation. Mais que l’on ne s’y trompe pas, le FC2 70′ est aussi – surtout – un voilier de croisière.

Une philosophie sportive indéniable

D’ailleurs, son nom ne laisse pas de place au doute. « FC » pour Finot-Conq, fameux cabinet d’architectes qui s’est illustré dans la conception de voiliers de course dont de nombreux 60′ Open et les célèbres Pogo, mais « au carré » pour Fast Cruiser. Et s’il avait été construit avec une coque carbone, ce 70 pieds aurait pu prétendre au « FC cube » pour Full Carbon (une appellation envisagée pour d’autres projets en 50, 61 et même 100 pieds). Mais revenons à notre FC2 70′ pour continuer à apprécier sa philosophie sportive… et maîtrisée. Le plan de pont paraît très dégagé, avec l’ensemble des manœuvres revenant au cockpit sous le pont et des hublots parfaitement flush, le regard étant cependant attiré par deux longerons longitudinaux qui courent depuis l’étrave vers le mât. L’architecte Pascal Conq, embarqué pour cette sortie d’essai, précise alors qu’il s’agit de renforts structurels utilisés aussi comme cale-pieds… sur les bateaux de course au large. Décidément, praticité et performance ne sont jamais loin. Chaque détail porte en lui cette dimension : le pont en Flexiteek allie légèreté, confort et robustesse, le génois « tout ou rien » apporte puissance quand la trinquette sur enrouleur mise sur la sécurité et la souplesse. Le long vécu maritime du propriétaire parle aussi lorsque l’on évoque la bôme, un modèle classique avec des supports sur les côtés pour recevoir la grand-voile lors de l’affalage, une opération également aidée par le rail à aiguillage. Pas question d’utiliser une bôme à enrouleur, de plus en plus souvent installée sur les grands yachts ; rien ne vaut une prise de ris traditionnelle, automatique pour les deux premiers ris, libre pour le dernier. Enfin, les deux postes de barre possèdent chacun un tableau de commandes, doublées pour certaines (commandes moteur et propulseurs avant et arrière, enrouleurs de J1 et J2), simples pour d’autres (drisse de grand-voile et commande de guindeau). Deux banquettes apportent du confort en ce lieu souvent spartiate, mais il faudra voir à l’usage si elles restent fonctionnelles pour barrer ou pour contrôler la navigation sous pilote automatique. Un autre tableau de commandes sert à gérer l’hydraulique du bord : régler la tension d’étai de trinquette et du pataras, manœuvrer les enrouleurs, utiliser les winches et faire fonctionner la quille relevable.

Calme et élégance à l’intérieur

Le FC2 70′ affiche donc un solide tempérament pour naviguer vite et loin, mais il se fait aussi enjôleur pour agrémenter la vie à bord, que l’on soit en mer ou au mouillage. La circulation dans le grand cockpit, mi-ouvert sur l’arrière, s’organise devant les deux postes de barre : deux banquettes en vis-à-vis profitent, si besoin, de la protection d’une capote aux dimensions généreuses, et plus sûrement du confort d’une table centrale. Grâce à une porte de descente décalée sur tribord, le passage vers l’intérieur est facile, d’autant plus que les marches sont larges, avec une inclinaison douce et deux mains courantes. En découvrant le carré, la surprise est totale : à la sensation de sportivité vécue à l’extérieur succède un sentiment de calme et d’élégance. Le design intérieur, signé Pierre Forgia, du cabinet Finot-Conq, joue la carte de la modernité avec une essence de bois très particulière, le zebrano, alternant lignes sombres et claires, mariée à des plans de travail en corian blanc et une sellerie orange. La luminosité vient de nombreux vitrages dans la coque et sur les côtés du rouf, mais surtout d’une belle baie vitrée en avant de l’épontille. Si le long meuble central permet de loger la quille relevable et son puissant vérin hydraulique, il organise l’espace du carré entre ses différentes zones.

La trilogie zébrano-corian-orange

La cuisine s’étend sur toute la longueur du carré sur tribord. Un peu en contrebas, ce qui permet de s’activer aux fourneaux tout en admirant le paysage marin, elle bénéficie d’un appui longitudinal qui facilite son utilisation quelle que soit l’amure. Dans le même but, les frigos tiroirs s’ouvrent dans le sens de la marche, ce qui évite les ouvertures inopportunes… ou impossibles, selon ce que l’on se trouve en haut ou en bas. Tous les plans de travail, comme partout dans le bateau, sont dotés d’importantes fargues : rien ne peut tomber et en plus une solide prise est toujours à portée de main. Ce détail, qui n’en est pas un pour les marins qui naviguent, expliquev l’absence de main courante au plafond. Sur bâbord, le poste de navigation porte bien son nom avec une large surface pour y étaler des cartes marines papier et de nombreux écrans et tableau de contrôle pour gérer toutes les fonctions du bord. En avant, se trouve le salon avec une longue table centrale capable d’accueillir huit convives. Pour la suite armateur, le débat est toujours ouvert de savoir s’il faut la placer à l’avant ou à l’arrière. Sur le FC2 70′, le choix est clair avec son installation vers l’étrave. Le grand lit double est positionné au centre et dans le sens de la marche. Là aussi, les aménagements paraissent sobres et minimalistes, jouant toujours sur la trilogie zebrano, corian et orange, mais ils comprennent de nombreux rangements et un coin bureau. Dans la salle de bain située vers l’avant, on découvre une porte étanche qui mène à un éventuel poste d’équipage avec cabinet de toilette. Un accès direct depuis le pont permet d’utiliser ce grand volume en espace de stockage. Avec sa grande largeur, la partie arrière du FC2 70′ présente une intéressante disposition. Sur les extérieurs, deux cabines invités présentent de beaux couchages doubles et des cabinets de toilette privatifs. La partie centrale reçoit le compartiment moteur qui comprend aussi la zone technique avec, entre autres, générateur et dessalinisateur. Cet espace compact permet une intervention sur tous les éléments et il autorise un bon centrage des poids. Accessible depuis le tableau arrière, le garage de l’annexe, qui se range dans la longueur, a été conçu pour permettre la sortie et la mise à l’eau d’un semi-rigide jusqu’à 3,40 m.
Au final, marin dans sa conception, malin dans ses aménagements, soigné dans sa construction, le FC2 70′ semble remplir parfaitement son exigeant cahier des charges initial et nul doute que le chantier JFA sera prêt à développer une petite série à partir de ce voilier véloce et facile à vivre.

Fiche technique

Longueur hors-tout
22,30 m
Largeur
6,28 m
Tirant d'eau
2,05 / 4,40 m
Motorisation
180 ch
Capacité carburant
1 000 l
Eau
700 l
Matériau
aluminium et composite
Déplacement
29 t
Voilure au près
280 m2
Architecte naval
Finot-Conq
Designer extérieur
Finot-Conq
Designer intérieur
Pierre Forgia – Finot-Conq
Constructeur
JFA Yachts (Concarneau)

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