Présentation

YACHT CLASS 31 (dec 2022/jan-fev 2023)

Catana Catamarans

Avec l’Ocean Class, le constructeur français Catana sort sa première nouveauté depuis quelques années. Respectant l’ADN de la marque, ce catamaran de grande croisière est dessiné pour offrir vitesse et sensations sous voiles, mais son plan d’aménagement garantit à l’équipage protection dans les zones extérieures et confort dans le carré et les cabines.

Texte : Christophe Varène – Photos : DR

Le chantier Catana a bien choisi son implantation à Canet-en-Roussillon : installé au bord du port, les mises à l’eau en sont facilitées et, pour les essais en mer, la région est connue pour être souvent balayée par la tramontane, un vent soutenu de secteur Nord-Nord-Est qui, le long des côtes, lève un clapot modéré. Parfait pour une sortie à bord du Catana Ocean Class (15,75 m), dernier-né d’une gamme restreinte qui comprend aussi le Catana 53. Conçu, comme son nom l’indique, pour les grandes traversées, voire un tour du monde, l’Ocean Class se veut manœuvrable à deux, ce que nous allons tester lors de cette belle journée ventée de la fin juin en compagnie de Benjamin Monier, responsable des ventes chez Catana. Sagement amarré au quai, ce voilier se remarque d’entrée par sa silhouette plus légère et élancée que d’autres catamarans de taille équivalente. Cette impression – justifiée – vient de ses étraves inversées, mais surtout de son franc-bord plutôt bas et de sa bôme abaissée grâce à l’absence de flybridge, un attribut procurant certes du confort, mais aussi un aspect massif dans le look. Et lorsqu’il faudra opérer le pliage de la grand-voile, Benjamin indiquera même que sur les prochaines unités cette bôme sera descendue de 35 cm pour plus de performance (1,50 m2 de surface de voilure supplémentaire) et d’accessibilité.

Puissant aux allures portantes

Avant d’envoyer les voiles, le trajet vers la pleine mer a permis de valider l’efficacité de la motorisation. Avec ses deux moteurs diesels Yanmar de 57 ch (un peu plus puissants que les 45 ch prévus en standard), le Catana Ocean Class adopte une allure de croisière de 7 nœuds, mais en vitesse de pointe il peut atteindre 9 nœuds. Mais le dessin de l’Ocean Class est fait pour glisser sous voiles et lorsque toute la voilure est établie, avec un génois à l’avant, le speedomètre affiche 9 nœuds ou plus en permanence, avec un vent apparent de 25 nœuds et un angle, lui aussi apparent, de 40 degrés. Depuis l’unique poste de barre installé en hauteur sur tribord, la visibilité se révèle bonne, avec bien sûr de petites différences selon l’amure. L’ergonomie de cet espace essentiel pour la bonne marche du voilier présente, en avant de la barre, un petit cockpit avec les winches et des rangements pour les drisses et les écoutes. Tout est facilement sous la main, même en solo. En remplaçant le génois par le gennaker et en abattant à 100 degrés du vent, l’Ocean Class accélère au-delà des 10-11 nœuds. A cette allure, il faut aussi remonter les dérives, mais cette opération s’effectue sans effort avec une commande électrique. Dans les alizés, au cœur de l’Atlantique vers les Caraïbes, ces performances seront très appréciées. D’autant que les sensations à la barre sont réelles avec une étonnante réactivité. Détail qui a son importance, une baie coulissante au pied du barreur permet une communication facile avec les passagers installés dans le cockpit ou le carré.

Une frontière extérieur/intérieur ténue

Car si le barreur savoure l’instant, le reste de l’équipage trouve aussi des éléments de satisfaction. En faisant un rapide tour sur le pont, avec des déplacements rendus faciles par les larges passavants, on découvre une partie avant occupée en majeure partie par un trampoline et des coffres de rangement : dépouillé, cet espace pourra se garnir de coussins au mouillage. Les pointes abritent sur bâbord un très grand volume susceptible d’être transformé en poste équipage, voire en atelier, alors que le coffre tribord servira utilement de soute à voiles. A l’arrière, le cockpit est de taille modeste avec sa banquette transversale, ses deux descentes vers les plages de bain et les bossoirs capables de porter une annexe de 3,40 m et 350 kg. Mais il prend tout son sens lorsque les baies à galandage fermant le carré sont coulissées sur le côté : la frontière entre extérieur et intérieur disparaît pour composer une zone tout à la fois aérée, surtout avec les vitres latérales ouvertes, et protégée. Sur le bateau de notre essai, premier exemplaire de la série, le salon adopte une disposition en L avec une étonnante table pliante en diagonale, mais si elle libère de l’espace, celui-ci devrait être mieux exploité sur les prochaines unités. Un meuble latéral avec des réfrigérateurs fait la liaison vers la cuisine en L sur bâbord. Dans le carré, un petit comptoir central isole un peu le salon avec sa banquette d’angle et une petite table ainsi que le poste de navigation. Celui-ci est disposé en biais pour gagner de la place et le résultat est plutôt probant avec un large plan de travail, un panneau incliné où vient se fixer l’instrumentation électronique avec une excellente visibilité et un confortable siège fixe et pivotant.

Une suite propriétaire lumineuse

En descendant dans la coque bâbord, on découvre la suite propriétaire : vers la poupe, une zone rangement, penderie et bureau précède le couchage double, quand vers l’avant la salle d’eau prend ses aises avec vasque, petit sofa, cabine de douche et toilettes fermées. Tout du long, des hublots de coque apportent lumière et surtout une vue sur mer imprenable. Dans la coque opposée, deux cabines se partagent un cabinet de toilette avec cabine de douche et des WC séparés : si celle à la proue peut, au choix, abriter deux lits simples superposés ou un couchage double, l’autre, un peu plus vaste, est occupée par un vrai couchage double. Partout, les finitions sont soignées avec des techniques de construction toujours à la recherche d’une économie de poids : les cloisons structurelles laissent la place à des renforts carbone avec des cornières doublées au niveau de l’épontille ; les portes et planchers intérieurs sont moussés pour plus de légèreté et une meilleure insonorisation ; les planchers du cockpit est en PVC plus léger et facile d’entretien. Sujet d’actualité brûlant, la gestion de l’énergie a fait aussi l’objet d’attention avec l’installation de panneaux solaires sur le rouf (de l’avantage de ne pas avoir de flybridge) susceptibles de couvrir la consommation quotidienne standard, sauf lave-linge et sèche-linge, mais aussi avec l’installation de la climatisation uniquement dans les coques. Car partir naviguer loin avec un Ocean Class, c’est aussi être respectueux de l’environnement.

Fiche technique

Longueur hors-tout
15,75 m
Largeur
7,83 m
Tirant d'eau
1,17 / 2,49 m
Motorisation
2 x 45 ch diesels
Capacité carburant
800 l
Eau
800 l
Matériau
sandwich PVC verre et carbone
Déplacement
14,7 t
Surface de grand-voile
92 m2
Surface de solent autovireur
50 m2
Prix HT
1 036 700 €
Architecte naval
Olivier Poncin
Designer extérieur
Chantier Catana
Designer intérieur
Chantier Catana
Constructeur
Catana Catamarans (Canet-en-Roussillon - France)

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