Yacht Class n°34 (sept-oct-nov 2023)

Prestige Yachts

Nul doute que l’arrivée de ce modèle sur le marché de plus en plus convoité du catamaran est une étape clef pour Prestige. Testé dès ses premiers milles sur l’Adriatique, le M8 n’a pas eu trop de mal à nous séduire. Son habitabilité, son ergonomie, son confort et son luxe nous sont immédiatement apparus comme ses incontestables qualités. Coup de chapeau au binôme Garroni et Lombard qui a fait très fort en concevant ce « presque » 20 mètres.

Texte : Alain Brousse – Photos : DR

En introduction, il convient d’apporter une explication sur son appellation : M car il appartient à la famille M-Line, soit les modèles catamarans de la marque, et 8 parce que, d’après Prestige, il est très proche d’offrir les prestations d’un 80 pieds, bien qu’il ne fasse que 68 pieds. A chacun sa façon de faire passer le message. Une certitude, le M8 est innovant, étonnant et généreux en surfaces extérieures et intérieures : 272 m2. Rendez-vous est pris au Yacht Club de Porto Piccolo, au nord de Trieste, sur la côte Adriatique. Mais après un passage obligé par le chantier « Groupe Beneteau Italia » de Monfalcone, ex Monte Carlo Yachts, qui fabrique désormais les unités à voile et à moteur à partir de 60 pieds (Beneteau, Jeanneau et Prestige). Les trois hangars (au total : 45 000 m2) ont été revus afin d’offrir un niveau d’efficacité encore plus élevé.

Avec comme but ultime la vue mer

Dans la marina de Porto Piccolo, on ne voyait que lui, ce catamaran aux superstructures imposantes, mais fort bien réussies côté design. Camillo Garroni et Marc Lombard, en personne, ne cachaient pas une certaine fierté devant « leur » M8 et, sincèrement, ils étaient en droit de le faire sentir. Quel que soit l’angle de vue que l’on choisit, on ne trouve rien à redire : le M8 a de l’allure. Les parties vitrées des flancs et des superstructures ajoutent à son élégance. Les designers, en accord avec les dirigeants, ont, en ce qui concerne les aménagements du pont principal, choisi de privilégier la vue vers l’arrière, très généreuse depuis le cockpit ou l’espace commun. Aussi, les banquettes et les sofas, à l’extérieur comme à l’intérieur, « visent » la poupe. Celle-ci est d’ailleurs très conviviale, dotée notamment d’une plate-forme de bain hydraulique qui sert également pour y sangler l’annexe. Sa partie arrière remonte électriquement jusqu’au niveau du plancher du cockpit qui ainsi gagne quelques mètres carrés au niveau du salon, celui-ci se composant d’une table avec deux banquettes latérales en vis-à-vis et une troisième, face mer. Le lieu se prête aussi à un coin repas avec vue panoramique garantie. La séparation entre cockpit et salon intérieur du pont principal s’effectue avec deux baies vitrées et une partie fixe au centre. Poursuivons l’inspection des espaces extérieurs. De chaque bord, un passavant, en partie couvert, facilite l’accès au pont avant dont les 40 m2 bénéficieront à la fois aux amateurs d’UV grâce à un solarium (6 personnes) et aux réunions amicales avec collations dans le salon tout à l’avant. Le M8 ne serait pas un catamaran digne du nom sans proposer un flybridge aux dimensions flatteuses, à savoir une surface totale de 50 m2 où le confort se décline ainsi : un salon sur l’arrière pour 6 à 8 personnes, sur tribord un solarium et sur bâbord un carré accueillant jusqu’à huit convives. Le centre avant est réservé au poste de commande principal avec deux fauteuils adossés à un meuble kitchenette. Le fly est abrité aux trois quarts par un toit ouvrant aux deux tiers (une toile commandée électriquement). Les extérieurs du M8 sont assurément un de ses points forts.

Lumière abondante et décoration contemporaine

Sur le plan de l’habitabilité, le M8 n’a pas fait dans la demi-mesure. Ainsi, depuis le cockpit, découvrons le volume du pont principal dont la surface parle d’elle-même : 50 m2, aménagés de façon à ce que les passagers se sentent libres de leurs mouvements. Le mobilier, moderne et dans les couleurs claires, se révèle discret, tout en restant bien pensé au niveau des rangements. Le salon, abondamment fourni en lumière naturelle, est très agréable à vivre. Le coin relaxation (une table basse et trois sofas) « regarde » le cockpit. Pour les repas, une table et ses chaises attendent les six convives sur bâbord, tandis que la cuisine ouverte occupe l’espace tribord. Equipée de tout le nécessaire pour concocter les mets les plus raffinés, elle s’intègre complètement dans cet espace dont le plancher est en chêne clair. Erwin Bamps, patron de Prestige Yachts, nous précise tout d’abord que le M8 est « customisable » et que la décoration du modèle que nous essayons a été décidée en fonction de sa prochaine destination, soit les Etats-Unis où il sera exposé au Miami Boat Show, en janvier 2024. Ainsi, sur ce M8, le poste de commande principal se trouve sur le fly, mais il est possible d’installer une petite timonerie à l’intérieur.

Au choix, de trois à cinq cabines

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ce catamaran. Ainsi le pont inférieur « regorge » de cabines : cinq dans sa configuration maximale. Commençons par la plus vaste, celle des propriétaires, tout à l’avant, qui dispose de 25 m2 et dont la conception est pour le moins surprenante, mais pas inintéressante. Le lit king size est placé au centre avec vue sur le bordé tribord. Il fait face à un meuble à mi-hauteur qui cache un espace consacré à un salon (une table basse et deux fauteuils en vis-à-vis). La salle de bain offre deux vasques, une douche indépendante et des WC, eux aussi indépendants. Encore une fois, l’acquéreur aura la possibilité de modifier cet aménagement. L’extrémité avant de chaque coque propose une cabine, certes réduite, pour un membre d’équipage. Quant aux invités, ils ne sont pas laissés pour compte. A preuve, les quatre guests cabines (10 et 12 m2), soit dotées d’un lit double, soit de deux lits, chacune possédant une salle de bain avec une douche indépendante. Custom oblige, tout est envisageable comme, par exemple, une VIP dans chaque coque à la place des deux guests. La version que nous avons testée est bien évidemment idéale pour le marché de la location.

Très à l’aise en mer et peu bruyant

Amarré dans la marina de Port Piccolo, le M8 s’est bien évidemment prêté aux séances d’essais et c’est donc depuis le poste de pilotage du fly que nous appareillons, sachant que ce M8 est propulsé par des diesels thermiques traditionnels (2 x Volvo Penta D8 de 600 ch chacun) avec une propulsion de type V-Drive. Relativement facile à manœuvrer, le M8 sort du port pour nous prouver ses qualités de navigation sur une Méditerranée certes assez calme. Catamaran oblige, la stabilité est de la partie, d’autant plus que ce 19,82 mètres affiche une largeur de 8,85 m. Prévenus que le cahier des charges avait fixé une performance qualifiée de raisonnable, nous avons donc échelonné les vitesses, depuis le minimum, soit 6,57 nœuds à 1 000 tr/mn, jusqu’au maximum : 20,3 nœuds à 2 920 tr/mn. L’allure de croisière conseillée se situe à 12 nœuds pour une autonomie de 363 milles exactement et l’on peut nettement améliorer ce résultat en se contentant de 10 nœuds (1 700 tr/mn) pour 800 milles… Les navigateurs hauturiers apprécieront car a priori ce M8 présente les capacités pour affronter des mers moins clémentes que lors de notre essai. En lançant le M8, Prestige prouve une fois de plus sa volonté d’élever la barre de façon conséquente. Ce « presque » 20 mètres, doté de nombreuses qualités, saura se faire rapidement une place au soleil, qu’il soit européen ou américain. Et l’on peut s’attendre à plus grand encore d’ici à 2025.