Yacht Class n°39 (dec 2024/jan-fev 2025)

Mishi Yachts

Avec le Mishi 88, premier modèle du nouveau chantier turc Mishi Yachts, l’accent est porté sur l’agrément de la vie à bord, au travers de volumes intérieurs importants et d’un souci constant de sécurité. Peu explorée, cette voie s’apparente parfois à l’univers des yachts à moteur.

Texte : Christophe Varène – Photos : DR

L’arrivée d’une nouvelle marque dans l’univers des voiliers de luxe est toujours un évènement. Qui plus est, lorsqu’elle repose sur une belle histoire familiale. Propriétaire du chantier turc Yonca (trèfle à quatre feuilles, en turc), spécialisé depuis 1986 dans la construction en composite et aluminium de bateaux jusqu’à 54 m destinés aux garde-côtes et aux douaniers, Sakir Yilmazturk est un passionné de voile. Sachant son épouse, qu’il appelle affectueusement « Mishi », davantage attirée par le confort des unités à moteur, il s’est un jour décidé à concevoir et réaliser un voilier… qu’il lui a offert. Et devant les éloges de ses amis et de tous ceux qui ont eu l’occasion d’embarquer, il lance la marque Mishi Yachts avec ce Mishi 88 en fer de lance, avant de développer la gamme avec le Mishi 102, en cours de développement, un projet présenté au dernier Monaco Yacht Show.

Une immédiate sensation d’espace

Une sortie de nuit sur le Bosphore, au cœur d’Istanbul, suivie le lendemain par une navigation vers le chantier installé à Tuzla, a permis de capter l’esprit de ce nouveau venu et de sa première réalisation. Au premier regard, le Mishi 88 présente une silhouette volumineuse avec son haut franc-bord, surligné par un rouf marqué et un hard-top bien présent. Ce n’est donc pas une surprise d’être frappé par la notion d’espace lorsque l’on monte à bord : le cockpit se montre très généreux en termes de convivialité avec de longues banquettes et des tables accueillantes pour une dizaine de convives. La zone réservée aux manœuvres se situe à l’arrière avec deux postes de barre, à l’instrumentation complète, et, accessibles par les passavants, deux winches sur chaque bord. La notion de sécurité est omniprésente, à l’image de ces rambardes rigides et plus hautes qu’à l’accoutumée qui cernent le bateau.

Un pont avant comme une terrasse

L’absence totale de vent durant ces deux navigations ne donne hélas pas l’occasion de tester les performances sous voiles (grand-voile classique, foc autovireur et Code 0 sur enrouleur). Au moteur, à 1 600 tr/mn, la vitesse de croisière s’établit à 9 nœuds. En faisant un tour sur le pont, on remarque le bain de soleil sur le rouf, les panneaux solaires sur le hard-top et un avant très dégagé avec une banquette en avant du mât. Cette dernière, à condition de condamner l’utilisation du rail d’écoute du foc autovireur, peut recevoir un dossier pour un confort amélioré : un endroit très convoité au mouillage. D’autant que le pont avant peut aussi recevoir fauteuils et table basse. La circulation est facilitée par les hublots flushdeck qui ne génèrent aucune aspérité, souvent agressive pour les pieds nus. Le tableau arrière s’ouvre à l’horizontale pour dégager le garage dans lequel se glisse l’annexe en longitudinal. La plateforme ainsi créée reçoit deux échelles, l’une pour sortir de l’eau après la baignade, l’autre pour rejoindre le pont.

Un design intérieur contemporain

La visite des intérieurs du Mishi 88 peut surprendre car on pénètre alors dans un environnement plus proche de celui des motor-yachts que de celui des voiliers. Mais ce choix assumé est celui de Sakir Yilmazturk pour répondre aux envies de son épouse, Mishi. L’ambiance repose sur un design et une décoration contemporaine avec l’utilisation de chrome brillant et de surfaces laquées, le tout accentué par l’absence de hublots de coque – pour répondre aux exigences de sécurité du propriétaire. Dans le même esprit, un autre point-clé réside dans la volonté de faciliter les déplacements et d’avoir toujours, en tout lieu du carré, une prise pour se maintenir lorsque le bateau est à la gîte. Dans cet espace, deux banquettes en vis-à-vis sont associées à deux tables pour une capacité d’accueil élevée, que ce soit pour un moment de détente ou le temps d’un dîner.

Une cabine armateur comme un cocon

En se dirigeant vers l’avant, la cuisine en U, fonctionnelle et bien équipée, se situe en léger contrebas. Au même niveau, sur tribord, une cabine avec deux lits superposés dispose de son cabinet de toilette. La cabine de l’armateur occupe une bonne partie de l’avant, avec toujours une ambiance moderne à dominante grise et avec une seule entrée de lumière naturelle par un hublot zénithal, pour une forte sensation de cocooning. Un bureau/coiffeuse, de nombreux rangements et une belle salle d’eau attenante complètent les aménagements confortables du domaine des propriétaires. En repartant vers la poupe, en arrière du carré, deux autres cabines sont à disposition des passagers. Dotées de deux lits simples et d’un cabinet de toilette privatif chacune, elles conservent les mêmes tonalités de design intérieur avec des cloisons à motifs géométriques et des têtes de lits en cuir cousu en damier. La salle des machines, comprenant aussi lave-linge et sèche-linge, se situe dans la partie centrale entre ces deux cabines. L’équipage, quant à lui, possède son espace dans la pointe avant, accessible depuis le pont, avec deux lits et un cabinet de toilette avec douchette. Loin de certains standards en commun chez de nombreux constructeurs qui valorisent le design et la performance, le Mishi 88 adopte une autre philosophie : pour être le compagnon idéal de croisière en Méditerranée, il joue avec aplomb la carte du confort avec des volumes intérieurs conséquents, un plan de pont facilitant circulation et convivialité, et des prestations proches de celles d’un motor-yacht.