Présentation

Yacht Class n°33 (juin-juillet-août 2023)

Garcia Yachts – Grand large yachting

Le chantier français Garcia Yachts, membre du groupe Grand Large Yachting, conçoit des voiliers en aluminium taillés pour affronter toutes les situations. L’Exploration 60, son navire amiral, recèle de nombreux éléments de sécurité, avec un niveau de confort impressionnant. Sans oublier de belles performances sous voiles.

Texte : Christophe Varène – Photos : J. Houyvet / Garcia Yachts

Voyager, partir loin, découvrir de nouveaux horizons, chaque marin en rêve, mais du rêve à la réalité, il y a un monde. Il y a surtout le besoin du parfait compagnon d’aventure. Et voilà ce que propose le chantier Garcia Yachts avec son Exploration 60, un voilier performant, confortable et capable d’affronter toutes les situations en sécurité. Aussi, lorsque l’opportunité d’embarquer pour une sortie au large de Cherbourg nous est offerte, pas question de refuser. Amarré au ponton, l’Exploration 60 se remarque avec son volume conséquent lié à un important franc-bord et à des superstructures imposantes. Au premier coup d’œil, de nombreux détails confirment le programme de navigation dans des mers exigeantes : une vraie main courante remplace la filière supérieure, le pare-brise inversé de la timonerie accentue le côté baroudeur, les taquets soudés sur la lisse, la casquette rigide sur le cockpit, le solide arceau supportant les bossoirs et les panneaux solaires… L’embarquement s’effectue par les côtés ou par la plage arrière. Proche du niveau de l’eau, cette dernière possède plusieurs portes : l’une sur tribord est occupée par un bras articulé qui supporte le hors-bord de l’annexe, tandis qu’une autre sur bâbord s’ouvre sur le rangement pour l’annexe dégonflée lors des grandes traversées.

A 9,5 nœuds, malgré les 40 tonnes en charge

Après ce rapide aperçu, vient le temps de larguer les amarres pour une sortie placée sous le signe du soleil, mais aussi d’une belle brise oscillante de 15 à 25 nœuds dans certaines rafales. Cet Exploration 60 possède un gréement carbone avec un tirant d’air bien supérieur au mât aluminium (28,30 au lieu de 25,40 m) pour une surface de voilure augmentée (195 m2 au lieu de 168,40 m2) et des poids maîtrisés dans les hauts. La grand-voile se hisse facilement à la main aux deux tiers avant de solliciter les winches électriques. Placés dans la partie navigation et manœuvres du cockpit, ils sont quatre et sont à disposition pour drisses, écoutes et prises de ris. Sous grand-voile à un ris et trinquette, sur enrouleur hydraulique, quelques bords de travers donnent une vitesse variant entre 7,5 et 9,5 nœuds selon les risées. Preuve, avec plus de 40 tonnes en charge, que la carène, en forme de U, dessinée par Olivier Racoupeau, est efficace et glisse avec une gite modérée. La barre est douce et précise, les deux safrans jouant bien leurs rôles, mais il faut rester vigilant, tout en laissant le bateau vivre. Pour descendre un peu plus dans le vent, le solent est déroulé à la place de la trinquette et, pour sentir les variations éventuelles, la dérive est relevée en intégralité : le comportement reste identique, sûr et sain. Le barreur prend du plaisir, avec une visibilité un peu masquée par la structure de protection, ce qui nécessite parfois de se déplacer. Les tableaux de bord devant les barres à roue sont fonctionnels et bien dotés en électronique. On y trouve en effet, sur chacune, les commandes de tout le système hydraulique (enrouleurs, winches, hale-bas, pataras, dérive, guindeau), le pilote automatique, les propulseurs (poupe et proue) et le moteur. Le retour au port se fait au moteur à allure de croisière, soit 8 nœuds à 1 800 tr/mn.

Une porte étanche en haut de la descente

Le tour sur le pont permet d’apprécier le niveau élevé de construction avec des matériaux de qualité, à commencer par ce revêtement souple, accrocheur, élégant et qui se pose en lattes comme du teck, mais avec moins d’entretien. Partout des mains courantes garantissent la tranquillité des déplacements et deux balcons en pied de mât servent d’appui lors des manœuvres. En avant de la zone de manœuvre arrière, le cockpit trouve protection sous la casquette composite – des panneaux latéraux et arrière ferment cet espace complètement – et dispose de longues banquettes, d’une table centrale à rabat qui, pliée, laisse un large passage et, près de la descente, d’une véritable table à cartes extérieure. Une impressionnante porte étanche commande l’entrée vers l’intérieur, alors transformé en cellule de survie, et, en n’empruntant que trois marches, le salon de pont, surélevé au-dessus de zones techniques pour optimiser le centre de gravité, laisse apprécier la vue parfaite vers l’extérieur par les hublots (40 cm de hauteur !) en double vitrage. Car ces aménagements sont un véritable petit cocon, avec banquettes confortables, chauffage au fioul, avec des radiateurs répartis partout dans le bateau, et menuiserie raffinée, le tout imaginé par Isabelle Racoupeau. Pourquoi partir dans des régions climatiques hostiles devrait-il rimer avec austérité ?

Une vaste cabine armateur à l’arrière

En visitant l’Exploration 60, on remarque en alternance des éléments de confort et des équipements de sécurité, toujours dans un esprit marin. La table à cartes, en avant du carré, dispose aussi d’une commande moteur pour régler le régime sans sortir. La cuisine est élégante et très bien équipée et sa disposition en U la rend facile à utiliser en navigation. Cette première unité se caractérise par une grande cabine armateur à l’arrière avec lit central, sofa, penderie, rangements et salle d’eau privative. Dans la version standard, cet espace est dédié pour moitié à une cabine double et pour moitié à un atelier, alors qu’une version familiale offre deux cabines doubles, mais avec cabinet de toilette commun. En contrebas du carré à l’avant, une belle cabine invité comprend un bureau et une penderie sur bâbord et le lit double à tribord. Deux portes vers l’avant donnent accès au cabinet de toilette et à une pièce atelier et stockage. Difficile de prendre en défaut ce Garcia Exploration 60 : s’il garantit une navigation en toute sérénité et sécurité dans les eaux les plus reculées de la planète, qu’elles soient de grand froid ou tropicales, ses aménagements et équipements l’inscrivent pleinement dans l’univers des yachts.

La sécurité dans l’ADN du chantier Garcia Yachts.

En 1974, les frères Garcia, Jean-Michel et Jean-Louis, chaudronniers de formation, se reconvertissent dans la construction de bateaux en aluminium et, au fil des décennies, plusieurs rencontres favorisent l’essor de l’activité. Dans les années 1990, c’est l’architecte Philippe Harlé qui, avec les Maracuja et Passoa, installe la réputation du chantier. L’intégration au groupe Grand Large Yachting, des fondateurs du constructeur Allures, accélère le développement et les marins Jimmy Cornell, spécialiste des navigations en zones de grand froid, et Pete Goss, célèbre coureur au large, apportent leurs expertises pour concevoir des unités tous terrains et tous temps. L’aluminium est pour cela le matériau idéal par ses qualités de résistance : en cas de choc avec un OFNI, il y a une bosse, pas un trou. Sur l’Exploration 60, tout est pensé avant tout pour la sécurité, comme les passe-coques au-dessus de la ligne de flottaison, les skegs en avant de safrans, les cloisons et la porte étanche… Détail révélateur, la pièce soudée à la base de l’étrave qui sert à la fois de petit brise-glace, mais aussi d’anneau de traction, même par un tracteur sur une plage (anecdote vécue). Même le STX, coefficient de redressement, calculé dérive relevée, est le même que pour un quillard. Côté technique, tous les équipements sont aisément accessibles et le bateau dispose d’un atelier. L’autonomie est assurée par les grands réservoirs (carburant et eau plus dessalinisateur), ainsi que par les panneaux solaires et l’hydrogénérateur. Enfin, pour les propriétaires, des formations sur tous les aspects de la navigation peuvent être assurées par l’intermédiaire de Grand Large Services et de son école.

Fiche technique

Longueur hors-tout
19,50 m
Largeur
5,40 m
Tirant d'eau
1,50 / 3,65 m
Motorisation
diesel 175 ch
Capacité carburant
2 300 l
Eau
800 l
Matériau
aluminium et composites
Déplacement
33 t
Prix HT
2 177 579 €
Architecte naval
Olivier Racoupeau
Designer intérieur
Isabelle Racoupeau
Constructeur
Garcia Yachts - Groupe Grand Large Yachting (Cherbourg - France)

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