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Présentation
Yacht Class n°22 (sept-oct-nov 2020)
OTAM
Le 85 GTS, dernière création d’OTAM, zèbre la mer à près de 50 nœuds, suivi d’un panache d’écume levé par ses hélices de surface. Ce croiseur sportif n’en délaisse pas pour autant le confort et le luxe avec, pour cet exemplaire, un plan ne comportant que deux cabines pour privilégier l’espace. Une demande de l’armateur qui a bénéficié du savoir-faire « custom » du chantier génois. De fait, cet OTAM est unique.
Texte : Philippe Leblond – Photos : DR
Fondé en 1954, le chantier génois alors impliqué dans la maintenance et restauration des bateaux – il a été le premier centre de service agréé par Riva en Méditerranée – est à son tour devenu constructeur dans les années 80. Rapidement, OTAM s’est signalé par ses vedettes sportives habitables et sa philosophie du « sur-mesure ». Sa gamme la plus connue est baptisée « Fast & Inconic », avec des yachts aux performances remarquables, dans un segment qui va du 45 au 100 pieds. Le 85 GTS est le dernier-né de cette série, avec sa silhouette profilée et des lignes d’une grande pureté, une esthétique sans artifices. Son lancement, fin 2019, intervient deux ans après le vif intérêt suscité par le 80 (23,50 m) au Cannes Yachting Festival 2017.
Un salon de pont pour une quinzaine d’invités
Dès que l’on met le pied à bord de ce yacht open-hard top, on apprécie l’ampleur du cockpit et le charme du teck massif présent en abondance, contrastant à merveille avec le noir de la coque et des superstructures. L’accès à l’immense plage de bain est facilité par deux beaux escaliers encadrant le solarium arrière XXL et la longue banquette. Cette dernière semble pouvoir accueillir sept personnes autour de la table format « apéritif » réglable en hauteur. Avec ses six mètres de large, le 85 GTS met à profit sa belle surface de pont pour générer des déplacements aisés et sûrs, grâce à de confortables passavants protégés par un haut pavois, jusqu’au dernier quart de la longueur, le pont remontant en direction de l’étrave. En l’absence de balcon (parti-pris esthétique), il conviendra de ne pas se risquer sur la pointe avant en navigation… Ouvert au soleil, puisque le hard-top se contente d’abriter le grand salon de pont, plus en avant, le cockpit peut être ombragé à l’aide d’un grand taud tendu par des perches. Sous le hard top à ouverture électrique, nous découvrons un spacieux salon de pont constitué d’un double carré apte à asseoir une quinzaine de convives pour partager des grillades ou une simple collation que fournira la kitchenette constituée de meubles laqués noir et dont les deux plans de travail sont ceints de teck. Plus sur l’avant, on trouve deux sofas partageant le même espace que le poste de pilotage biplace.
2,30 m de hauteur sous barrots !
Quelques marches plus bas, nous accédons au pont inférieur, celui des cabines. Ces dernières, à la demande expresse de l’armateur ne sont que deux, pour mieux profiter de l’espace et offrir aux invités une VIP presque digne d’une master. Ce qui frappe dès que l’on « atterrit » dans le salon-cuisine (attention : pas de main courante dans l’escalier !), c’est la décoration classique et chaleureuse, œuvre du designer parisien Joseph Dirand, auteur également de l’aménagement du pont principal. L’abondant bois aux teintes légèrement rouge, du noisetier traité avec un verni satiné, crée un contraste heureux avec les moquettes, le cannage de rotin des portes de penderies et l’Alcantara couleur crème, ainsi que les vaigrages de plafond blancs. En parlant de plafond, autre détail surprenant, la hauteur qui culmine à 2,30 m (dans la cabine avant aussi), chose rarissime sur une unité de ce type ! Un grand carré, avec table réglable en hauteur, fait face à une cuisine qui court sur près de quatre mètres. La cabine VIP est, comme attendu, située vers l’étrave, mais ne souffre pas vraiment du rétrécissement vers l’avant, car la pointe avant est dévolue à un poste d’équipage, avec accès par le pont, constitué de deux couchettes et d’une salle d’eau. La cabine invités se permet même le luxe d’offrir à Madame et Monsieur, sa propre salle d’eau et penderie. Quant à la cabine armateur elle s’étend sur la pleine largeur du bateau. Avec environ 30 m2 la place ne manque pas ! La lumière naturelle non plus grâce aux doubles hublots fixes sur chaque bord. La salle de bain aussi occupe toute la largeur, avec comme temps fort une superbe douche en position centrale. Un plan avec trois cabines est aussi proposé par le chantier. Dans ce cas, la troisième cabine (une twin) remplace le grand carré intérieur.
Les hélices de surface pimentent le pilotage
Fidèle à son image, OTAM peut s’honorer de produire des yachts rapides, au comportement sportif. Le 85 GTS nous l’a brillamment démontré en excédant la vitesse maxi avancée par le chantier dans son communiqué de presse : 45 nœuds. En effet, lors de notre sortie en mer, notre GPS a affiché jusqu’à 47,8 nœuds au régime maximal de 2 400 tr/min. Un résultat tout à fait satisfaisant qui prend encore de la valeur lorsqu’on sait que nous étions 23 passagers à bord, et que le bateau transportait aussi 5 000 litres de carburant et 1 000 litres d’eau. Le pilote d’essai a d’ailleurs tenu bon d’ajouter que le bateau avait pris 52 nœuds à mi charge, lors des tests d’avant lancement ! Nous n’étions pas là pour le vérifier, mais cette marque montre tout le potentiel de cette carène, dérivée d’un dessin du regretté Fabio Buzzi, lui-même. Celle-ci a été peaufinée au travers de la collaboration de Gianfranco Zanoni, PDG d’OTAM, et d’Umberto Tagliavini, de Marine Design & Services. Pour animer cette carène en V profond qui affiche un angle de 20° au tableau arrière, le chantier de Gênes a opté, comme à son habitude, pour deux transmissions en lignes d’arbre directes Arneson SD15, entraînant des hélices de surface à six pales de chez Rolla. Un montage qui a fait ses preuves sur les offshores de compétition, comme sur les « fast commuters » de plaisance du type OTAM.
Bien installé aux commandes, que ce soit assis ou debout, protégé par le haut pare-brise, profitant du confort du siège biplace en cuir, avec poignées en teck et demi-assises relevables, le pilote apprécie les commandes qui tombent bien sous la main : le volant et les deux leviers électroniques MTU, ainsi que les propulseurs d’étrave et de proue commandés par joystick, sans oublier les trims qui prennent un relief particulier dans le pilotage de ce type de bateau à hélices de surfaces. D’abord trims en bas pour mettre le bateau en mouvement sous les 1 000 tr/min, puis en position légèrement relevés pour décharger en eau les Rolla six pales afin que les moteurs puissent prendre des tours… Tandis que les hélices ventilent, le 85 GTS commence à s’extraire de l’eau. Dès lors, on peut rebaisser un peu les trims de manière à faire passer toute la puissance à l’eau, les hélices travaillant en surface de celle-ci. Dès lors que ces dernières ont bien mordu dans l’eau, l’OTAM accélère franchement. Puis, le pilote trime à nouveau pour aller chercher le régime maxi de 2 400 tr/min. Mission accomplie : l’assiette du 85 GTS est parfaite, la poussée est optimale, et la carène bien aérée jusqu’en son centre pulvérise le clapot de 60 cm qui parcourt la baie de Cannes.
Magique ! le meilleur rendement à 40,5 nœuds
Le confort est total, le niveau sonore bien contenu grâce à une bonne isolation phonique du compartiment dans lequel se défoulent les deux 16 cylindres allemands qui développent chacun 2 600 ch. En virage, les Arneson répondent fidèlement à la direction et leurs vérins braquent les lignes d’arbre avec précision sans que l’on ressente d’effort à la barre alors que ce dernier est colossal. Dans les grandes courbes (il est difficile de virer court avec des transmissions de surface), le 85 GTS s’incline légèrement vers l’intérieur renforçant l’impression de vitesse qui est bien présente malgré le gabarit du navire. Et que dire des rendements qui, fort à propos, restent relativement économiques à des allures de croisière élevées, l’OTAM ayant le talent de signer son meilleur ratio (si l’on fait exception du 0,086 mille par litre obtenu à 11,6 nœuds, bateau non déjaugé) à 2 000 tr/min, soit à la vitesse de 40,5 nœuds ! A ce rythme, il est capable de couvrir 430 nautiques sans voir la moindre pompe de gazole… Ne terminons pas sans préciser que le 85 GTS est proposé avec deux autres motorisations : 2 x Caterpillar 1 925 ch (40 nœuds maxi, 34 en croisière) ou 2 x Volvo IPS 1 000 ch (38 nœuds maxi, 32 en croisière).