Yacht Class n°29 (juin-juil-août 2022)

Yacht Club de Monaco

Lors d’un déjeuner avec les membres du Yacht Club de Monaco (YCM), Pierre Casiraghi et Boris Herrmann ont présenté la prochaine étape de leur belle aventure. A bord d’un tout nouveau bateau de course, c’est un calendrier chargé qui les attend avec, en ligne de mire, le Vendée Globe 2024.

Texte : Aurore Teodoro – Photos : Mesi / Yacht Club de Monaco, Marin Le Roux polaRYSE, Yann Riou, Ricardo Punto et Martin Keruzoré / Team Malizia

Ils remettent cela ! Un peu plus d’un an après l’arrivée du dernier Vendée Globe, en janvier 2021, voilà la Team Malizia repartie pour une campagne de cinq ans. Une évidence quand on se remémore le beau parcours de Boris Herrmann, qui termine cinquième et manque de peu le podium à cause d’une collision malchanceuse avec un bateau de pêcheur quelques heures avant l’arrivée ? « Non, ce n’était pas une évidence. Quand Boris a terminé la course, il n’avait pas vraiment envie de repartir. Ce sont des moments tellement difficiles. Le Vendée Globe, c’est 80 jours seul avec très peu de sommeil. Je lui ai laissé le temps, on avait d’autres idées aussi. Mais nos partenaires ont voulu qu’on continue l’aventure et Boris, après quelques semaines de repos, a décidé qu’il voulait aussi remettre cela », explique son ami Pierre Casiraghi, fondateur du Team Malizia et vice-président du YCM.

Un nouveau bateau à son image

Et quoi de mieux pour motiver le skipper allemand qu’une toute nouvelle monture pour s’attaquer à cette course surnommée « l’Everest des mers » ? « C’est paradoxal de souffrir autant pendant la course et de vouloir autant y retourner… mais c’est dû au fait que nous pouvions faire quelque chose de différent cette fois. Je ne suis pas sûr que j’aurais exactement la même motivation avec le même bateau. Une partie de cette envie est liée à ce défi technique et intellectuel, et à cette recherche d’amélioration du bateau », confirme Boris Herrmann. Exit donc le Sea Explorer – Yacht Club de Monaco, l’ex-Gitana construit en 2015 pour Sébastien Josse. Celui que l’on surnomme provisoirement Malizia III, actuellement en construction dans les chantiers Multiplast, à Vannes, sera donc basé sur l’expérience et les choix audacieux du skipper allemand, qui entend néanmoins concilier performance, confort et surtout sécurité. « C’est une unité plus adaptée et tolérante à la mer. Les bateaux de courses sont très plats, très durs à mener dans la mer agitée. Celle-ci aura des formes plus féminines, rondes et plus bananées », explique le skipper allemand, avant d’ajouter : « La ligne de flottaison sera beaucoup plus courte et c’est du jamais vu à ce niveau-là sur les bateaux de ces dix dernières années. »

Un calendrier chargé

Le navigateur pourra rapidement vérifier la validité de ses choix car, après la mise à l’eau prévue le 19 juillet à Lorient, un programme chargé l’attend. « Nous allons faire beaucoup de navigation cet été pour valider, viabiliser et comprendre comment marche le bateau. Puis la Route du Rhum qui, une fois achevée, sera déjà une énorme réussite. C’est quasiment du jamais-vu d’avoir un délai aussi court entre la mise à l’eau et une course majeure », souligne Boris Herrmann. Une mise en bouche de choix avant The Ocean Race, ce tour du monde en équipage et par escales qui s’élancera d’Espagne en janvier 2023. Une course capitale pour la préparation du marin. « La longue étape du sud, depuis Cape Town, qui fait le tour de l’Antarctique avec le passage du Cap Horn et une arrivée au Brésil, sera l’occasion rêvée pour me préparer pour le Vendée Globe. Nous allons naviguer dans le Sud, avec notre propre bateau, dans les mêmes conditions et c’est là que nous verrons si notre concept fonctionne ou pas », se projette le skipper. Notons qu’après The Ocean Race, dont l’arrivée est prévue à Gênes en juin 2023, le bateau sera de passage en Principauté, avant d’enchaîner notamment avec la Rolex Fastnet et la transat Jacques Vabre en 2023… Quand on parle de programme chargé !

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