Yacht Class n°9 (juin-juil-août 2017)

Explorer les milieux marins afin de mieux les connaître et surtout de les protéger a toujours été une volonté affichée de la Principauté. Le Prince Albert Ier en fut l’instaurateur à la fin du 19e siècle et 130 ans plus tard, le Prince Albert II perpétue cette tradition en relançant les Explorations de Monaco.

Texte : Alain Brousse – Photos : DR

Question détermination, S.A.S le Prince Albert II n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de défendre la planète. De fait il a su insuffler à son gouvernement tout l’élan nécessaire pour faire avancer les recherches. Les axes principaux ont été définis avec tout le sérieux requis dans ce domaine : gestion du patrimoine naturel et de la protection de la diversité, mise en œuvre du plan Energie Climat (Protocole de Kyoto) et action en faveur d’une vie durable. Mers et océans tiennent une place privilégiée dans ses préoccupations. L’intérêt que porte la Principauté au milieu marin remonte à la moitié du 19 siècle sous le règne du Souverain Albert Ier dont la passion pour les mers et les océans n’était pas feinte, tout au contraire. Sa devise : « Ex abyssis ad alta » (des abysses aux étoiles). Il fut le premier à organiser des expéditions scientifiques avec des bâtiments spécialement conçus et construits à cet effet : « L’Hirondelle » (32 mètres) et Princesse Alice (73 mètres). De ces différentes expéditions il en tirera une évidente reconnaissance et deux surnoms : « Le Prince savant » et le « Prince Navigateur ». Il créera en 1899 l’Institut Océanographique de Monaco puis le Musée Océanographique de Monaco. Plus d’un siècle plus tard, S.A.S. le Prince Albert II, qui est le seul chef d’Etat à s’être rendu au Pôle Nord et au Pôle Sud, rend hommage à son trisaïeul en relançant les Explorations sur un programme de trois ans : « Au moment où la terre et les océans subissent des pressions élevées en partie à cause de la croissance de la population mondiale et du changement climatique, il est de notre responsabilité de prendre des mesures décisives pour préparer les générations futures. En renouant avec les explorations scientifiques en mer, nous fournirons de nouveaux éléments concrets étayant les messages d’alerte, de sensibilisation et d’éducation ». La Principauté rassemble pour cela les meilleurs experts des sciences naturelles et humaines qui disposeront des toutes dernières technologies afin de soutenir le travail des chercheurs. Sans eux, ces différentes expéditions n’auraient que peu de sens. Leur programme est précis : description des sites et des milieux peu fréquentés, voire inexplorés, étude des comportements des espèces et de leurs interactions, avec, bien évidemment, l’implication des scientifiques locaux dont les travaux feront gagner un temps précieux. Un comité d’orientation scientifique est déjà en place avec des antennes aux Etats-Unis, aux Açores, en France, en Australie, en Russie et au Pôle Nord.
Début du programme : septembre de cette année en Macaronésie (Madère et Cap Vert) pour une mission portant sur la connaissance et la protection de la mégafaune (tortues, cétacés, phoques, moines et requins). Puis cap sur les Caraïbes, le Pacifique, l’Océan Indien, la Mer Noire et enfin la Méditerranée. Cela jusqu’en 2020. Ces zones ont été déterminées par le Comité d’Orientation Scientifique sous la direction du Professeur Patrick Rampal : « C’est à la fois un immense honneur de participer à pareille aventure et une grande détresse de voir à la lecture des dossiers à quel point nous avons maltraité nos océans. ». A la tête de ces missions pluridisciplinaires, nous trouvons le directeur général de l’Institut Océanographique de Monaco, Robert Calcagno. Ce dernier met également au nombre des priorités celle qui consiste à communiquer le plus possible :  » La campagne rend indissociable sciences et médiation. Les programmes des recherches sont sélectionnés non seulement pour leur contribution à la connaissance mais aussi pour la capacité à diffuser et à porter un message auprès des décideurs et du public ». Enfin, autre acteur primordial dans ce programme : la Fondation Albert II de Monaco dont l’axiome est bien la défense de l’environnement et qui a déjà à son actif 370 projets qui vont tous dans le sens de la protection de la nature. Son rôle est d’établir des partenariats, entreprendre des actions concrètes, sensibiliser les populations et les pouvoirs publics ainsi que les décideurs économiques. La « base navale et technique » des Explorations Monaco est le navire Yersin, un 76 mètres, conçu et réalisé pour affronter des températures polaires comme pour naviguer sous des latitudes très chaudes (-20° et + 50°). Il a obtenu l’homologation ICE CLASS IC. En plus des 22 membres d’équipage, il accueillera une vingtaine de scientifiques qui disposeront d’aménagements spécifiques qui leur permettront de mener à bien leurs tâches. A 11 nœuds, le Yersin dispose d’une autonomie de 15 000 milles et il peut demeurer près de 50 jours en autonomie complète. Il recycle lui-même ses déchets grâce à une centrale de traitement biologique « membrane » durant 10 jours. Un service assez pointu de communication permettra de suivre presque jour après jour la progression de chaque mission, notamment au travers des réseaux sociaux, d’un blog et aussi de vidéos et de « press release » via Monaco-Telecom.

François Fiat

Un armateur éclairé

Ancien journaliste à Europe 1, François Fiat, né à Marseille, est entré dans le groupe de son beau-père fondateur de Franprix puis il a créé l’enseigne Leader Price en 1990. Il se désengage de ses sociétés pour gérer la holding familiale en 2009. Membre du Yacht Club de Monaco et ambassadeur de la Belle Classe Super Yacht, il ambitionnait de concevoir une unité capable de naviguer sur toutes les mers et tous les océans avec une particularité : pouvoir embarquer des scientifiques pour des missions bien précises. Tel est né son navire : le Yersin.

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