Présentation

Yacht Class n°21 (juin-juil-août 2020)

Custom Line – Ferretti Group

Clairement dérivé du CL 120, lancé l’an dernier, le nouveau CL 106 surprend par son habitabilité et le niveau de luxe de ses aménagements qui n’a pas à rougir de celui de son grand frère. Bien que proposant le même nombre de cabines invités, il fait preuve d’un agrément remarquable et d’une grande fonctionnalité. A son bord, le « confinement » n’a rien d’une punition !

Texte : Philippe Leblond – Photos : DR

Difficile de retrancher six mètres à la superbe silhouette du grand frère, le 120 pieds, et de préserver une même élégance, un même élan esthétique… Particulièrement doué, et légitimement très sollicité, Francesco Paszkowski, le père du design des deux unités de la série à carène planante de Custom Line, a en partie réussi ce délicat challenge. Un peu moins élancé que son grand frère, le 106, qui reprend la même architecture, affiche une largeur à peine inférieure et conserve des hauteurs sous barrots des plus confortables : 2,07 m dans le salon et dans la cuisine, et 2,09 m dans la cabine armateur… Donc un volume habitable remarquable pour sa catégorie, comme nous allons le constater en visitant les cabines et en arpentant les ponts.

La parenté avec le 120 est évidente

En détaillant le profil du 106 pieds, on retrouve les mêmes options de design que sur le 120 : un long vitrage de coque pour éclairer les cabines du pont inférieur, une interminable baie vitrée qui court tout le long du pont principal pour l’agrément de la réception et de la suite armateur, sans oublier la profonde échancrure dans le pavois dégageant une vue mer « du sol au plafond ». Quant au pont supérieur, il englobe la timonerie et une partie du sundeck, coiffé comme sur le 120 d’un ample hard top noir. La parenté est donc clairement établie, d’autant que Francesco Paszkowski a collaboré dans les deux cas avec le Ferretti Group’s Engineering Department et le Product Strategy Committee dirigé par Piero Ferrari, fils d’Enzo, célébrissime constructeur des autos ornées du cheval cabré.
Vu du ponton cannois, amarré à sa place durant le Yachting Festival, le franc-bord du CL 106 est assez impressionnant. La passerelle nous facilite donc l’embarquement, passant au-dessus de la plage de bain submersible, et du tableau arrière faisant office de petite plage privée lorsqu’il est déployé. Il découvre ainsi, le garage abritant une annexe semi-rigide Williams Jet de 5,05 m. Dans le cockpit, la belle table en teck massif longe une confortable banquette pouvant accueillir huit à dix convives pour une partie de cartes, à moins que ce ne soit pour prendre quelque rafraîchissement puisqu’un bar avec réfrigérateur et icemaker est paré à servir. De part et d’autre de la superstructure, l’escalier bâbord accède à la partie arrière du pont supérieur, tandis qu’à tribord, un passavant conduit jusqu’à l’escalier qui mène à la partie avant du pont supérieur, selon une savante asymétrie, déjà présente à bord du CL 120. Nous empruntons celui de bâbord et débouchons sur un pont supérieur qui, par ses dimensions et son aménagement, s’avère bien plus qu’un flybridge. Tout de teck revêtu, ce spacieux pont d’altitude (53 m2 des 220 m2 de surfaces extérieures que totalise le yacht) comporte une partie abritée, grâce à son hard top et ses vitrages latéraux, et une partie au soleil. Toutes deux offrent de grands et confortables sofas avec leurs tables basses et une vue panoramique sur la mer en position dominante. Un bar avec grill (à la droite du poste de pilotage) se propose de servir cocktails et grillades. Il est même possible de disposer, en option, d’un jacuzzi. Poursuivons notre visite par le pont avant, où un salon de plein-air se déploie en cascades, passant d’un double carré (deux tables) à l’un des quatre grands solariums, au choix. Comme sur les autres yachts de la série Custom Line, on y trouve le stockage du second tender (Williams Jet de 2,80 m) ou d’un jet-ski triplace, c’est selon.

Un luxe bien présent mais non ostentatoire

Retour sur le pont principal pour apprécier le traitement du salon dont le plafond, en partie couvert de miroirs, crée un reflet donnant l’illusion de doubler la hauteur des baies vitrées. Le long canapé en L et sa table basse proposent une halte apéritive avant de passer à la salle à manger dont la grande table accueille confortablement huit à dix convives. A bâbord, la cuisine attenante est on ne peut plus fonctionnelle et esthétique. A tribord, une coursive mène à la suite armateur, passant devant les toilettes de jour et l’escalier qui descend vers les cabines invités. Le propriétaire, donc, bénéficie d’une cabine pleine largeur avec un vrai dressing, un petit bureau et une salle de bain avec douche en position centrale séparant lavabos et WC, pour Madame et Monsieur. Le lit king size est dans le sens de la marche et profite, sur chaque bord, de grandes baies vitrées pleine hauteur. Cerise sur le gâteau, celle de tribord s’ouvre en une terrasse privée au-dessus de l’eau. La décoration pourrait être qualifiée de « simple et de bon goût », comprenez par là un luxe présent mais non ostentatoire, reposant sur des matériaux de qualité (bois massif et moquettes pure laine au sol, bois laqués sur les cloisons, daim matelassé pour les têtes de lit, marbre dans les salles d’eau, miroirs intégrés, éclairage indirect…) et des camaïeux de teintes beiges et bois au naturel.
Un bel escalier à structure inox, légèrement torsadé, descend dans le vestibule où dominent de grands placards et de larges miroirs. Les cabines invités (hauteur 2,05 m) sont au nombre de quatre, par paires identiques. Plus en avant, les deux cabines avec lits jumeaux, plus au centre, les deux cabines « VIP » à grands lits doubles. Leur décoration est calquée sur celle de la master. Comme attendu, à ce niveau de gamme, chacune d’entre elles possède sa propre salle d’eau. Concernant l’équipage, ses quartiers sont situés dans le quart avant du bateau et sont accessibles par un escalier qui descend de la cuisine principale. Un carré/cuisine et trois cabines composent cet espace. Les marins se partagent les deux cabines à couchettes superposées situées dans la pointe. Chaque cabine possède ses sanitaires. Quant au capitaine, il bénéficie d’une cabine et d’une salle d’eau personnelles. Donc, pas d’accès direct de l’espace équipage vers la salle des moteurs. Cette dernière est accessible à partir de la coursive extérieure bâbord, à proximité du cockpit. Dans ce local à la propreté clinique avec hauteur sous barrots correcte, un large passage central autorise une maintenance aisée des 16 cylindres en V MTU et des deux générateurs.

Docile en manœuvres, confortable à la mer

Notre hôte pour l’essai n’est autre que le capitaine de cette belle unité. A savoir Fadi, originaire du Liban, qui montre toute son expérience, et extrait sans coup férir les 150 tonnes du CL 106 de son emplacement confiné (déjà !). Ce CL106 exposé à Cannes est équipé de la motorisation optionnelle, soit deux diesels MTU développant chacun 2 638 chevaux avec lignes d’arbre directes. Nous passons la jetée du Vieux Port tout en appréciant le silence de fonctionnement du Custom Line, ainsi que la quasi absence de vibrations. Parvenu à la distance réglementaire, Fadi pousse les leviers vers l’avant. Le temps que les turbocompresseurs entrent en action et la grande carcasse se propulse énergiquement vers l’horizon. Nous sommes au poste de commandes extérieur, un cran plus haut que la timonerie principale. Le flux d’air est en partie défléchi par un saute-vent assez plat mais relativement haut placé ce qui pour un pilote de taille moyenne implique de se tenir bien droit pour avoir une bonne visibilité. Assis sur la banquette, l’on se trouve un peu plus haut, mais il manque un repose-pieds. Nous descendons dans la timonerie à l’ambiance high-tech, notant au passage l’absence de mains courantes… Un superbe siège en cuir trône au centre, face au tableau de bord géant qui aligne quatre écrans grand format, affichant une foule d’informations techniques permettant de contrôler la route, l’écho radar et la bonne marche des moteurs et différents organes périphériques. Les épais montants du pont supérieur restreignent sensiblement le champ de vision. A gauche du siège, une table à cartes, à sa droite un petit carré permettant à des passagers de tenir compagnie au pilote. Les compte-tours affichent maintenant le régime maxi : 2 450 tr/min, soit au tour/min près la valeur préconisée par le motoriste allemand. Notre vitesse de pointe s’établie à 25,4 nœuds, en très léger retrait de celle annoncée par le chantier (26 nœuds), mais il est vrai que nous sommes nombreux à bord. En réduisant à 2 100 tr/min, la vitesse est encore de 21,1 nœuds mais la consommation chute de 1 052 à 711 litres/heure. A cette allure, le CL 106 est capable de parcourir 436 milles sans ravitailler. Et à 12 nœuds, le chantier annonce une autonomie de 1 100 nautiques. Custom Line propose une monte standard moins puissante, avec deux MTU de 2 217 chevaux, pour des performances légèrement inférieures, soit 23 nœuds maxi et 20 nœuds en croisière. Après quelques courbes témoignant de la bonne maniabilité de cette carène planante, héritée du CL 100, nous remettons le cap vers le port appréciant au passage le bon amorti de l’étrave au croisement du sillages des autres yachts. Une dernière mesure traduisant la docilité du dernier-né d’Ancône : 40 secondes pour éviter sur 180° avec 900 tr/min sur chaque moteur, sans l’aide des propulseurs d’étrave et de poupe et sans sortir de son cercle.

Très bien armé face à la concurrence

Bien que son grand frère, le Custom Line 120, lui rende 14 pieds, le CL 106 impressionne par ses prestations en termes d’habitabilité et de confort. A son bord, on dispose d’un nombre de cabines invités équivalent et d’un espace de réception très proche en surface disponible. Par contre, malgré une puissance équivalente et un déplacement inférieur de 25 tonnes à celui de son aîné, il n’est pas plus performant en navigation. Mais, le « package » est d’un tel niveau qu’il devrait occuper une place de choix face à la concurrence. Pour preuve, à l’automne dernier, six unités avaient déjà été commandées !

Fiche technique

Longueur hors-tout
32,82 m
Largeur
7,30 m
Tirant d'eau
2,03 m
Capacité carburant
14 700 l
Eau
3 000 l
Matériau
polyester
Déplacement
126 t
Motorisation
2 x diesels MTU 16V 2000 M96L
Puissance
2 x 2 638 ch (2 x 1 942 kW)
Vitesse maxi
26 nds
Autonomie à
12 nds : environ 1 050 milles
Architecte naval
Ferretti Group’s Engineering Department
Designer extérieur
Francesco Paszkowski
Designer intérieur
Francesco Paszkowski
Constructeur
Ferretti Group (Ancône - Italie)
Importateur
Abys Yachting (Antibes & Monaco)

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