Yacht Class n°13 (juin-juillet-août 2018)

PDG de Nautor’s Swan

Armateur et marin passionné, le patron du chantier Nautor’s Swan, Leonardo Ferragamo, ne manque pas une occasion d’embarquer sur l’un de ses neuf bateaux pour se mesurer aux autres propriétaires de Swan. Nous l’avons rencontré lors de la première étape de la toute nouvelle compétition du chantier, la Nations Trophy Mediterranean League. Une étape qu’il remporte haut la main, à bord de son Cuordileone, un Club Swan 50.

Comment est née cette passion pour la voile ?

Cela a toujours été dans mon sang et dans ma vie. J’ai toujours été attiré par la mer, j’ai commencé par des régates nationales à l’adolescence et j’ai vécu une expérience merveilleuse pendant une dizaine d’années. Ce n’est que plus tard que j’ai été tenté par la course au large et que mon histoire d’amour avec Swan a commencé.

De quelle façon a débuté cette histoire ?

J’étais un marin passionné et un armateur de Swan bien avant de me rapprocher du chantier. Après avoir navigué sur nombre de bateaux différents, lorsque j’ai eu mon propre Swan, un 51 d’occasion, j’ai commencé à apprécier les valeurs que défendait le chantier. Un Swan, c’est synonyme d’élégance, de performance et d’excellence, et donc de fiabilité. J’ai développé une profonde estime et un grand respect pour cette marque. C’est ce qui m’a amené, après un long processus, à me dire que je pourrais faire passer cette entreprise dans le troisième millénaire grâce à mon expérience et aux connaissances que j’ai acquises dans d’autres secteurs qui, étonnamment, présentent des similitudes avec le yachting. Je me suis lancé dans cette aventure avec une approche professionnelle, l’esprit d’entreprise, beaucoup de dévouement, et l’envie de trouver les meilleures personnes pour mettre en œuvre cette vision qui était très forte à l’époque et qui l’est encore aujourd’hui.

En 20 ans, comment avez-vous vu votre chantier évoluer ?

Comme pour beaucoup d’entreprises, il y a de bons et de mauvais moments. Le secteur nautique a vécu des phases. Mais nous avons réussi à résister et à accomplir de nombreuses choses très positives. Aujourd’hui, Nautor est une entreprise très solide, gérée de manière efficace, qui regarde vers un futur qui ne peut que faire encore progresser ses valeurs. Et lui permettre d’exploiter tout le potentiel qu’il possède. Avec mon équipe, nous sommes arrivés chez Nautor en ayant beaucoup de respect pour la marque, et une approche humble. Nous savions que les choses devaient évoluer rapidement. Nous avons beaucoup respecté son ADN et ses valeurs. On ne peut rester leader en restant sur ses acquis, mais en faisant évoluer ses valeurs et en ayant la capacité d’anticiper sur le futur. Et cette identité que nous chérissons tant a évolué mais n’a jamais changé. Vous pouvez toujours reconnaître un Swan de loin parce qu’il a toujours les mêmes éléments d’identité. Et lorsqu’on s’en approche, on le remarque dans ses composants.

Quels sont les points forts du chantier ?

Tout commence avec le lieu de construction des Swan : le nord de la Finlande. C’est un endroit très spécial, qui a abrité des constructeurs de bateaux pendant de nombreux siècles. Swan est né de l’innovation et d’une approche internationale. Ce qui caractérisait et caractérise toujours Swan aujourd’hui, c’est cette compétence issue d’une longue tradition. Et celle-ci continue d’évoluer car les gens qui y travaillent le font avec beaucoup de fierté et de détermination. Ils visent l’irréprochable et veulent toujours être originaux à la fois dans leurs méthodes de travail et les solutions qu’ils apportent, sans oublier leur capacité à aller de l’avant. Et cela leur donne une attitude d’éternels insatisfaits, qui veulent toujours s’améliorer. Et cette culture d’entreprise qui nous permet d’être au-dessus. Le tout avec respect, bien sûr, et humilité.

Vous êtes très impliqué dans le processus créatif ?

C’est la partie que j’aime le plus. C’est d’ailleurs peut-être là où ça a commencé. Je me sens comme un architecte raté parce que l’architecture est dans mon sang. Et j’ai toujours aimé l’architecture navale, même bien avant Nautor. Bien sûr, nous avons les meilleurs architectes navals tels que German Frers et maintenant Juan K, et je ne m’immiscerai jamais dans cet aspect. Mais peaufiner la disposition du bateau, son aspect extérieur, son esthétisme, définir des intérieurs, parfois même réaliser la décoration intérieure… tout cela m’inspire beaucoup de passion et d’intérêt. Pour moi, c’est comme donner naissance à un enfant. Je suis chaque modèle avec beaucoup de passion. Je viens d’un autre secteur, celui de la mode. Et cela m’accompagne dans tous les aspects de ma vie. Cela m’a donné cette capacité à être très critique sur l’esthétique, à prêter attention au style, et à leur donner beaucoup d’importance… c’est un défi permanent pour moi. J’essaie vraiment d’apporter à Nautor Swan mon expérience d’un autre secteur.

Vous avez créé le Club Swan à votre arrivée… qu’est-ce que ce club ?

Le Club Swan était né d’une intuition, d’une vision que nous avons apportée lorsque nous avons acheté l’entreprise. Avant de rechercher d’autres clients, nous voulions être sûrs que les presque 2000 clients que nous avions alors étaient satisfaits, qu’ils étaient bien soignés. Tout d’abord avec le service après-vente et le soin apporté au bateau. Et ensuite en leur offrant des services adéquats, mais aussi des activités, des prérogatives… une manière d’être fier d’appartenir à la famille Swan. C’est pourquoi nous avons créé le Club Swan, un lieu de rassemblement de tous nos armateurs, mais aussi qui permet dans une certaine mesure l’accueil de leurs amis, ceux qui naviguent avec eux et ceux qui sont proches du chantier. Ce club nous permet de leur offrir certains privilèges, mais également des événements et activités exclusifs, sans oublier un moyen de communication. Les activités sont une partie importante du Club Swan, dont notamment la Swan Cup, une course extraordinaire qui existait avant mon époque et à laquelle j’ai toujours aimé participer. En plus des nombreuses courses dans le monde auxquelles nous participons, nous avons créé les Challenges Swan, la Coupe d’Angleterre, d’Amérique… Plus toutes les courses pour nos monotypes. Ce Trophée des Nations est l’apogée de ce que nous avons essayé d’établir pour nos monotypes. Et c’est un sacré projet.
 

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