Yacht Class n°26 (sept-oct-nov 2021)

Infrastructures

Opérationnel depuis fin 2020, le troisième port de Monaco a été officiellement inauguré le 2 juillet dernier par le Prince Albert II. Il offre désormais aux armateurs 178 emplacements supplémentaires, dont une quarantaine aux unités de plus de 35 mètres, doublant ainsi la capacité d’accueil des superyachts en Principauté.

Texte : Aurore Teodoro – Photos : Eric Mathon / Palais Princier.

Aleco Keusseoglou, le président de la Société d’Exploitation des Ports de Monaco (SEPM), avait trouvé les mots justes lors de son discours d’inauguration de la marina de Cala del Forte: « Cet instant fait partie d’une journée exceptionnelle et mémorable dont on a hâte qu’elle commence, mais que l’on ne voudrait jamais voir finir ». Un soleil éclatant, un ciel bleu sans nuage, une légère brise marine… tout était réuni, le 2 juillet dernier, pour faire de cette célébration, toute en sobriété, une belle et éclatante réussite. Comme un pied de nez à la période sombre que la pandémie fait subir au monde entier, mais aussi à la tempête Alex, encore bien présente dans les esprits, tant elle a profondément meurtri Vintimille et sa région en octobre dernier. Deux événements qu’Aleco Keusseoglou ne manqua pas d’ailleurs de rappeler dans son discours : « Contre vents et marées, nous avons, grâce à la ténacité et aux efforts de tous, surmonté un à un les obstacles pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui ». Et c’est sous les yeux d’un parterre de 200 invités, composés de nombreux officiels monégasques et italiens, ainsi que des propriétaires des différents yachts amarrés à Cala del Forte et des commerces, que le Prince Albert II a coupé le ruban inaugural. Il était accompagné pour l’occasion des jumeaux princiers et de sa nièce Camille Gottlieb, marraine de la navette Monaco One, qui reliera la marina au Port Hercule en dix minutes.

Un écrin à seulement 7.9 milles nautiques

Ce troisième port monégasque représente l’aboutissement d’un long travail, d’une « aventure » même, comme le décrit Aleco Keusseoglou, débutée au début du nouveau millénaire, lorsqu’il s’est vu confié par le Prince Rainier III la mission de « redonner leurs lettres de noblesse aux ports de Monaco en redynamisant leur attractivité commerciale et faire du port Hercule un fleuron de la Méditerranée », a rappelé le président de la SEPM, créée en 2000. Depuis, les infrastructures monégasques n’ont cessé de gagner en prestige et en attractivité, grâce notamment à la digue semi-flottante venue protéger le Port Hercule et ses yachts. Mais très vite, malgré une capacité d’accueil de plus de 1 000 places, la liste d’attente s’allonge rapidement, la saturation devient bien réelle… Ce qui pousse finalement la Principauté à aller prospecter auprès des ports de Ligurie et de la Côte d’Azur. Et c’est finalement sur Cala del Forte que l’attention se porte. A l’abandon depuis 2013, la société ayant fait faillite avec la crise économique, la marina se révèle être un véritable diamant brut à polir. Située à seulement 7.9 milles nautiques de la Principauté, elle vient avec une concession de 80 ans, une durée exceptionnellement longue, et surtout un état inachevé qui permet de l’adapter aux besoins spécifiques du yachting monégasque. « Nous avons sauté sur l’occasion car, en toute honnêteté, nous pensions que nous avions la possibilité de racheter cette société pour un prix raisonnable. Nous connaissions le montant des travaux nécessaires pour terminer la marina. Cela représentait une enveloppe de 80 millions d’euros : 31,5 millions pour l’acquisition et une cinquantaine pour finir les travaux… » nous avait expliqué à l’époque le président de la SEPM (voir YC n°8) pour qui l’entreprise ne fut pas de tout repos et les « négociations longues et difficiles parce que c’était très compliqué juridiquement ». Quatre ans
de travaux Au total, pandémie oblige, les travaux ont pris un peu de retard et quatre années auront finalement été nécessaires pour achever les travaux d’aménagement de Cala del Forte. « Nous y avons apporté des améliorations avec la modification du plan de mouillage en réduisant le nombre de places de port à 178, dont une quarantaine de postes d’amarrage de plus de 35 m, doublant ainsi la capacité globale des superyachts des ports de Monaco », a souligné Aleco Keusseoglou, dans son discours d’inauguration avant d’ajouter : « Nous avons également profité de l’occasion pour changer le positionnement de la capitainerie et optimiser la disposition des locaux commerciaux et des parkings. » Ouvert depuis le 15 octobre 2020, le port est maintenant pleinement opérationnel. Une cinquantaine d’emplacements ont déjà été vendus en droit d’usage. Après une période hivernale de rodage, ne restent plus aujourd’hui que des finitions à apporter. Quant à la zone commerciale, qui offrira aux propriétaires et aux équipages trente-cinq commerces (restaurants, cafés, shipchandlers…), la pandémie a, là aussi, causé quelques retards. Mais tous les emplacements sont déjà loués, et après encore quelques aménagements, elle devrait être entièrement ouverte en fin d’année. De quoi apporter un nouveau dynamisme au yachting monégasque, mais aussi à la cité transalpine. « Si la Principauté voit naître son troisième port, les autorités italiennes voient leur patrimoine méditerranéen s’enrichir d’une nouvelle installation qui, nous l’espérons tous, contribuera à un essor économique et social », a rappelé le Prince Albert II, lors de la cérémonie, avant de souhaiter une « longue vie à Cala del Forte ».

Le magazine actuel