Présentation

Yacht Class n°32 (mars-avril-mai 2023)

Le Lagoon 51 marque une étape importante dans l’évolution perpétuelle de cette gamme historique de catamarans du groupe Beneteau. Avec une longue période de test et le recours de plus en plus poussé à des techniques écoresponsables, ce voilier à de nombreux attraits. Sans oublier un comportement marin plaisant et des aménagements convaincants dans cette version propriétaire.

Texte : Christophe Varène – Photos : Gilles Martin-Raget – Lagoon

epuis quelques années, le groupe Bénéteau a installé une base d’essais, pour la presse et ses clients privilégiés, à Port Ginesta, à quelques kilomètres au sud de Barcelone. Au début de l’été dernier, après sa présentation au Salon du Multicoque de la Grande-Motte, le Lagoon 51 y fait escale et se trouve disponible pour une sortie en mer. Les conditions sont clémentes, peut-être même un peu trop, pour apprécier le tempérament de ce catamaran directement inspiré par son prédécesseur, le Lagoon 50 qui a connu un large succès. La brise reste modérée, un peu au-dessus de 5 nœuds, ce qui facilite bien sûr les manœuvres de port, bien aidés aussi par les deux moteurs diesels Yanmar de 80 ch. A ce propos, il faut noter que la motorisation standard a bien augmenté par rapport à son aîné, un réel avantage en termes de sécurité et de facilité pour les évolutions sans voile, même si cela ne correspond pas à la démarche écologique initiée par le constructeur.

Un engagement écoresponsable

Profitons de la sortie du port pour faire un point rapide sur cette approche environnementale. Le constructeur a repensé ses procédés de fabrication afin d’obtenir plusieurs certifications qui valident ses intentions. Avec la norme ISO 9001, l’une des plus anciennes, la qualité dans les étapes successives de production est codifiée et vérifiée en permanence. Avec l’ISO 14001, c’est l’impact environnemental qui est mesuré, contrôlé et amélioré avec en particulier une diminution des matières premières utilisées. Enfin, l’ISO 50001 valide la baisse significative de la consommation d’énergie. A ces efforts conséquents viennent s’ajouter l’intégration de fibres naturelles, en général du chanvre, à la place de la fibre de verre pour la réalisation de pièces diverses comme les capots, l’utilisation de résine biosourcée (d’importantes recherches sont aussi menées dans le groupe Beneteau à partir de la résine Elium développée par Arkema), l’appel à des bois estampillés FSC (pour la gestion durable des forêts) et l’usage de matériaux recyclés pour la sellerie. La présence de plus en plus importante de panneaux solaires et le recours prochain à des propulsions électriques (et l’application Seanapps permettra de gérer en direct les flux d’énergie) concrétisent aussi cette volonté que l’on ne peut qu’encourager.

8,5 nœuds en allure de croisière

L’énergie vélique étant propre par nature, retournons sur le plan d’eau et arrêtons les moteurs qui nous propulsent en vitesse de croisière à 7,5 nœuds pour 2 200 tr/m (en réduisant un peu, l’autonomie devrait atteindre près de 800 milles). La voilure est alors établie avec la grand-voile à corne, une option qui n’augmente la surface que de 3 m2, mais dans les hauts pour un meilleur profil et plus de puissance. Avec un génois à recouvrement, l’attelage ne manque pas d’attrait. Et force est de constater que le Lagoon 51 affiche de belles performances dans les petits airs : entre 5 et 7 nœuds de vent, le voilier glisse à la même vitesse. Les convoyeurs habituels du voilier nous assurent que l’allure de croisière se situe autour de 8,5 nœuds, 10 par conditions optimales et que, lors d’un surf, les 16 nœuds (!) ont été atteints. La carène dessinée par VPLP fait preuve d’efficacité avec des entrées d’eau fines, les volumes n’étant développés qu’au-dessus de la ligne de flottaison. Depuis le flybridge où se trouve le poste de pilotage, avec la barre à roue au centre, la visibilité est bonne. Toutes les drisses et écoutes reviennent vers ce point stratégique doté de quatre winches électriques. Aux allures débridées, le Code 0, sur emmagasineur frappé sur le bout dehors, apporte sa puissance… un terme un peu exagéré compte tenu du souffle léger qui nous pousse. Plutôt ergonomique, la station du flybridge permet de gérer en solitaire les réglages du bateau. La seule difficulté se situe lors de l’envoi ou de l’affalage de la grand-voile s’il faut intervenir au niveau de la bôme placée très en hauteur.

Des espaces extérieurs accueillants

Notre balade touchant à sa fin, nous allons pouvoir faire le tour des aménagements. Parfois, on se dit que tel ou tel élément pourrait être revu, mais Thomas Gailly, directeur de la marque Lagoon depuis 2020, se montre rassurant et explique la méthode d’évaluation du bateau, déjà essayée avec le Lagoon 55. Ce premier exemplaire du Lagoon 51 fait l’objet d’une longue période de test depuis son lancement et avant le démarrage de la production. Avec sa présence sur les salons, le regard des concessionnaires, les remarques des clients et le retour d’expérience des équipages qui l’ont mené depuis Bordeaux jusqu’en Méditerranée pour cette tournée inaugurale, tout ce qui fait l’objet d’un commentaire, positif ou négatif, est noté et, si cela s’avère nécessaire et/ou possible, modifié avant le lancement industriel de la série. Mais pour être honnête, avec le savoir-faire accumulé par la marque depuis 1987, peu de modifications vont être effectuées. Commençons par l’extérieur. L’accès à bord est facilité par la largeur des plates-formes, bien que munies sur les deux bords d’une échelle de bain, et par les deux marches de faible hauteur. Entre les coques, une plage de bain hydraulique, susceptible de recevoir une annexe de 250 kg, est proposée en option. Le tableau arrière reçoit, à la demande, une plancha pivotante tandis que le cockpit, bien à l’abri sous la longue casquette du flybridge, dispose d’une kitchenette avec évier, plan de travail et réfrigérateur. Avec ses banquettes, sa grande table et ses solariums, cet espace est un lieu privilégié pour les rencontres. Mais il n’est pas le seul. Le pont avant possède une petite nacelle parfaite pour un moment de détente, en mer et au mouillage : ses méridiennes et sa table basse sont très attirantes. Tout comme le salon du flybridge, avec double accès et bimini rigide, dont les banquettes en U encadrent une table pour l’apéritif ou le dîner du soir. Devant ce salon, deux solariums sont aussi à disposition, entourés par des panneaux solaires, totalisant jusqu’à plus de 3000 Wc de puissance. Descendons découvrir l’intérieur de ce Lagoon 51.

Une coque pour le propriétaire

On pénètre dans le carré par deux baies coulissantes, que l’on aurait voulu plus larges pour une meilleure continuité extérieur/intérieur. En revanche, les vitres tout autour, dont certaines ouvrantes, garantissent une vue imprenable. La cuisine prend ses aises des deux côtés : sur bâbord, évier, plaques de cuisson et four ; sur tribord, plan de travail, réfrigérateurs et rangements. La partie avant s’organise avec une table de hauteur variable au centre de trois banquettes, alors qu’un bureau/table à carte (avec tableau d’instrumentation en option) occupe le coin tribord. La coque tribord, sur le modèle essayé, est tout entière destinée à la suite armateur. Et le résultat est superbe avec, depuis l’arrière vers l’avant, un espace nuit avec couchage double, bureau et rangements, dressing et sofa au centre, puis toilettes séparées et vaste salle d’eau avec deux vasques et cabine de douche XXL. Sur l’autre bord, trois cabines se partagent le même espace : une VIP à l’arrière avec cabinet de toilette privatif, et deux doubles, l’une à l’avant, l’autre au centre, avec cabinet de toilette commun. Des configurations avec deux ou trois cabines double dans chaque coque sont aussi au catalogue. Ce Lagoon 51, avec son aptitude à bien naviguer, ses belles surfaces extérieures et ses aménagements de qualité, affiche clairement ses ambitions.

Fiche technique

Longueur hors-tout
15,35 m
Largeur
8,10 m
Tirant d'eau
1,38 m
Motorisation
2 x 80 ch diesel
Capacité carburant
2 x 520 l
Eau
830 l
Matériau
fibre de verre
Déplacement
19,9 t
Surface de grand-voile
97 m2
Surface de génois
53 m2
Surface de Code 0
101 m2
Prix HT
885 000 €
Architecte naval
VPLP Design
Designer extérieur
Patrick Le Quément
Designer intérieur
Nauta Design
Constructeur
Lagoon - Groupe Beneteau (Bordeaux – France)

Le magazine actuel