Présentation

Yacht Class n°20 (mars-avril-mai 2020)

Lürssen

Somptueux est l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on approche puis visite la dernière création de Lürssen et de Winch Design. 111 mètres d’élégance et de quête de perfection, que ce soit dans l’exécution du gros œuvre ou du plus infime détail. A bord de Tis, on profite de sa classification « Ice », avec hélico et tenders, pour explorer de nouvelles contrées, et l’on jouit d’un confort et d’un art de vivre en tout point exceptionnels.

Texte : Philippe Leblond – Photos : D.R.

Ce majestueux vaisseau à six ponts est l’un des trois gigayachts livrés par le chantier allemand Lürssen en 2019. Avec ses 111 mètres, il se situe entre Flying Fox (134 m) et Madsummer (95 m) et fait son apparition à la 33e place dans le classement des plus grands yachts de la planète. Il y a une quinzaine d’années, il aurait sans doute figuré parmi les 15 premiers, mais de nos jours la concurrence est rude… Quoiqu’il en soit, monter à bord d’un yacht d’une telle envergure demeure un privilège et procure son lot de sensations et de surprises. En embarquant par l’immense plateforme de bain, qui flirte avec la surface de l’eau, la façade en acajou verni du beach-club nous fait de l’œil. La largeur exceptionnelle de Tis nous saute alors aux yeux : 18,40 m ! Après avoir pénétré dans un « sas » où sont rangés divers équipements nautiques, nous parvenons dans le beach-club, véritable « yacht-club » à dominante teck et acajou verni, d’un grand raffinement. Ambiance : Art déco. Sur tribord, un espace sauna permet de se relaxer après le bain, avant de rejoindre sa cabine. Pardon, sa suite ! Car, à bord de Tis, ce ne sont pas de simples cabines qui accueillent les invités… Quatre suites au pont inférieur, sur lequel nous sommes, et quatre sur le pont principal. L’armateur russe a tenu à donner, selon un thème qui lui est cher, une décoration différente à chaque cabine, inspirée par celles de ses régions et pays favoris, fréquentés au cours de ses nombreux voyages. Au pont inférieur, la Provence, la Toscane, la Chine, et bien sûr, la Russie. Des ambiances avec des couleurs différentes, auxquelles sont coordonnées la teinte du marbre des tables de chevet et des salles de bain.

Une cage d’escalier de 15 mètres de haut !

Sur le pont principal, les quatre autres suites sont inspirées de cités mythiques : Londres, Paris, New York et Marrakech. La transition entre les deux ponts s’est faite en empruntant un long corridor vitré qui scinde le haut de la salle des machines, offrant une vue inattendue et spectaculaire sur les deux gros diesels MTU 20 cylindres. Puis, l’on a le choix entre le sublime escalier ou l’ascenseur copié sur celui du palace parisien Le Bristol. A cet endroit, il suffit de lever le regard pour contempler cette envolée spectaculaire qui dessert les cinq ponts et prendre la mesure des dimensions vertigineuses de ce yacht. Attenant à ce lobby, le home cinéma, avec son ambiance Art déco, et ses profonds canapés faisant face à un écran géant. Notez qu’un autre écran de cinéma est prévu pour des projections à l’extérieur, sur le sunbridge lorsque ce dernier n’est pas déjà utilisé comme piste de dance ou helipad…
Tandis qu’on s’émerveille à la visite des suites invités du pont principal, sous nos pieds, la moitié du pont inférieur, en avant des moteurs, est constituée des quartiers de l’équipage, soit 20 cabines (à deux ou trois couchages) dont quatre pour les officiers, d’un mess XXL et d’une cuisine digne d’un restaurant étoilé. Mais revenons au pont principal pour nous rendre dans la réception. Le volume est impressionnant, avec ses deux escaliers en volute, aux rampes finement ornementées d’or 23,8 carats. La partie centrale offre de nombreux sièges autour de deux grandes tables basses à la marqueterie délicate. Le piano à queue, entièrement blanc, se prête à qui veut en jouer. Ce mobilier Louis XIV et Louis XVIII se retrouve aussi dans la salle à manger où l’immense table est capable d’accueillir 18 convives, ainsi qu’au niveau supérieur dans le salon secondaire. Ce dernier ouvre largement sur l’arrière de ce pont, où l’on trouve une salle à manger et un bar d’extérieur, pont qui est également celui de l’armateur. Sa suite occupe toute la partie avant de ce niveau, où deux encorbellements sont directement accessibles par les baies vitrées de la chambre pour profiter des canapés surplombant la mer. La surface de la partie proprement habitable doit flirter avec les 150 m2 et se décompose en deux univers privatifs, de part et d’autre d’une longue coursive : Madame à bâbord, Monsieur à tribord, à l’exception de la chambre à coucher qui profite d’un panorama vitré sur plus de 180°. Chacun des propriétaires possède donc son vaste dressing et sa salle de bain, Madame bénéficiant même d’un salon de coiffure avec table de massage.

Délicieux, le salon de thé inspiré de Ladurée

Un niveau plus haut, sur le bridge-deck, se tient la timonerie pleine largeur, ultra-équipée et flanquée de deux postes déportés à l’extérieur pour les manœuvres de port. Deux cabines d’équipage dont celle du capitaine possèdent un accès au poste de barre. L’ascenseur « staff » leur permet de regagner directement les quartiers d’équipage au pont inférieur. Les deux autres tiers de ce pont sont dédiés à la détente, avec un salon de coiffure, un spa avec salle de massage, hammam, douches et salon de relaxation. La décoration aux couleurs douces fait preuve d’originalité avec des plafonds voutés parcourus de citronniers sculptés en bas relief. Attenante à ces thermes, se trouve la salle de gym avec son matériel d’entraînement (tapis roulants, vélos, etc.), sans oublier les écrans de TV. En passant la grande baie vitrée, on débouche face à la piscine équipée pour la nage contre le courant. Espace yoga, spacieux solariums, douche et bar sont aussi de la partie. Enfin, last but not least (comme disent nos amis anglais), le pont supérieur, avec ses deux sundecks encadrant le hall sommital de l’ascenseur et un délicieux salon de thé, inspiré du fameux Ladurée parisien, ouvrant sur le sundeck avant.
Précisons que ce yacht superlatif, œuvre du célèbre cabinet londonien Winch Design qui a signé l’extérieur comme les intérieurs, est certifié « Ice-Class ». Cela signifie qu’il peut naviguer sous toutes les latitudes et notamment s’aventurer vers les pôles. Il comporte deux hélistations, avec ravitaillement, et une collection complète de tenders : deux semi-rigides pour la sécurité, un pour les passagers, deux tenders limousines (Wajer 38), l’un open, l’autre avec rouf, pour assurer les navettes vers les marinas sélectes. Et de quoi quitter le bord pour partir explorer les environs des zones de mouillage… Sa longue et élégante coque bleu marine ne laisse pas d’impressionner tant par la hauteur de son franc-bord que de son étrave élancée. Et elle est taillée pour les grandes traversées, ce que lui autorise largement les 7 000 milles d’autonomie dont il dispose à 12 nœuds. Si le temps presse, les deux MTU cumulant 8 700 chevaux, se font fort d’augmenter l’allure jusqu’à 18 nœuds.

Fiche technique

Longueur hors-tout
111,00 m
Largeur
18,40 m
Tirant d'eau
4,20 m
Capacité carburant
300 000 l
Eau
50 000 l
Matériau
acier (coque) aluminium (superstructures)
Motorisation
2 x MTU 20V-4000 M73 diesel
Puissance
2 x 4 350 ch
Vitesse maxi
18 nds
Autonomie à
12 nds : 7 000 milles
Architecte naval
Lürssen
Designer extérieur
Winch Design
Designer intérieur
Winch Design
Constructeur
Lürssen (Brême – Allemagne)

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