Présentation

Yacht Class n°19 (dec 2019/jan-fev 2020)

Lagoon – Groupe Beneteau

Après sa présentation internationale à Cannes, le Sixty 7 s’est prêté au jeu des tests au lendemain du salon de Barcelone. Parmi ses atouts, il convient de mettre en avant la conception de l’espace commun intérieur, avec sa vue panoramique à 360 degrés. Qui plus est, le design contemporain séduira les plus exigeants.

Texte : Alain Brousse – Photos : DR

Le constructeur de catamarans Lagoon est incontestablement plus connu pour sa gamme étendue de voiliers (12 modèles de 38 à 77 pieds). Côté motor-yacht, il semble bien décidé à se développer, mais sans précipitation. Après le 630 MY, ce fut au tour d’une unité de plus de 23,80 m le Seventy 8, lancé en 2017 (essai dans Yacht Class n°11). Cette année, place au Sixty 7 présenté en automne dernier au Cannes Yachting Festival. Pour sa conception, Lagoon a conservé son trio de créateurs : VPLP pour l’architecture navale, Patrick Le Quément pour le design extérieur et Massimo Gino de Nauta Design pour les intérieurs. Faute d’avoir réussi à couvrir quelques milles sur les côtes françaises, nous dûmes attendre la fin du salon de Barcelone pour essayer cette unité, en Catalogne. Elle nous avait déjà fait forte impression à quai, à Cannes. Aussi débarquions-nous avec une certitude, celle de monter à bord d’un vingt mètres qui n’avait plus qu’à nous démontrer son comportement marin sur une Méditerranée animée d’un vent de force 3, provoquant un régime de vagues courtes. Pas de quoi nous contraindre à prendre les commandes à l’intérieur, bien au contraire.

De sages performances

Cap sur le fly grâce à une série de marches relativement pratiques et tout à fait design, sécurisée par des mains courantes judicieusement placées. Le sunbridge est donc protégé dans sa totalité par un toit qui, sur l’avant, laisse apercevoir trois rectangles vitrés. Il pourra en option présenter une ouverture importante (toile escamotable) afin d’offrir un ensoleillement maximum. Peu préoccupés par la douce chaleur des rayons solaires, nous nous installons au poste de commande sachant que le Sixty 7 est dans sa version maxi : 2 x diesels Yanmar de 440 ch chacun. Il existe une autre possibilité : 2 x 340 ch diesels Volvo Penta. Et de se souvenir aussi que nous pilotons un catamaran large de 10 mètres ; à considérer lors des manœuvres de port. Heureusement, le Lagoon obéit au doigt et à l’œil. Le temps d’apercevoir les grands chantiers de refit du Port Veil de Barcelone et nous nous éloignons de la côte, mettant le cap au sud/sud-ouest, sur un régime de vagues de trois-quarts arrière. Tout cela en douceur, le Sixty 7 n’ayant en aucune façon la prétention de se faire passer pour un foudre de guerre. Sa philosophie est bien différente… Il monte en régime, passant de 0 à 20 nœuds, sa vitesse maximum constatée, en 37 secondes. Une fois sa courbe de rendement établie, nous fixons son allure de croisière à 14 nœuds (2 750 tr/mn). Et s’il vous prenait l’envie de traverser l’Atlantique, sachez que le Sixty 7 en a la capacité : de fait, à 7 nœuds, une allure honorable pour une unité de plaisance aux ambitions transocéaniques, il dispose d’une autonomie de 4 375 milles. La route orthodromique entre la France et la côte Est des Etats-Unis étant de 3 000 milles, cela laisse une marge de sécurité importante. Ce projet n’aurait rien d’utopique si l’on se souvient qu’en 2018 nous avions essayé son grand-frère, le Seventy 8, quelques jours avant sa traversée pour la Floride depuis la France, par ses propres moyens. Et il est parvenu à ses fins sans le moindre problème. Juste une précision : cette aventure hauturière demande une certaine expérience pour ne pas dire une expérience certaine. Contentons-nous d’un coin de Méditerranée avec des creux de moins d’un mètre pour constater, si nous ne l’avions pas déjà fait, qu’un catamaran se comporte différemment d’un monocoque, à savoir qu’il se montre généralement plus stable. Mais nul n’est parfait, et face à la vague il ne reste pas insensible au tangage.

Un pont avant très convivial et bien conçu

Au mouillage trois solutions s’offrent à nous. Le cockpit et sa banquette « moelleuse » dont le dossier va d’avant en arrière proposant ainsi deux choix d’assises. Puis la poupe, autre lieu de loisir, qui est dotée entre les deux coques d’une plateforme hydraulique accueillant l’annexe et, une fois celle-ci mise à l’eau, on dispose d’un espace pour la baignade ou déployer des transats. Le confort idéal se situe sur la terrasse du pont avant, accessible soit par les très larges passavants, soit par l’intérieur via une porte qui ouvre tout d’abord sur un salon extérieur. Trois marches à monter et nous jouissons des 25 m2 de cette terrasse, véritable appel à la détente sur deux sofas.

Que la finition soit !

Le mot perfection est certes à employer avec le maximum de précaution, mais en vivant une journée à bord du Sixty 7, il nous est venu assez rapidement à l’esprit. En rentrant dans l’espace commun où la lumière naturelle règne en abondance, on est face à un intérieur hyper contemporain, signé Tribu pour le mobilier, dont la force de séduction est indéniable. Le luxe est omniprésent sans jamais être trop démonstratif. Nul besoin ensuite de s’appesantir sur le travail effectué, on découvre très vite que l’exigence, au demeurant élevée, a élu domicile à bord de ce nouveau Lagoon. Que dire alors du parti pris dans cet espace salon/salle à manger et timonerie ceinturé de vitrages ? Traduisez par « vue panoramique à 360 degrés », du rarement constaté à bord d’un catamaran ! Ajoutez à cela les enceintes haut de gamme de Signature Sound System (une option… mais comment s’en passer ?) que les amateurs de musique adopteront sans trop hésiter. Et enfin la lumière noire, un procédé qui définit des projecteurs minuscules, à peine visibles dans le plafond, fournissant un éclairage bien suffisant une fois la nuit tombée. A présent, focus sur les volumes des coques. Le Sixty 7 existe en quatre versions cabines. Dans le cas de la cuisine installée sur la partie arrière de la coque, deux possibilités : 4 ou 5 cabines. Et si la cuisine trouve refuge sur le pont principal dans l’espace commun : 5 ou 6 cabines. On se doute que la spacieuse master ne se trouve que sur la version 4 cabines (cuisine dans la coque bâbord) et la version 5 cabines (cuisine sur le pont principal). Quel que soit le modèle, le niveau de finition demeure le même : élevé.
En quittant le Lagoon Sixty 7, on souhaite vivement pouvoir y embarquer à nouveau, mais cette fois le temps d’une vraie croisière.

Fiche technique

Longueur hors-tout
20,15 m
Largeur
10,00 m
Tirant d'eau
1,15 m
Capacité carburant
5 500 l
Eau
2 x 500 l
Matériau
polyester
Déplacement
lège : 48,3 t
Motorisation
2 x diesels Yanmar 6LY
Puissance
2 x 440 ch
Vitesse maxi
20 nds
Autonomie à
7 nds : 4 375 milles
Architecte naval
VPLP
Designer extérieur
Patrick Le Quément
Designer intérieur
Nauta Design
Constructeur
Lagoon - Groupe Beneteau (Bordeaux)

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