Présentation

Yacht Class N°33 (juin-juillet-août 2023)

MARSAUDON COMPOSITES

Avec sa gamme Ocean Rider Catamaran, le constructeur français Marsaudon Composites s’installe sur le créneau de la croisière rapide. A bord de l’ORC 57, vaisseau amiral signé Marc Lombard, une traversée Continent-Corse nous a donné l’occasion d’apprécier les qualités de performance et de confort de ce catamaran au design épuré et racé. Cap sur Calvi !


Texte : Christophe Varène – Photos : DR

Rapide. Très rapide. Avec des conditions de vent tonique, entre 20 et 40 noeuds réels, mais plutôt favorables, nord-ouest tournant sud-ouest, le speedomètre nous a gratifié d’un maximum à 22,1 noeuds ! Et les deux dernières heures, entre 110 et 90 degrés du vent apparent, sont passées à près de 15 noeuds de moyenne. Avec trois personnes à bord, la traversée entre le port de Hyères et la baie de Calvi, en Corse, à bord de l’ORC 57 a démontré sans contestation les performances de ce catamaran dessiné par le cabinet Marc Lombard et taillé pour la vitesse. Retour sur une belle expérience.
Depuis l’annexe Highfield qui nous amène à bord, il est possible d’apprécier les lignes tendues de l’ORC 57 avec son profil « course » : étraves inversées, entrées d’eau très fines, franc-bord limité, superstructures discrètes, bôme basse. Dès l’embarquement, le caractère sportif apparaît. Rares sont en effet les voiliers modernes dotés de barres franches et, lors de la navigation, c’est un plaisir un peu oublié avec les barres à roue qui ressurgit : la sensation d’être en prise directe avec son bateau est des plus appréciables, surtout par mer formée venant de l’arrière. Et la position du siège baquet – sur le pavois, presque à l’extérieur -, procure au barreur une excellente visibilité jusqu’à l’étrave de la coque au vent. Lors des manoeuvres de port, il faut sans doute un peu d’habitude, mais la précision est au rendez-vous. La diffusion de Bulletins Météo Spéciaux (BMS) pour des avis de Grand frais et de Coup de vent pousse Jean-Marc, le skipper de l’ORC 57, à la prudence et la voilure, suivant les préconisations du tableau de réduction de voilure établi par l’architecte, se limite à la grand-voile à 3 ris et au J2. Le gréement étant inspiré par le monde de la course au large, les différentes opérations se déroulent avec un équipier à la barre et deux autres en pied de mât. La répétition de ces opérations – largage du troisième ris, puis du deuxième, remplacement du J2 par le J1, et de nouveau le J2 – permettent de mieux les appréhender et de les faciliter. L’occasion ne se présentera pas de faire du près, mais avec ses dérives inclinées positionnées sur l’extérieur pour apporter une effet de sustentation, le skipper assure remonter à 32-35 degrés du vent apparent.

PERFORMANCE ET BIEN-ÊTRE À BORD

L’ergonomie du plan de pont a aussi été travaillée – grâce aux conseils éclairés de coureurs comme Francis Joyon dont le trimaran IDEC sort des mêmes ateliers – avec un passage dégagé d’une coque à l’autre entre les deux postes de barre, un accès direct aux winches et, en particulier, à ceux de l’écoute de grand-voile et à son rail, des éléments de sécurité à ne pas négliger. Alors, tandis que le barreur reste concentré à jouer avec de belles accélérations dans les surfs sur les vagues, il
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est temps de détailler les éléments de confort destinés aux équipiers. Car, ne l’oublions pas, l’ORC 57 est un catamaran de croisière et la vitesse n’est pas incompatible avec une vie à bord sereine. La stabilité est bien sûr un atout important, de même que la continuité de circulation entre le cockpit et le carré. Depuis la zone extérieure, accueillante avec ses banquettes et sa grande table, on accède vers l’espace intérieur par une large baie qui coulisse et disparaît en grande partie sur les côtés. Partout, la simplicité est de mise. En effet, le chantier ayant fait le choix assumé de la chasse au poids, la construction se doit d’être efficace. En sandwich vinylester mousse, le bateau reçoit ses structures, certaines pouvant être en carbone, directement dans ses moules de coque, ce qui garantit la rigidité de l’ensemble. De fait, même dans une mer formée, on ne ressent jamais la sensation de mouvements indépendants des coques. Ce procédé assure aussi l’absence de grincement et de bruit parasite. l’absence de vaigrage répond à une volonté de conserver l’esprit sportif, sans fioriture : l’effet est plutôt réussi, avec des intérieurs clairs et contemporains. La fabrication custom, environ 8 à 10 bateaux par an, autorise cependant tous les choix de la part du propriétaire… sans prendre à défaut la recherche de performance du chantier.

DES AMÉNAGEMENTS SIMPLES ET CUSTOMISABLES

Le carré très lumineux s’agrémente d’une cuisine à l’ergonomie bien pensée même si, on le répète, la stabilité en navigation garantit un certain niveau de confort dans l’exercice de la gastronomie. Les passagers profitent d’une belle table pour six à huit convives, d’une longue banquette en U et de tabourets qui servent aussi de bacs de rangement – il faudra veiller à ne pas trop les charger pour les déplacer facilement. Une belle table à cartes se situe vers l’avant, face à la navigation. Deux descentes latérales mènent aux cabines. La coque bâbord est, dans cette configuration, consacrée à l’armateur avec couchage double à l’arrière, bureau et rangements au milieu et salle d’eau vers l’avant. L’autre coque possède deux cabines invités qui se partagent, dans la partie médiane, un cabinet de toilette et une cabine de douche séparée. Dans les aménagements, tout semble minimaliste – toujours dans cet esprit sportif -, mais non sans bonnes idées comme ces simples toiles roulées servant à occulter les hublots. Chaque exemplaire étant unique, les propriétaires sont en mesure d’apporter leur touche personnelle et il est possible d’améliorer certains détails. Au plaisir de la vitesse – le meilleur moyen d’agrandir son terrain de jeu et de se lancer à la découverte de paysages lointains -, l’ORC 57 ajoute donc une dimension art de vivre où la quête de l’essentiel s’inscrit dans l’air du temps.


JÉRÔME COTTET directeur commercial de Marsaudon Composites
« Accompagner le client dans ses besoins et son programme. »

« Fondé en 1999, le chantier Marsaudon Composites va fêter ses 25 ans d’existence l’an prochain. D’abord spécialisé dans la réalisation de pièces composites, puis de coques de voilier de course au large, comme le trimaran IDEC de Francis Joyon au palmarès impressionnant, nous avons lancé en 2015 la gamme TS (pour Très Simple), rebaptisée ORC (pour Ocean Rider Catamaran), et allons mettre à l’eau notre cinquantième unité (25 ORC 42, 22 ORC 50 et 3 ORC 57). En parallèle, nous continuons de travailler pour des yachts à l’unité et développons une activité auprès de l’industrie aéronautique. Situées dans la base de sous-marins de Lorient, nos installations, de type industrielles, comprennent des ponts porteurs et le plus grand four de France pour les pièces en carbone. Développé par Sam Marsaudon (toujours conseiller technique), puis repris en 2018 par Damien Cailliau, le chantier a voulu monter en gamme et s’adapter au plus près des attentes des clients en rédigeant, pendant deux ou trois mois et en amont de la construction, un document baptisé Spécification Technique des Besoins transmis au Bureau d’Etudes. Pendant les 9 mois de construction d’un ORC 57, le propriétaire peut bénéficier des services de notre Académie pour compléter sa formation, qu’elle soit technique ou pour la navigation. Notre objectif est de l’accompagner pendant cette magnifique tranche de vie que va être sa navigation à bord d’un ORC. « 

Fiche technique

Longueur hors-tout
18,40 m
Largeur
9,40 m
Tirant d'eau
1,65/3,30 m
Motorisation
2 x diesel 57 ch
Capacité carburant
2 x 200 l
Eau
2 x 200 l
Matériau
sandwich vinylester, carbone
Déplacement
11,9 t
Surface de grand-voile
107 m2
Surface de génois
(J1) : 84 m2
Architecte naval
Marc Lombard Yacht Design
Designer intérieur
Marsaudon Composites
Constructeur
Marsaudon Composites (Lorient – France)

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