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Yacht Class n°20 (mars-avril-mai 2020)
Yacht Club De Monaco
Créés en 2013, les Monaco Sportsboat Winter Series (MSWS), la série de régates d’entraînements hivernales du Yacht Club de Monaco pour les monotypes quillards, se sont imposées au fil des saisons comme un championnat à part entière. Elles attirent aujourd’hui des équipages des quatre coins du monde qui font de la Principauté leur base hivernale.
Texte : Aurore Teodoro – Photos : Mesi / Yacht Club de Monaco
En novembre dernier, alors que les aficionados de sport d’hiver commençaient déjà à lorgner sur les premières neiges, d’autres amateurs de glisse – aquatique cette fois – faisaient leur grand retour sur le plan d’eau monégasque à l’occasion du premier acte des Monaco Sportsboat Winter Series. Les 7e du nom. Depuis sa création, le programme hivernal de régates d’entraînement mensuelles destiné aux voiliers monotypes n’a cessé de prendre de l’ampleur. Jusqu’à réunir, sur chacun de ses cinq actes, et notamment lors de la Primo Cup – Trophée Crédit Suisse (son point d’orgue), la crème de la discipline. « On peut dire, sans se mettre, en avant que c’est la plus grosse régate de ce genre-là en Méditerranée dans ce segment des monotypes quillards », explique Fanny Brouchoud, chef de projet de l’événement au YCM. Une belle réussite pour ce projet né à l’initiative d’un sociétaire, Valentin Zavadnikov. « Il cherchait une base d’entraînement hivernale pour lui mais aussi pour faire venir ses amis qui naviguaient comme lui en Melges 20 », se souvient Thierry Leret, le directeur de course du YCM, alors responsable de la section sportive. « A cette époque, nous organisions deux régates par mois en J/24, mais elles n’étaient ouvertes qu’aux membres. Valentin Zavadnikov a eu l’idée d’ouvrir des rendez-vous à des coureurs venus de l’extérieur. Les MSWS, c’est un peu un mélange des deux ».
Une formule idéale
Le concept a vite fait son petit bout de chemin. Partie avec une vingtaine de bateaux lors de sa première édition, la flotte a réuni la saison dernière cinquante équipages, répartis en Melges 20 et J/70. Il faut dire que le YCM offre à ses régatiers une formule clé en main. « Ils ont un support logistique intéressant. Ils viennent en novembre pour le premier acte et peuvent laisser leur bateau ici jusqu’au dernier, en mars. A chaque fin de championnat, ils sont grutés puis stockés avec leur mât sur une remorque de l’autre côté du Port Hercule. Cela allège pas mal la logistique, parce que les équipages peuvent venir en avion », explique la chef de projet de cet événement qui mobilise une fois par mois une soixantaine de personnes, de la section sportive au pôle restauration, en passant par la flotte des commissaires. Et la formule plaît. « Ici, il y a non seulement une belle flotte, mais aussi de très belles conditions météorologiques et le service du yacht club est exceptionnel », confirme Charles Thompson, le skipper britannique du J/70 Brutus, fidèle de la manifestation depuis cinq ans. « On nous dit parfois que nous devrions aller en Espagne ou au Portugal parce qu’il y a plus de vent. Mais c’est plus compliqué de se rendre là-bas. Alors oui, parfois il y a moins de vent ici, mais il n’y a pas mieux que de régater dans une flotte de 40/50 bateaux. Si nous étions en Grande-Bretagne, nous serions 8/10. Ce n’est pas la même intensité, on ne peut pas en apprendre autant. »
Un véritable championnat d’hiver
L’intensité, la clé du succès pour bien préparer la saison à venir. Avec l’arrivée de l’hiver et des conditions de mer propices à la régate, ils sont ainsi nombreux à « migrer » en Principauté. Sur les quais, on parle anglais, russe, brésilien, finlandais … Les MSWS sont d’ailleurs très populaires auprès des équipages scandinaves venus chercher un point de chute méridional. Il faut dire qu’à Monaco, quantité rime avec qualité. Au sein de l’armada, on retrouve fréquemment des pointures de la voile, à l’image du lasériste et olympien Jean-Baptiste Bernaz, fidèle de la manifestation. Les sociétaires monégasques Nico Poons, Loïc Pompée, ou encore Ludovico Fassitelli, qui s’illustrent régulièrement sur la scène internationale, sont aussi généralement de la partie. « Cela fait d’ailleurs bizarre de parler de régates d’entraînement maintenant. Vu le style et le niveau des gens qui viennent, c’est un véritable championnat hivernal », confie Fanny Brouchoud. Ce que confirme Ludovico Fassitelli (Junda-Banca del Sempione), le vainqueur de la saison dernière : « Je l’appelle le Championnat d’hiver de Monaco. C’est un véritable petit championnat d’Europe, parce qu’on a environ 35/45 bateaux sur la durée des compétitions. C’est exceptionnel ».
La jeune génération en embuscade
Peaufiner sa technique, ses automatismes, et engranger de l’expérience un trait commun à tous les régatiers. Mais il y en a certains pour qui cela prend encore plus de sens. Car chaque année, le club profite des MSWS pour offrir aux jeunes de sa section sportive un saut dans le grand bain. Pour cette saison 2019-2020, quatre équipages ont tiré des bords en J/70. Des jeunes issus de la Monaco Sport Academy, qui s’entraînent habituellement en catamaran et en laser, venus s’aguerrir à un autre support et découvrir le monde du haut niveau, mais aussi des spécialistes de ce support. « Depuis 4 ans, le club a mis en place un équipage spécifique dans cette classe », souligne Marco Stevenazzi, leur coach. « Nous avons cette année deux bateaux, dont un qui performe puisqu’ils ont fait 9e l’an dernier au classement général. Le deuxième bateau, lui, accueille la nouvelle génération montante. » A bord, quelques-uns participent là à leur toute première régate. « Je leur ai dit : ‘profitez parce que peu de gens peuvent se confronter au gratin mondial lors de leur première compétition’. Et, même s’ils finiront probablement en queue de peloton, ils vont s’accrocher et c’est comme cela qu’on apprend. En regardant les autres, en discutant sur les pontons, sans oublier les analyses que j’apporte aussi en tant que coach », ajoute Marco Stevenazzi. Notons que depuis l’an dernier, le YCM lance un nouveau projet d’envergure, avec un bateau 100% féminin. « L’idée, c’est de monter un équipage en mesure de faire le championnat du monde de 2021. Il y en a 2/3 qui commencent à se créer et on aimerait rester parmi les précurseurs du développement des bateaux féminins », précise le coach qui nourrit de grands espoirs pour ses régatières. « A bord, on a un mélange de générations : il y a des jeunes et de plus expérimentées, qui ont eu des résultats en SB20 et des titres mondiaux. Sur le papier, c’est un équipage qui tourne bien, maintenant il s’agit de créer un esprit d’équipe, et je suis confiant au vu des entraînements ».
Un programme alléchant pour les J/70
Les Mondiaux d’octobre 2021. Un rendez-vous sur toutes les lèvres. Sur le plan d’eau monégasque sont ainsi attendus 180 bateaux pour environ 900 membres d’équipage, plus le staff technique et les accompagnateurs. Une belle vitrine pour la Principauté, qui possède l’une des flottes les plus actives et importantes en Méditerranée, avec 20 unités fédérées au sein de la J/70 Monaco Class Association. Au YCM, on ressent d’ailleurs déjà cet « effet mondial ». « On a plus d’équipes qui veulent venir naviguer ici pendant les MSWS pour prendre connaissance du plan d’eau », confirme Fanny Brouchoud. Mais en attendant, c’est sur un tout nouveau championnat que les équipiers pourront aiguiser leurs stratégies : la J/70 Med Cup. « Avec l’organisation de ces championnats, il y aura certainement un engouement pour les J/70 sur la Côte d’Azur, jusqu’à Marseille et même au-delà. Cependant, pour les régatiers puissent naviguer, il faut leur donner des compétitions à faire », explique Leonardo Magni, secrétaire général de la J/70 Monaco Class Association, à l’initiative de l’idée. Organisé en collaboration avec les classes italienne et française, ce circuit de six événements, étalés d’octobre à juin, entraînera les régatiers de San Remo à Marseille, en passant bien sûr par Monaco, puisque deux des cinq actes des MSWS compteront dans ce tout nouveau championnat. De quoi rester toujours à l’avant-garde.