YACHT CLASS n°38 (sept-oct-nov 2024)

Yacht Club de monaco

Le Yacht Club de Monaco a doublement animé le Quai Louis-II, le 17 juin dernier. En plus des 40 ans de présidence du Prince Albert II, le cocktail d’été a fêté les 10 ans de l’inauguration du club-house. Ces nouveaux locaux ont grandement révolutionné le yachting à Monaco.

Texte : Gael Lanoue – Photos : Carlo Borlenghi, Martin Keruzoré / Team Malizia, Mesi / YCM, Olivier Blanchet / Alea, Gaetan Luci / Palais Princier et DR.

C’est un long bâtiment de plus de 200 mètres, amarré Quai Louis-II, sur le port Hercule. Il a l’allure d’un navire, mais ce n’en est pas un. Il ne parcourt pas le monde, c’est le monde qui vient à lui. Depuis son inauguration il y a 10 ans, le club-house abrite les deux clubs nautiques historiques de la Principauté : la Société Nautique de Monaco, dédiée à l’aviron, et le Yacht Club de Monaco (YCM). Alors pour célébrer cet anniversaire, il fallait bien mettre les petits plats dans les grands. Le traditionnel cocktail d’été du YCM a donc rendu hommage à ce nouveau siège d’exception, qui a tant apporté à son rayonnement. D’abord, grâce à la renommée internationale de son architecte, Lord Norman Foster. Le Britannique, âgé de 89 ans, est l’auteur de plus de 200 réalisations à travers la planète, dont le Palais du Reichstag à Berlin ou l’Apple Park en Californie, siège social de la firme du même nom. Il collectionne plus de 650 récompenses, notamment le prix Pritzker 1999, la distinction suprême en architecture. Le club-house, chef-d’œuvre architectural, est aussi un bijou de technologie au service de l’environnement. L’exploitation actuelle du bâtiment suit des normes certifiées Haute Qualité Environnementale (HQE) : gestion des énergies, confort hygrométrique, acoustique, visuel, qualité de l’eau… Comme le rappelait son concepteur, Norman Foster, lors de l’inauguration : « Les principes de construction durable font partie de tout ce que nous faisons. Notre bureau a été parmi les premiers pionniers de l’architecture verte dans les années 1970. » Pour un aperçu de ce savoir-faire, citons le système de climatisation par eau de mer, puisée à 40 mètres de profondeur. Mais surtout, cet écrin somptueux a permis de faire entrer le YCM dans une nouvelle dimension. Entre ambition sportive, engagements écologiques et rayonnement à l’international.

L’entrée dans une nouvelle ère

L’inauguration de ces nouveaux locaux fut en effet une étape charnière dans la déjà longue existence du YCM, fondé en 1953. Elle a permis une première révolution du côté de la compétition. Le club accueille toujours de grandes manifestations sportives, dont la réputation grandit d’année en année dans le monde du yachting. Certaines courses sont déjà des monuments incontournables dans la saison. Un seul exemple : le Monaco Energy Boat Challenge, le grand rendez-vous tourné vers la durabilité des matériaux et des technologies utilisés dans la propulsion. A chaque édition, depuis sa création en 2014, de nouvelles innovations se font remarquer pour leur plus grand respect de l’environnement, tout en maintenant le même niveau de performance nautique. Les participants sont à la pointe de l’utilisation de l’énergie solaire, de l’hydrogène, de l’électricité ou d’autres sources d’énergie renouvelables, et viennent du monde entier. Pour la 11e édition, du 1er au 6 juillet (voir p. 186), 46 équipes, de 40 universités et 25 nations ont relevé le défi. L’évènement suscite maintenant un tel engouement que la Fondation Prince Albert II a pu mettre en place un prix spécial pour récompenser la meilleure technologie en termes d’efficacité énergétique et de réduction carbone. Enfin, les deux navires phares du YCM, Tuiga et Malizia, continuent de sillonner les mers du globe et d’incarner l’excellence de la Principauté. Le premier fait rayonner la tradition du yachting classique par son charme plus que centenaire ; le second remporte régulièrement des courses au large, en catégorie IMOCA, ou établit des records. Après deux 2e place sur la Transat CIC et la New York Vendée – Les Sables-d’Olonne, Boris Herrmann en reprendra la barre pour le départ du Vendée Globe, le 10 novembre prochain.

« Monaco sans régates, n’est-ce pas Paris sans l’Opéra ? »

Mais la compétition dans le respect de l’environnement, ça ne s’improvise pas. Pour que vivent encore longtemps les principes directeurs du Yacht Club de Monaco, encore faut-il les transmettre, voire les enseigner au sein de structures dédiées. C’est là un autre apport majeur de ces nouveaux locaux. Grâce à sa nouvelle dimension, le YCM a pu poursuivre le développement de son label « La Belle Classe » (LBC), avec la création, en 2018, de « LBC Explorer », qui concerne les armateurs, capitaines ou explorateurs professionnels qui témoignent des zones maritimes méconnues qu’ils parcourent. Toutes ses déclinaisons (au nombre de cinq actuellement) promeuvent ce que les membres définissent comme les valeurs du yachting : sauvegarde du patrimoine naviguant, protection de la nature, préservation de l’étiquette navale, promotion de technologies innovantes. En guise de prolongement, le Yacht Club s’est doté de son centre de formation en 2015, « LBC Academy ». Ses cours favorisent l’excellence dans tous les métiers de la grande plaisance. Associés au Cluster  »Yachting Monaco », lancé également en 2014 par le secrétaire général Bernard d’Alessandri, ces projets ont fait de la Principauté la capitale internationale du nautisme. Mais n’est-ce pas au fond sa vocation ? Souvenons-nous de cette question posée dans le Journal de Monaco, le 30 mars 1862 : « Monaco sans régates, n’est-ce pas Paris sans l’Opéra ? »

Le YCM, atout majeur du rayonnement monégasque

Ainsi, le 17 juin dernier, le cocktail d’été a célébré les 40 ans de la présidence du Prince Albert II, mais aussi cette décennie dorée initiée par ces nouveaux locaux. Le Souverain se souvient : « En 2014, lors de l’inauguration, je partageais ici-même l’ambition de faire de Monaco la référence du yachting mondial ». On le voit, la volonté directrice est restée fidèle à celle que réclamait le Prince Rainier III, fondateur du YCM, en soutenant que « l’avenir de Monaco est vers la mer ». Affirmation sincère ou pari pour l’avenir ? Une chose est sûre : le « Prince Bâtisseur » avait vu juste. L’activité nautique rapporte 750 millions d’euros par an à l’État monégasque, d’après le Cluster. Ainsi, le YCM, en devenant un trait d’union entre tous les acteurs du yachting à travers le monde, en développant ce secteur comme jamais auparavant, « est désormais reconnu comme un acteur majeur de la promotion de notre Principauté, contribuant à son attractivité internationale et conformément à ses statuts », se félicite le Prince Albert II.

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