Yacht Class n°23 (dec 2020/jan-fev 2021)

Fondation Princesse Charlene de Monaco


Pour la troisième édition de son Water Bike Challenge, la Fondation Princesse Charlène de Monaco a vu deux équipes s’affronter lors d’une traversée inédite entre l’Île de Beauté et la Principauté. Une aventure caritative de 100 milles nautiques (185 km), loin d’être de tout repos, réalisée en un peu moins de 23 heures et remportée par l’équipe Serenity de la Princesse.


Par Aurore Teodoro – Photos : Romain Chardan, Eric Mathon / Palais Princier et Manuel Vitali / Direction de la communication.


Se réinventer à chaque fois et viser toujours plus haut. Tel est, à chaque événement, l’objectif de la Fondation Princesse Charlène. Après avoir rallié Monaco depuis Nice en 2017, puis avoir effectué un parcours au large de la digue du Port Hercule l’année suivante, la troisième édition du Water Bike Challenge, qui s’est tenu les 12 et 13 septembre derniers, a proposé un défi encore plus exigeant : rejoindre la Principauté depuis la Corse sur ces vélos aquatiques pouvant atteindre jusqu’à 7 nœuds (13 km/h). « Avec mon frère Gareth, Secrétaire Général de la Fondation Princesse Charlène, nous souhaitions donner une nouvelle dimension à la course water bike en relevant un nouveau défi sportif », explique la Princesse Charlène. « Les liens historiques entre l’Île de Beauté et la Principauté ont toujours été très forts. Sainte-Dévote est notre Sainte-Patronne commune. Calvi est une ville magnifique, la beauté des paysages entre mer et montagne qui me rappellent Monaco, m’émerveille. Cette idée de traverser la Méditerranée s’est naturellement imposée à moi, d’autant que la distance de 180 km qui séparent le départ de l’arrivée est optimale pour une traversée de 24 heures. »


Un challenge ambitieux et inédit
Et avec  »The Crossing: Calvi – Monaco Water Bike Challenge », le défi de la Fondation Princesse Charlène a assurément pris une autre dimension. De par son caractère inédit, mais aussi de par la distance et la durée de cette course en relais. « 100 milles (185 km) non-stop, ce n’est pas la même chose que les 9,20 milles (17 km) ou 10,80 milles (20 km) que l’on avait pu parcourir les années précédentes. Il fallait prendre des temps de repos, pour dormir, manger, ce n’était pas évident », souligne le gymnaste monégasque Kevin Crovetto (Team Notorious), fidèle de la première heure, pour qui cette troisième aventure s’est avérée « beaucoup plus éprouvante physiquement, plus technique et stratégique. Les autres années, le format était assez court. Donc même si on se brûlait les jambes, il ne restait pas beaucoup de temps. Là, si on se brûlait au premier ou au deuxième relais, sachant qu’on en a fait entre 6 et 8 chacun, c’était très compliqué. » Il faut dire aussi qu’à la différence des précédents événements, cette troisième édition ne comptait non plus cinq, mais quatre athlètes par équipe. On retrouvait ainsi sur l’eau l’équipe  »Serenity » de la Princesse Charlène, seule femme de l’événement, accompagnée du coureur cycliste australien David Tanner, Brandon Green, et Mathew Bennett (recordman du monde de la traversée de l’Atlantique à la rame la plus rapide) et la Team  »Notorious » de Gareth Wittstock, Jérôme Fernandez (ancien international de handball français), Kevin Crovetto et Guido Belinskis, physio-ostéopathe, venu remplacer à la dernière minute Conor McGregor. Des athlètes venus d’eux-mêmes à ce défi, comme le précise la Princesse Charlène. « Les athlètes qui ont souhaité relever ce défi sportif se sont eux-mêmes manifestés pour m’accompagner ainsi que mon frère dans cette aventure humaine. Certains sont de grands sportifs, d’autres sont moins connus mais leur caractéristique commune est d’avoir un mental d’acier. »


Un accueil princier
C’était donc à Calvi que tout ce petit monde avait rendez-vous pour ce départ inédit. Pendant plusieurs semaines, la Princesse Charlène en a d’ailleurs fait son camp de base, pour y suivre un entraînement rigoureux en mer. « Avancer sur l’eau en water bike peut sembler aisé mais au-delà de la condition physique, il faut savoir également appréhender les éléments naturels (vent, houle, pluie….) », souligne l’épouse du Souverain, qui a profité de sa présence en Corse pour suivre l’organisation de cette compétition, qui a nécessité de longs mois de travail. « Ma Fondation, les autorités locales, les bénévoles et avec le soutien de la population, tous se sont mobilisés pour l’organisation de cette course inédite, et je tiens à les remercier chaleureusement. Sans leur implication depuis des mois, rien de cela n’aurait pu être possible », rappelle la Princesse Charlène. Et, pour l’occasion, la cité corse avait mis les petits plats dans les grands pour faire de cet événement, et du départ de la course du quai d’honneur Marc-Linski, un véritable moment de fête et de partage, devant un public venu en nombre. De quoi donner du courage aux valeureux coureurs pour qui la traversée n’allait pas s’avérer des plus simples. Car si les orages des jours précédents avaient laissé place à un soleil de plomb et à une chaleur des plus estivales, le vent et la houle s’étaient invités à la fête. D’ailleurs, le départ, initialement prévu à 14 heures, a été avancé. Et c’est finalement peu avant 13 heures que la Princesse Charlène et son frère Gareth Wittstock ont pris la mer sous les yeux du Souverain, de la Princesse Gabriella et du Prince Héréditaire Jacques, qui allaient d’ailleurs faire la traversée à leurs côtés, depuis le yacht Custom Line  »Best Off » de 33 mètres. « On ne voulait pas partir trop tard pour que chaque équipe puisse au moins faire un relais avant la nuit, et puisse s’acclimater. On n’avait pas une connaissance affinée de l’état des compétiteurs, leur niveau de forme, leur niveau sur le water bike et surtout comment ils allaient être en mer… C’est la première fois qu’une telle aventure est tentée, on ne savait pas du tout combien de temps on allait mettre », rappelle la directrice de course et multiple championne du monde de sauvetage en mer, Stéphanie Geyer-Barneix, qui officiait déjà sur les deux précédents Water Bike Challenge.


Jusqu’au bout de l’effort
Accompagnés dans leur périple par plusieurs bateaux – un pour chaque équipe, plus le poste de contrôle en lien avec les concurrents, les bateaux relais, le responsable sécurité et l’assistance médicale – les coureurs ont connu quelques premières heures compliquées. « Au début, nous avons eu des vents violents, avec une assez grosse houle. Bien évidemment, nous avons dû composer et affronter ces conditions. Au large, cela a commencé à se calmer, et cela a joué en notre faveur. Chaque membre a fait des rotations de une heure ou une heure trente avant d’aller se coucher pour récupérer… même si la plupart d’entre nous, moi y compris, n’a pas fermé l’œil de la nuit. Et j’ai aussi eu le mal de mer, ce qui était l’une de mes craintes », précise Gareth Wittstock. Heureusement, comme attendu, vent et houles se sont calmés en soirée, malgré quelques agitations en milieu de nuit. « Quand on part en mer, on prend les conditions qu’il y a. Les compétiteurs se sont vraiment adaptés à tout. Ils ont été remarquables, très concentrés » souligne la directrice très fière de ses troupes. D’autant plus, que pédaler de nuit, en pleine mer, sans visibilité, pouvait facilement devenir aussi un challenge en soi. « Autant sur le catamaran la nuit, on se sent en sécurité. Mais quand on est seul sur le vélo… A un moment, j’étais à une vingtaine de mètres du bateau, en pleine mer, sans lumière mis à part une lampe sur le vélo et ma frontale. On se sent seul et on se dit qu’il peut y avoir n’importe quoi, n’importe qui sort de n’importe où. C’est assez impressionnant », confirme Kevin Crovetto. Mais si les sportifs en ont bavé, personne n’a flanché dans cette course. « Même si les jambes comptent évidemment, le mental est le plus important. A un moment, on était presque 1 mille (1,852 km) derrière, mais on a réussi à prendre la tête de course et à la garder. Je pense que le mental a joué un rôle important dans toute la deuxième partie de course », explique le cycliste professionnel David Tanner, pour qui ce vélo un peu particulier n’a rien de comparable avec la discipline qu’il pratique depuis tout jeune. « La seule similarité, c’est qu’on pédale. Le reste n’a rien à voir… La résistance de l’eau est une chose tellement différente, et en fait, au final, tout dépend des conditions de mer. Quand c’est plat, c’est agréable mais cela devient difficile quand il y a de grosses vagues. »


22 heures et 33 minutes
Si les deux équipes sont restées au coude-à-coude une partie de la traversée, le leadership changeant 5/6 fois, c’est finalement la Team Serenity qui a pris la tête vers 2 heures du matin. Et ce, jusqu’à la ligne d’arrivée que la Princesse Charlène, qui a réalisé le dernier relais, a franchi avec ses coéquipiers à 11 h 31, sous les applaudissements enthousiastes des familles et des amis, venus nombreux attendre les concurrents devant le Yacht Club de Monaco. Le visage et le corps marqués par l’émotion, mais surtout par l’intensité de cette épreuve physique qui aura duré 22 h 33, la Princesse a mis genou à terre, avant de tomber dans les bras de son époux et d’étreindre ses enfants. Des retrouvailles émouvantes suivies de nouvelles scènes de joie 14 minutes plus tard à l’arrivée de Gareth Wittstock et du Team Notorious. Il faut dire qu’en relevant ce défi, tous auront permis une nouvelle fois de mettre en valeur les actions de la Fondation Princesse Charlène, puisqu’au-delà de l’aventure sportive et humaine, ce Water Bike Challenge avait pour but de « continuer à promouvoir les actions de Ma fondation. Mon but est de susciter une prise de conscience et rappeler l’importance de la prévention des noyades en milieu aquatique. L’appel aux dons lancé par Ma Fondation à l’occasion de la course a remporté un vif succès et j’en suis très heureuse (près de 603 912 euros à l’heure où nous bouclons ces lignes, ndlr). Je tiens à souligner que la préservation de notre environnement, qu’il soit terrestre ou marin me tient également très à cœur. Cette cause qui m’est chère, je la partage avec mon époux, le Prince Albert II », a tenu à souligner la Princesse Charlène. Mission accomplie, donc.

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