Yacht Class n°40 (mars-avril-mai 2025)

Dans un environnement géopolitique perturbé, le Symposium économique, organisé au Yacht Club de Monaco (YCM), a apporté un éclairage aux différents acteurs de l’industrie de la Grande Plaisance.

Texte : Christophe Varène – Photos : DR

La 17e édition du Symposium économique « La Belle Classe Superyachts » s’est tenue le 6 février dans le cadre d’un traditionnel dîner-débat autour du thème « L’impact des tensions géopolitiques et économiques sur l’industrie du yachting », auxquels participaient des représentants de l’ensemble de la chaîne de l’industrie de la Grande Plaisance (armateurs, chantiers, brokers, designers, capitaines, experts maritimes…). Dans son message d’ouverture, Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Yacht Club de Monaco, a souligné que « face aux incertitudes géopolitiques, le yachting international doit non seulement s’adapter, mais également anticiper. Le rôle du YCM est d’accompagner cette transformation en promouvant un yachting innovant et responsable. » Les différents intervenants ont ensuite abordé ces questions stratégiques sous plusieurs angles.

Des assurances en hausse

Le transit maritime s’est en particulier réorienté du golfe d’Aden vers le cap de bonne-Espérance, signale Ralph Dazert (SuperYacht Times) : « Nous avions anticipé une diminution du nombre de yachts se rendant dans le golfe Arabique, mais au contraire, nous observons une hausse du nombre de bateaux basés aux Émirats. Le Moyen-Orient reste une région en pleine expansion pour le yachting. » Pour sa part, évoquant la navigation en mer Rouge, Christos Metallinos (Capitaine du M/Y Emir) indique que « l’augmentation des primes d’assurance représente un frein majeur, en atteignant voire en dépassant le coût d’une location. » Et Vincent Huens de Brouwer (Covership) de confirmer cette situation avec le refus de quelques propriétaires de traverser le canal de Suez pour se rendre en Extrême-Orient. De son côté, Olivier Zuber (Bombardier) alerte sur l’augmentation de 25 % des taxes sur les avions importés aux Etats-Unis, l’aviation privée étant, comme le yachting, impactée par la situation globale : « Les clients cherchent des solutions innovantes en termes de confort, de sécurité ou d’autonomie. » D’où la nécessité d’ajuster ses offres en permanence.

Récession et protectionnisme 

Le second mandat de Donald Trump génère aussi de nombreuses interrogations, « les Etats-Unis étant une variable clé du marché du yachting », note Paul Tourret (Institut Supérieur d’Économie Maritime), s’inquiétant d’une possible récession américaine et des conséquences d’un protectionnisme croissant. Des propos confirmés par Ralph Dazert qui craint les décisions imprévisibles du Président américain. Mais les perspectives, marquée par une mondialisation ralentie, restent positives malgré une croissance modérée du PIB mondial en 2025, avec des marchés émergents dans le yachting, comme le golfe Arabique et l’Asie du Sud-Est, et un doublement de la richesse des milliardaires en dix ans, atteignant 14 000 milliard de dollars, précise Ernesto De Marzio (UBS Monaco). La demande en superyachts reste forte en Amérique du Nord et en Europe, cette dernière région, regroupant 30 % de la flotte mondiale, se prévalant de bons résultats à l’exportation grâce à l’excellence des chantiers navals, à leurs innovations, à leurs démarches vers la transition énergétique et à un euro faible.

La reconnaissance de SEA Index

En 2024, la vente de yachts neufs de plus de 30 m s’est élevée à 192 unités, mais les banques ne se contentent plus d’évaluer la seule situation financière des acheteurs. Elles s’attachent de plus en plus à d’autres critères, notamment environnementaux, et des outils comme le SEA Index, qui mesure l’efficacité énergétique des superyachts, sont intégrés dans le processus de décision, ce qui place incontestablement la Principauté comme « Capital of advanced yachting ».

Le magazine actuel