Yacht Class n°42 (Sept-Oct-Nov 2025)

Le samedi 5 juillet, quatre journées d’émulation, de compétition et de haute technologie viennent de se terminer au sein de la Principauté. Pour sa douzième édition, le Monaco Energy Boat Challenge est devenu bien plus qu’un simple concours : il est aujourd’hui le reflet de la transition énergétique dans l’univers du nautisme mondial, confiée aux forces vives de la jeunesse.

Texte : Nicolas Massines – Photos : YCM/Studio Borlenghi

Lors du lancement de l’événement, Bernard d’Alessandri, Secrétaire général du Yacht Club de Monaco (YCM) a souligné en ces mots l’importance de ce rendez-vous : « Les technologies avancent, les idées aussi, mais nous devons accélérer… Il est temps de passer des intentions aux actes ».

42 équipes s’affrontent dans 4 catégories

Aux côtés de S.A.S. le Prince Albert II, plus de 1 000 étudiants venus de 29 universités et répartis sur 20 nationalités, ont croisé le fer de l’ingéniosité pour défendre leur vision d’un yachting durable. Cet événement unique en son genre, soutenu par la Fondation Prince Albert II, UBS, BMW et SBM Offshore, a mis en lice 42 équipes, dans un esprit de compétition et de convivialité aussi bien sur l’eau que sur les pontons. Quatre classes distinctes ont ainsi pu se mesurer. Tout d’abord AI Class, c’est-à-dire des embarcations autonomes pilotées au travers de l’intelligence artificielle, puis l’Energy Class mettant en scène des coques au profil standard, mais dotées de propulsions électriques diverses. La SeaLab Class s’est ensuite exprimée sur l’eau afin d’explorer de nouvelles voies, comme l’hydrogène par exemple, et enfin l’Open Sea Class pour les prototypes à émissions nulle, certifiés CE, d’une longueur jusqu’à 25 m et capables d’embarquer au moins trois personnes. Ce qui représente un total de 30 bateaux fonctionnant à l’électricité, 12 à l’hydrogène et 12 dotés de foils. Une affiche complète et originale pour des joutes sportives passionnantes. On peut souligner les performances en Open Sea Class, de Frauscher Boats qui remporte la victoire en flirtant avec la barre des 50 nœuds (49,84) ! Tandis que les Italiens d’UniBoat (University of Bologna) marquent cette édition puisqu’ils s’imposent en endurance, slalom, votes et innovation grâce à un système de propulsion contrarotatif, une coque optimisée et une batterie très performante.

Une passerelle entre le monde étudiant et professionnel 

Mais le Monaco Energy Boat Challenge va bien au-delà des performances pures, à l’image des actes tenus en marge des épreuves. On cite le Corporate Mentoring Programme, où des entreprises, telles que Monaco Marine, SBM Offshore, Sanlorenzo ou encore Azimut-Benetti, apportent leur expertise ou leur ingénierie aux équipes. Le Job Forum, pour sa part, a encore servi de passerelle entre les mondes étudiant et professionnel, à l’image de l’équipe indienne Sea Sakthi qui a reçu pas moins de quatre propositions d’emploi après l’édition 2024. Brillant, comme l’a souligné Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev et président du jury technique : « C’est unique au monde dans le maritime. Cette complémentarité entre étudiants, industriels et institutionnels… On voit même naître des projets pour décliner le concept à l’international ».

Des conférences autour de l’hydrogène, de la décarbonation et bien sûr de l’IA

Deux conférences très attendues ont enrichi ces journées autour des enjeux cruciaux pour la filière nautique. D’une part l’Advanced Yachting Technology Conference, qui a réuni des invités pour débattre de bruit sous-marin et de son impact environnemental invisible, du captage carbone, de l’approvisionnement en hydrogène vert, de la cybersécurité, pointant par exemple le nécessaire cloisonnement des réseaux à bord, et bien sûr de l’IA comme levier indispensable pour améliorer l’efficacité et réduire l’empreinte carbone. La 6e conférence Hydrogène & Carburants Alternatifs, soutenue par la Fondation Prince Albert II, a quant à elle permis d’explorer les nouvelles pistes technologiques autour du méthanol, du biocarburant et des infrastructures de stockage à bord des yachts de demain. Et demain se préparant aujourd’hui, les dirigeants du Yacht Club de Monaco l’ont anticipé puisque le SEA Index, cet outil d’évaluation d’impact environnemental des super-yachts, développé en partenariat avec UBS, s’enrichît de nouveaux critères. En plus du bilan carbone, il intègre à présent la mesure de la pollution locale à travers les particules fines (PM) et l’évaluation du bruit sous-marin : le NOx. Le Monaco Energy Boat Challenge est donc bien un événement incontournable de la scène maritime internationale. Des journées qui vont au-delà des performances technologiques par l’exploration de nouvelles solutions liées aux problèmes environnementaux. Il faut saluer toute l’équipe dirigeante du YCM, ainsi que ses partenaires, pour donner la possibilité à la jeunesse d’aujourd’hui de développer le yachting de demain.

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