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Yacht Class n°34 (sept-oct-nov 2023)
Créée en 2014, la compétition du Yacht Club de Monaco (YCM), consacrée aux propulsions et énergies alternatives, n’a cessé de prendre de l’ampleur et s’est imposée comme un rendez-vous mondial incontournable.
Texte : Aurore Teodoro – Photos : YCM/Studio Borlenghi, YCM et DR.
Il en a parcouru du chemin le Monaco Energy Boat Challenge (MEBC). Depuis sa toute première édition, sous le nom de « Solar1 Monte-Carlo Cup », le grand rendez-vous de l’innovation n’a cessé de s’étoffer. « Initialement dédié à la propulsion, puis aux énergies alternatives, ce challenge met aujourd’hui à l’honneur la durabilité en général, avec pour objectifs d’améliorer l’efficience des solutions et diminuer l’impact environnemental de toutes les composantes de la conception d’un navire », confirme Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du YCM.
Elle est donc loin la première édition qui réunissait 23 équipages de 10 nationalités sur des bateaux solaires. Depuis, la compétition s’est enrichie de bateaux offshores en 2017, puis, l’année suivante, de l’Energy class – une catégorie où les participants doivent concevoir le cockpit et le système de propulsion pour équiper un catamaran fourni par le club et disposant d’une quantité d’énergie prédéfinie. Pour cette édition symbolique, 46 équipes représentant 31 universités et 25 nations se sont donné rendez-vous au YCM. Un record. « Avant, nous les sollicitions ; maintenant, les équipes viennent nous rencontrer pour savoir comment participer. D’ailleurs, nous avons en visite l’université du Michigan, celle de Cambridge et une autre équipe indienne en repérage pour la prochaine édition », souligne, satisfaite, Charlotte Mille, chef de projet de l’événement depuis six ans.
Une année riche en nouveautés
Sur les quais du YCM, le village était en ébullition. Indonésie, Dubaï, Allemagne, Monaco, Etats-Unis… Un melting-pot mondial. Il faut dire qu’au-delà de l’aspect sportif et de l’incroyable expérience humaine et professionnelle, l’événement offre un programme riche à ses participants. A commencer par la possibilité de présenter leur projet sous forme de Tech talks en Open Source. Une journée de conférence sur le thème « Transition vers la durabilité : défis, engagement et adoption » a également été organisée, avec la participation notamment de Boris Herrmann (voir page 178), ainsi que la 4e Table ronde « Hydrogène » et des présentations quotidiennes de l’industrie.
Après le Job Forum, lancé en 2019, qui permet de mettre en lien les jeunes ingénieurs avec l’industrie, le challenge s’est encore enrichi cette année de nouveautés. A l’image des docks permettant de recharger simultanément une vingtaine de bateaux électriques. Le club a aussi mis en place un programme de mentoring qui permet à certaines équipes d’être suivies par des membres de l’industrie du yachting, ou encore la fan zone et ses tribunes installées sur la jetée Lucciana. « On s’est rendu compte que le public était au rendez-vous, notamment les étudiants qui voulaient voir les courses. Elles sont libres d’accès et gratuites, tout comme le village de l’événement, les Tech talks… Tout est retransmis en ligne sur la WebTV Monaco, Capital of Advanced Yachting », rappelle Charlotte Mille.
A noter que cette année s’est également tenu le tout premier YCM E-Boat Rallye, un rassemblement qui a réuni quinze unités électriques sur un parcours entre Monaco et Cala del Forte (Vintimille).
Le cycle de vie à l’honneur
Pour cette 10e édition, l’accent a aussi été mis sur le cycle de vie des bateaux. Un outil, créé en collaboration avec Marine Shift 360, a ainsi été mis à disposition afin d’évaluer l’impact environnemental des unités, de leur conception jusqu’à leur fin de vie, et de susciter la réflexion sur les matériaux utilisés.
C’est d’ailleurs cela la plus grosse innovation cette année pour Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev et président du jury international composé notamment d’experts de la transition énergétique, de l’empreinte environnementale, de la Fondation Prince Albert II, mais également de financiers ou de professionnels de l’énergie. Un jury de « tous types de profils, permettant d’avoir une vision exhaustive » qui, tous les soirs, lors des Tech talks, a vu les équipes présenter leurs projets, leurs objectifs et leurs ambitions pour l’avenir, avant de décerner un prix. Si aucune révolution n’est à noter, Jérémie Lagarrigue constate une gestion plus efficace de l’énergie, avec un gain d’au moins 20 %. Avec 10 KWh, soit l’équivalent d’un litre de carburant, le meilleur équipage a ainsi parcouru 27 milles nautiques (50 km) en quatre heures. De bon augure pour la suite ? « Le lien avec l’histoire de la principauté est formidable », rappelle Jérémie Lagarrigue. « Début 1900, elle organisait une course de canots automobiles pour comparer les technologies de moteurs à combustion interne. Il y avait des moteurs hydrogènes, électriques, du diesel et de l’essence turbo. C’est cette dernière qui avait gagné, et on a cette technologie depuis 100 ans. Ce serait formidable que le MEBC soit le précurseur de ce nouveau siècle ».