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Yacht Class n°12 (mars-avril-mai 2018)
Yacht Club de Monaco
A l’origine de l’acquisition de ce superbe voilier, Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Yacht Club de Monaco, n’a pas de mots assez flatteurs pour décrire cette unité qu’il vénère et qu’il a souvent barrée. Pour lui c’est le plus beau mais c’est aussi le bateau idéal pour apprendre aux jeunes les secrets des manœuvres et des réglages.
Propos recueillis par JM Moreno
Vous qui êtes à l’origine de l’acquisition de Tuiga, pouvez-vous nous dire, pourquoi cette unité ?
Nous recherchions un ambassadeur maritime qui traduise notre dynamique sportive. Elégant, sportif, développant l’esprit d’équipe (navigation avec un équipage uni) dans la pure tradition et l’étiquette du yachting, Tuiga symbolise toutes les valeurs auxquelles le Yacht Club de Monaco est attaché.
Comment s’est déroulé le contact et achat avec M. Albert Obrist ?
J’avais vu le bateau une première fois à Saint-Tropez. Alors, un dimanche matin, très tôt, le prince Albert et moi sommes allés le voir à Cannes. Nous avons vu Tuiga, qui venait d’être magnifiquement restauré – et même reconstruit pièce par pièce – durant quatre ans par Albert Obrist. Un coup de foudre immédiat. Eric Tabarly qui le considérait « comme l’un des plus beaux yachts au monde » nous a accompagnés dans sa prise en main.
Quels sont la vocation et le fonctionnement du Comité Tuiga ?
Le Comité Tuiga réunit des membres, généreux donateurs et passionnés de yachting, qui soutiennent financièrement les saisons de régate et l’entretien du bateau.Aux côtés de Mariska (1908), Hispania (1909) et The Lady Anne (1912), Tuiga (1909) fait partie d’un club extrêmement fermé, qui ne comprend que quatre membres et n’en comportera sans doute jamais plus : celui des 15mJI authentiques encore navigants. En parallèle de notre calendrier de régates commun, nous voulons également aller plus loin dans les échanges en matière de connaissances techniques, de jauge, d’améliorations, etc… Notre objectif est de promouvoir cette classe et encourager les initiatives de passionnés qui souhaiteraient construire une réplique ou faire revivre un 15mJI.
Comment cela fonctionne-t-il ? Qui peut en bénéficier ? Quelles compétences sont demandées ?
Désireux d’encourager la formation et de promouvoir les métiers liés au yachting, le Y.C.M. a décidé de faire bénéficier la jeune génération de son expérience et de son expertise en créant, dès 1999, le « EFG Bank Sailing Academy by the Yacht Club de Monaco ». L’objectif : assurer la qualification et l’intégration professionnelle de jeunes adultes au sein de sa structure, en les formant dans l‘organisation d’événements nautiques, la formation du personnel de bord ou la compétition de haut niveau. Les jeunes candidats, âgés de 18 ans maximum, sont sélectionnés sur dossier afin de recevoir un apprentissage complet dans les locaux de La Belle Classe Academy, le centre de formation du Yacht Club de Monaco.Alternant cours théoriques et pratiques, sur une période de neuf mois, les stagiaires ont ensuite le privilège de rejoindre l’équipage de Tuiga, pour participer aux régates du circuit méditerranéen. Une manière exceptionnelle de compléter leurs connaissances et de se perfectionner dans l’art de la maintenance et celui de la manœuvre spécifique des yachts de tradition.Leur diplôme en poche, certains des jeunes que nous avons formés, ont même décidé de faire de Monaco leur port d’attache, à l’instar de Nicolas Rouit, qui a successivement occupé les postes de second puis de capitaine sur Tuiga et qui maintenant officie sur un motor-yacht de 1936, de plus de 35 mètres et battant pavillon monégasque. A travers cette formation, le Y.C.M. entend accompagner les jeunes désireux de s’investir dans ce secteur, en leur permettant d’entrer de plain-pied, dans ce domaine exclusif et exigeant, renforçant ainsi la position de Monaco comme un pôle d’excellence en matière de yachting.
Comment choisit-on le skipper de Tuiga ? Et pour combien de temps ?
Le skipper doit posséder des compétences techniques mais aussi de vraies qualités humaines. Savoir manœuvrer ces yachts physiquement exigeants, qui ne possèdent aucune assistance, ni même de winch.Posséder les connaissances pour entretenir ces bateaux qui nécessitent une attention au quotidien et dont les techniques de construction sont centenaires.Etre un bon chef d’équipe, un manager et savoir transmettre sa passion lorsqu’on accueille les invités à bord.
Vous qui avez barré de nombreux bateaux, que ressentez-vous de particulier aux commandes de Tuiga ?
Tout d’abord, un profond sentiment de liberté… mais très vite l’on prend conscience du privilège que l’on a et surtout de la responsabilité d’avoir entre les mains ce voilier, qui a traversé un siècle de navigation. Au-delà de la dimension architecturale, esthétique ou sportive, il y a avant tout une aventure humaine, celle d’une rencontre entre ce bateau et ses armateurs successifs.Nous avons aujourd’hui le devoir de transmettre à notre tour à la nouvelle génération ce patrimoine maritime vivant, car nous ne sommes que pour un temps le dépositaire de ce précieux héritage.