Présentation
Yacht Class n°40 (mars-avril-mai 2025)
Wally – Ferretti Group
Iconique, la marque Wally ne se repose jamais sur ses lauriers et, sous l’impulsion du toujours passionné Luca Bassani, elle a présenté à Monaco sa première unité conçue sous l’ère du Groupe Ferretti auquel elle appartient. Et ce wallywind110 se révèle exceptionnel à bien des égards.
Texte : Christophe Varène – Photos : Toni Meneguzzo et Gilles Martin-Raget
Peu de marques peuvent se vanter d’avoir révolutionné le monde des voiliers, celle-ci en fait bien sûr partie. Dès les premières unités mises à l’eau, Wally a suscité curiosité et admiration, voire un peu de jalousie de la part de la concurrence. À l’origine de ce formidable succès, un homme prend toute sa place : Luca Bassani a apporté à cet univers un brin traditionaliste, sa vision avant-gardiste, tant dans l’aspect esthétique que dans la dimension technologique. Au fil des années, les unités développées sont devenues plus grandes et la dernière en date, le wallywind110, dépasse les 33 m de longueur, sans y inclure le bout-dehors. Ce modèle, qui permet de célébrer comme il se doit les 30 ans de la marque, s’inscrit dans une nouvelle gamme comprenant à terme un wallywind130 et un wallywind150, et il est le premier né depuis l’entrée de Wally dans le Groupe Ferretti. La présentation de ce voilier d’exception s’est déroulée dans le cadre prestigieux du Monaco Yacht Show, avec le meilleur guide possible, Luca Bassani en personne.
Pour faire revenir les vrais marins
Si un Wally passe rarement inaperçu, ce wallywind110 amarré devant le Yacht Club de Monaco a dû provoquer de nombreux torticolis chez tous les visiteurs du salon qui ne pouvaient détacher leur regard de ce yacht racé et élégant. Cette attraction est liée à la collaboration entre le cabinet d’architecture navale judel/vrolijk & co, l’agence de design Santa Maria Magnolfi et l’équipe interne de Wally. Le résultat est bluffant de fluidité, de raffinement, de technicité et – ce qui n’est pas le moindre – de sens marin. D’ailleurs, en menant cette visite, Luca Bassani ne boudait pas son plaisir et soulignait sa satisfaction de « faire revenir les vrais marins sur un voilier » avec ce projet et cette nouvelle famille. Pour lui, en effet, seule la voile peut se vanter d’être « éco-responsable et durable. »
Une poupe remarquable
Dès le pied posé à bord, il se félicite de la configuration de la poupe où « chacun va trouver sa place, qu’il soit jeune ou moins jeune ». En effet, la poupe est remarquable dans bien des aspects : une première plage permet de profiter au maximum des plaisirs nautiques avec accès à l’eau facile et présence fournie de sofas et bains de soleil, puis, en gravissant quatre marches, on découvre la zone réservée à la navigation. Sous le plancher, un immense coffre sert de garage pour une annexe de 4,80 m, la bôme étant utilisée comme une grue de mise à l’eau. Les postes de barre, comme posés en suspension sur des colonnes reprises sur les pavois, se situent, sur chaque bord, entre deux puissants winches électriques. Juste en avant, des méridiennes sont amovibles pour effectuer les manœuvres en toute sécurité, tandis que, proche de la descente, l’espace réservé aux passagers se dotent d’assises multiples et de deux belles tables pour assurer confort et tranquillité même en navigation. L’intelligence de cette disposition apparaît… de l’extérieur, car aucun élément, à part une très légère élévation du rouf, ne vient casser la ligne épurée. Superbe. Toute la partie avant est dépouillée de tout attribut, simplement lattée de teck et pourvue de hublots flushdeck.
De belles promesses de performance
Intarissable, Luca Bassani aborde la question de la navigation sous voiles et les performances annoncées sont alléchantes : avec 3 600 milles parcourus en 6 semaines après la mise à l’eau, le wallywind110 glisse à 9 nœuds dans 6 nœuds de vent, accélère à 15 nœuds pour un vent équivalent et atteint 23 nœuds lorsque la brise forcit à 25 nœuds. Cette vélocité tient au ratio entre les 72 tonnes de ce voilier « tout carbone » et les 1 296 m2 de voilure au portant (50 m de tirant d’air), le tout associé à une quille télescopique (4,50 à 6,80 m de tirant d’eau). La carène est susceptible de prendre 15 degrés de gîte maximum, avant de se « caler » sur ses formes larges et plates vers la poupe, fines à l’étrave. Le moule utilisé est celui d’un Wally de 101 pieds allongé par l’arrière pour plus de stabilité et de performance. Ses qualités se révèlent aussi au moteur puisque Luca Bassani annonce une consommation de 1 litre par mille à une allure de croisière de 10 nœuds.
Une pluie de lumière dans le carré
Homme de mer, Luca Bassani apprécie aussi de naviguer sur un bateau confortable et arbore un large sourire en empruntant la descente pour faire découvrir les aménagements. Le carré est conçu comme un salon surélevé, au-dessus des compartiments techniques, et, de ce fait, bénéficie d’une appréciable visibilité sur l’extérieur par les hublots de coque et de rouf. La clarté tombe elle depuis le plafond vitré qui court sur une bonne partie de cet espace, offrant aussi l’opportunité de jeter un œil sur les voiles en navigation. Sur tribord, une table est accueillante pour huit convies et se trouve en vis-à-vis d’une vaste banquette en U avec sa table basse. Le design intérieur, conçu par l’agence Santa Maria Magnolfi, utilise volontiers les matériaux naturels (bois, cuir, tissus naturels, cannage…), associés à des éléments high-tech comme les planchers carbone. En se dirigeant vers l’avant, un petit lobby possède un bar et dessert une cabine double sur bâbord et la cabine armateur à l’avant. Ce positionnement est assumé par Luca Bassani qui, s’il concède un volume un peu plus réduit qu’à la poupe, vante son calme, sans bruit au-dessus, sans le clapotis des vagues sous la voute arrière, et sa meilleure aération. Un dressing, un long bureau latéral et une salle d’eau à la pointe apportent ce qu’il faut de confort pour de longues croisières en haute mer ou le long des côtes. La partie arrière de ce wallywind110 comporte deux cabines twins pour les invités, avec chacune leur salle d’eau, et le quartier équipage spacieux et fonctionnel avec à sa disposition un mess, un poste de navigation, une cuisine très équipée – un chef est en charge de la gastronomie du bord –, et trois cabines avec cabinets de toilette privatifs. D’autres aménagements sont bien sûr disponibles et l’on a hâte de découvrir le deuxième exemplaire de ce modèle qui est en cours de construction non plus à Forli, mais à Ravenne dans de nouvelles installations dédiées aux wallywind. Parce qu’ils le valent bien.

Fiche technique
