Présentation
Yacht Class n°42 (Sept-Oct-Nov 2025)
Nautor Swan
Le constructeur finlandais Nautor Swan, aujourd’hui membre du groupe Sanlorenzo, demeure, avec ce Swan 128, plus grand voilier de la gamme SwanMaxi, conforme à sa longue réputation d’excellence, tant pour le plaisir de la navigation que pour l’agrément de la vie à bord. Magnifique !
Texte : Christophe Varène – Photos : Eva Stinakjellman
La mer ressemble à un lac parsemé de dizaines d’îlots et ponctué d’innombrables perches et balises. Une modeste brise, entre 6 et 7 nœuds, nous accompagne. Après avoir gagné le large au moteur dans ce dédale minéral propre au golfe de Botnia, en mer Baltique, la grand-voile roulée dans la bôme monte à bonne vitesse et le foc autovireur sur enrouleur se déploie. Le voilier prend une légère gîte et la glisse démarre. Le speedomètre ne s’affole pas, mais il affiche un formidable 10,1 nœuds. Pourquoi cet étonnement ? Parce que ce voilier ne pèse pas moins de 120 t et que sa capacité à bonifier le moindre souffle d’air se révèle stupéfiante. Il faut maintenant avouer que cette superbe surprise n’en est pas tout à fait une lorsque l’on dévoile son identité, puisqu’il s’agit du tout dernier-né du célèbre constructeur finlandais Nautor Swan, le Swan 128. Si on ajoute à ce nom, celui des fées bienveillantes et talentueuses qui se sont penchées sur son berceau – German Frers pour l’architecture, Lucio Micheletti pour le design extérieur et Misa Poggi pour les aménagements intérieurs –, la réussite ne pouvait qu’être au rendez-vous.
Un haut niveau de technicité
Se déplacer sur le pont du Swan 128, outre la sensation d’espace à arpenter les presque 40 mètres de lattes de teck, permet de se rendre compte de ses dimensions hors normes – des mains courantes sont fixées sur le pont pour le sécuriser lorsque la gîte devient importante – et du haut niveau de technicité mis en œuvre. En partant de la proue, on peut apprécier la puissance du davier basculant qui met en place l’ancre, celle-ci restant invisible en navigation. En pied de mât, hormis les imposants répétiteurs qui donnent à tous les équipiers les principales valeurs de vent et de vitesse avec une lisibilité remarquable, une ligne verticale de boutons permet de régler différents paramètres comme la tension sur les drisses et l’étai, ainsi que sur le hale-bas de bôme. Enfin, si l’on se place derrière l’un des postes de barre, une impressionnante batterie de commande autorise presque… la navigation en solitaire : envoi de la grand-voile et des voiles d’avant, utilisation de la quille télescopique (3 minutes pour descendre ou monter), réglage de la tension du hale-bas, de la bordure de grand-voile, du pataras, commandes moteurs, propulseurs de poupe et d’étrave, tout se manœuvre du bout des doigts. Tout comme la barre à roue qui apporte des sensations, malgré les petits airs, de docilité, de précision et de réactivité, avec un plan de voilure, porté par un mât de 48 m (depuis le pont), qui développe plus de 800 m2 au près.
Une ligne douce et discrète
Profitons du retour vers le chantier Nautor Swan, installé à Pietarsaari, au moteur à 11 nœuds en vitesse de croisière (13 nœuds en pointe) pour terminer notre tour sur le pont du Swan 128. Si la partie arrière est essentiellement dévolue aux manœuvres, il ne faut pas passer à côté de la plateforme qui se déploie au ras de l’eau : accessible par des marches escamotables, elle facilite l’embarquement dans le tender de 4,90 m, mais procure un bel espace détente pour profiter des plaisirs aquatiques. Une fois à bord après la baignade, les passagers se retrouvent dans le salon au centre du voilier où ils savourent le confort des larges banquettes, faisant aussi office de bains de soleil, avant de s’attabler confortablement à au moins dix convives. Une capote escamotable protège cette zone en navigation et il est possible d’y adapter un système d’ombrage. En prenant un peu de distance avec ce SwanMaxi, la douceur et la discrétion du dessin imaginé par Lucio Micheletti pour ce rouf sont impressionnantes et, on le verra, cela ne pénalise en rien les volumes intérieurs.
Un niveau de finition exemplaire
Car il est temps de pénétrer dans le cœur de ce Swan 128. Deux larges baies vitrées coulissent en haut de la descente pour donner accès à la volée de marches qui conduit dans le carré. La sensation de lumière et de visibilité s’impose d’emblée : comme sur le Swan 88, une large baie sur l’avant du rouf, associée à des hublots latéraux, magnifie la connexion entre intérieur et extérieur. La décoration, à la demande des armateurs, joue la carte « vintage » avec une association de différentes essences de bois (teck avec un vernis mat au sol, chêne pour le mobilier et les cloisons), de cuir (y compris sur certaines cloisons), de tissus écossais et de raphia joliment travaillé au plafond. La qualité de réalisation est en tout point remarquable. De petites malles-cabines font office de tables basses. La partie surélevée au-dessus des compartiments techniques est occupée par de profondes banquettes qui jouent aussi le rôle de lits de jour. Vers l’avant, en léger contrebas sur tribord, le couple de propriétaires et leurs six invités s’attablent en toute tranquillité. En face, une porte donne sur une cabine invités et sa salle d’eau privative. Par choix, la suite armateur se situe à l’avant : même avec un lit double, un bureau, un sofa et de nombreux rangements et étagères, la circulation reste facile et agréable. La vaste salle d’eau, avec ses éléments en imitation marbre vert, comprend deux vasques, une cabine de douche et un dressing.
Trois années de travail
Depuis le carré, en allant vers la poupe, les pas conduisent à deux cabines invités, avec deux lits simples et un cabinet de toilette dans chacune. Le même soin y est apporté, les mêmes finitions. Enfin, vient le quartier de l’équipage : ses six membres disposent de trois cabines avec lits superposés et cabinet de toilette attenant, d’une cuisine aménagée avec soin pour être fonctionnelle en mer comme au mouillage, et d’un poste de contrôle et de navigation. Un accès direct débouche sur le pont, juste en avant des deux postes de barre, pour permettre une circulation plus fluide et discrète. Après cette sortie en mer et cette visite passionnantes, on comprend pourquoi trois longues années sont nécessaires pour atteindre un tel niveau d’exigence. Les ingénieurs et les artisans du chantier Nautor Swan, sous la houlette de Kim Sundkvist, le chef de projet, et sous le regard attentif et bienveillant de Giovanni Pomati, CEO de Nautor Swan, font ici la démonstration de leur talent et de leur savoir-faire depuis maintenant près de six décennies. Avec un deuxième Swan 128 en cours de construction, avec des aménagements personnalisés et une propulsion électrique, venant s’ajouter au 2 300 Swan déjà livrés, il n’est pas abusif d’affirmer que le succès ne se dément pas.

Fiche technique














