Présentation

Yacht Class n°23 (dec 2020/jan-fev 2021)

Prestige Yachts – Groupe Beneteau

Née en Vendée, la Prestige X70 aura finalement effectué ses premiers milles en Méditerranée avec le ferme espoir d’attirer l’attention des plaisanciers sensibles aux innovations. Opération réussie avec, notamment, son concept de pont principal sans passavant. Plein cadre sur le vaisseau-amiral de Prestige que l’on doit, entre autres, à Garroni Design.

Texte : Alain Brousse – Photos : DR

En matière d’unités à moteur de plus de 15 mètres, l’Italie demeure une référence, sinon la première, du moins en Europe. Rien d’étonnant donc à ce que le Groupe Beneteau ait mis en place une solide collaboration avec le bureau d’architecture et de design Garroni, installé à Gênes, pour les unités formant la famille Prestige. Soit jusque l’année dernière, quatorze modèles de 42 à 69 pieds répartis en trois catégories : F-Line, S-Line et Sportfly. 2020 marque un tournant avec l’apparition de la X-Line et sa première unité, la X70. Garroni Design a d’une certaine manière inventé le genre Navetta aux lignes dynamiques, dont les imposantes superstructures cachent une habitabilité avantageuse. Ce trois ponts joue de sa singularité, et en posant le regard sur son profil, on finit par comprendre qu’il a fait l’impasse sur les passavants au niveau du pont principal. Et immédiatement de chercher le « chemin » pour atteindre le pont avant. La réponse se trouve sur le flybridge où, de chaque bord, on retrouve le principe des passavants qui, cette fois, descendent vers l’étrave. Il suffisait d’y penser. Exercice de style ? Pas vraiment car le but recherché est surtout d’offrir un espace intérieur plus important sur le pont principal. On verra qu’une dizaine de mètres carrés supplémentaires apporte un véritable « plus ».

Des passavants sur le fly !

Avant de découvrir l’avantage de cette conception, grimpons à bord de la plus grosse unité Prestige (plus pour très longtemps, la rumeur d’un 80 pieds se fait de plus en plus insistante). Honneur à la poupe avec sa plate-forme de bains et son tableau arrière qui s’abaisse électriquement pour former une banquette pour quatre personnes. A cet endroit, l’escalier tribord présente une ouverture vers une petite cabine équipage qui possède un coin douche et WC indépendant près d’un lit double. S’y introduire réclame quelques précautions car l’échelle verticale est étroite. Le chantier en a conscience et devrait la remplacer. Deux escaliers mènent donc au cockpit et première constatation positive : le balcon arrière ne cache rien du spectacle puisqu’il est vitré.
Autre objet de satisfaction : de la poupe à la proue, les espaces extérieurs sont garnis de teck, certes plus exigeant à entretenir que le polyester mais tellement plus agréable à regarder et à fouler. Compte-tenu de la surface du cockpit (18 m2) deux solutions s’offrent au propriétaire : soit installer la table repas (six convives) dans le cockpit soit la placer dans le salon (28 m2). Dans les deux cas la vue mer est assurée. Restons dans le cockpit où, en plus du coin repas, on trouve un « meuble » solarium qui fait également office de banquette. Et puisque les passavants sont au niveau du fly, le designer a aménagé sur chaque bord du cockpit un sofa, faisant de ce dernier un lieu très confortable. Toujours depuis le cockpit, deux escaliers grimpent vers le fly, mais libre à l’acheteur de se contenter d’un seul afin de gagner un peu de surface et opter alors pour la pose d’un bloc barbecue. Les 40 m2 du pont supérieur, qu’un toit ouvrant (système de toile « accordéon ») protège aux trois quarts, se montrent particulièrement conviviaux. L’arrière sera réservé aux transats ou à un salon extérieur – c’est la tradition – puis viendra l’endroit très prisé du coin repas (une table et ses six chaises) avec en vis-à-vis une kitchenette barbecue accolée à une banquette en L qui se prolonge jusqu’au poste de pilotage. Ce dernier affiche un tableau de bord très complet dont deux écrans de 19 pouces et deux fauteuils ergonomiques abrités par un saute-vent qui sera le bienvenu, quelle que soit l’humeur d’Eole. Comme promis, de chaque bord du fly, apparaît un passavant, lui aussi recouvert de teck, et qui descend, via quelques marches, jusqu’au pont avant. Ce dernier ne possède aucun équipement du genre banquette et table basse mais seulement des coussins, au demeurant fort agréables lorsque l’on s’y allonge. La zone technique occupe l’extrémité de celui-ci.

Au choix : trois ou quatre cabines ?

Le jour du test, la Prestige était dans sa configuration coin repas dans le cockpit, aussi les 28 m2 du salon nous ont paru particulièrement spacieux. Voire trop, à la limite, et d’imaginer aussitôt le repas servi pour les six convives à l’intérieur, installés autour d’une table garnie de mets préparés dans la cuisine toute proche. Celle-ci, totalement ouverte, sait se faire des plus discrètes. La clientèle américaine devrait apprécier cette configuration, et elle ne sera sans doute pas la seule… Ainsi en supprimant les passavants sur le pont principal, Garroni Design dote cette X70 d’un salon à l’espace inattendu pour un 20 mètres. Couchage oblige, nous allons rejoindre le pont inférieur afin de nous familiariser avec les espaces de la nuit. Tout d’abord, comme Prestige l’a toujours institué, la cabine armateur dispose d’un accès privé qui se situe dans le salon, à tribord. Avec une hauteur sous barrots de plus de deux mètres, ses 22 m2, son éclairage naturel en provenance directe des hublots, son lit king-size, elle devrait remplir d’aise le couple d’armateur. Quant aux invités, soit ils sont nombreux et alors la Prestige offre trois autres cabines, une VIP et deux twins, soit ils viennent à deux couples et alors la Prestige les gratifie de deux VIP. Dans ce cas, chaque cabine possède sa propre salle de bains.

Deux versions moteurs Volvo IPS

Légèrement surélevée, la timonerie se situe dans l’espace commun du pont principal. Ouverte sur ses deux tiers, elle permet au capitaine d’avoir une vue sur ses arrières à moins qu’il ne fasse appel à sa surveillance vidéo. Au-dessus des commandes électriques et du joystick trônent trois écrans tactiles sur lesquels tout est sous contrôle, notamment les moteurs et les organes périphériques. Cette carène a été étudiée pour naviguer sous la poussée de diesels Volvo Penta à transmission IPS, les plus puissants, des 1350 qui développent chacun 1 000 chevaux. Très discrets au ralenti, ils délivreront ensuite un niveau sonore correct : 66 dbA à 20 nœuds au centre du salon, et un peu plus dans la master qui est tout à l’avant du pont inférieur : 69 dbA. Une remarque, à faible vitesse, le pilote n’a pas trop le choix : il va s’asseoir sur le fauteuil sinon son champ de vision sera réduit vers le haut du pare-brise. On découvre l’horizon en mettant de l’accélération et d’ailleurs la Prestige passe de 0 à 20 nœuds en onze secondes, un bon résultat pour un 20 mètres qui pèse en charge plus de 30 tonnes. Cet exercice nous a permis de constater que la carène acquiert sa position d’hydroplanage sans effet de « marche d’escalier » selon l’expression. Nous n’aurons que le sillage d’un yacht de 30 mètres pour nous apercevoir que la carène franchit cette vague en douceur. En virage, elle conserve sa sérénité. On aurait tant apprécié une mer formée mais le jour de l’essai le calme régnait… En conclusion, sachez que Prestige propose une X70 dans une version plus sage : deux diesels Volvo Penta IPS1200 (2 x 925 ch).
Avec cette X70, Prestige franchit une nouvelle étape et ne compte pas en rester là, du moins c’est notre intuition. A demi-mots, le chantier admet qu’en toute logique un modèle plus grand pourrait être à l’étude. Un 80 pieds par exemple. Rendez-vous dans un temps futur, pas trop éloigné nous l’espérons.

Fiche technique

Longueur hors-tout
21,83 m
Largeur
5,34 m
Tirant d'eau
1,70 m
Capacité carburant
4 000 l
Eau
760 l
Matériau
polyester et carbone
Déplacement
lège : 33,4 t
Motorisation
2 x Volvo Penta IPS1350 diesel
Puissance
2 x 1 000 ch
Vitesse maxi
23,6 nds
Autonomie à
20 nds : 338 milles
Prix
H.T : 2 357 000 €
Architecte naval
Prestige Yachts
Designer extérieur
Garroni Desig
Designer intérieur
Garroni Desig
Constructeur
Prestige Yachts - Groupe Beneteau (Les Herbiers)

Le magazine actuel