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Présentation
Yacht Class n°22 (sept-oct-nov 2020)
Pershing – Ferretti Group
Avec des pointes à 50 nœuds, la notion de croisière prend un relief singulier. La relation espace/temps s’en trouve bouleversée et on se prend à l’envie de multiplier les escales. D’autant que le confort et le raffinement des installations prêtent à la contemplation, pour laquelle le temps gagné en navigation est mis justement à profit.
Texte : Philippe Leblond – Photos : DR
Le nouveau Pershing 8X fait partie de la caste assez restreinte de ces yachts qui permettent de gagner du temps en mer pour mieux profiter des mouillages de rêve et des excursions à terre. Pour cela, il fait appel à une carène aux entrées d’eau fines, à une masse contenue grâce à la construction carbone, et surtout à des hélices de surface – l’architecture mécanique dans l’ADN de Pershing – qui au-delà de la vélocité qu’elles procurent au 8X, lui permettent de signer des rendements économiques. Invité à un test en condition réelle dans la baie de Cannes, nous ne nous sommes pas fait prier pour prendre place à bord. Embarquez avec nous pour cet essai mené tambour battant !
La magie des hélices de surface
Avec les aides que sont les propulseurs de poupe et de proue, le régime régulier des moteurs au ralenti, la douceur et la précision des commandes électroniques de gaz et d’inversion de marche, les manœuvres de port sont moins délicates, même avec des hélices de surface, dispositif pas vraiment favorable à ce type d’exercice… Aux mains de son capitaine, le long cigare italien de 84 pieds quitte son emplacement sans encombre. Le directeur technique du Ferretti Group profite du laps de temps qui nous sépare de la bande littorale des 300 mètres, pour bien nous préciser que le 8X n’est pas dérivé du Pershing 82, mais est entièrement nouveau, de la quille jusqu’au fly. Ajoutant que la construction est 100% fibre de carbone (coque, pont, superstructures) pour obtenir un meilleur rapport poids/puissance et abaisser le centre de gravité. Notre bateau d’essai est l’exemplaire numéro 4 et sa carène planante, qui affiche un angle de 20° au tableau arrière (donc un V plutôt profond pour un yacht de cette dimension), héberge deux diesels MTU de 2 638 chevaux chacun, soit la monte optionnelle, la version de base se contentant des mêmes 16 cylindres en V, mais « dégonflés » à 2 435 chevaux. Les puissants moteurs allemands entraînent ici des lignes d’arbre avec hélices de surfaces spécialement calibrées par Top System pour ce Pershing. Le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est probant puisque nous allons relever 50,7 nœuds au régime maxi de 2 450 tr/min, là où le chantier annonçait 48 nœuds…
Belle performance donc qui valide un dessin de carène sportif et d’une grande pureté, avec virures parallèles surmontées d’un bouchain vif, mais aussi l’économie de poids réalisée grâce à la construction en fibre de carbone. Cette légèreté (57 tonnes tout de même !) permet au 8X de planer dès 1 500 tr/min, soit 16,5 nœuds. Dans la foulée, le Pershing déploie ses ailes (comme celles qui soutiennent son fly), accélérant énergiquement dès lors que les deux hélices ont « vissé », après l’habituelle et nécessaire phase de ventilation qui fait que les bateaux équipés d’hélices de surface sont assez lents à déjauger. De 1 500 tr/min à 2 450 tr/min, ce n’est que du bonheur, que l’on savoure de voir l’interminable pont avant survoler les flots ou que l’on se tourne vers le sillage où les hélices déchirent la mer pour dresser une crête d’écume de plusieurs mètres de hauteur, laquelle s’incline au gré de la gîte intérieure de la coque dans les grandes courbes que nous enchaînons avec plaisir aux commandes de cette carène réactive et précise. Un régal !
Des rendements épatants
Autre argument en faveur des hélices de surface, leur efficience une fois le bateau lancé. Rendez-vous compte que de 1 750 à 2 450 tr/min, soit de la première allure de croisière significative à la vitesse maxi, les rendements sont quasiment les mêmes avec, que ce soit à 26,1 nœuds ou à 50,7 nœuds, une autonomie qui tourne autour de 300 milles ! Dès lors, éprouver la pointe de vitesse du 8X devient tentant. Après tout, à cette allure, Calvi n’est qu’à deux heures de Cannes… Une vraie balade, qui peut s’avérer tout aussi reposante pour le pilote qui peut, en réduisant l’allure à 40 nœuds, piloter d’une seule main avec le joystick. Une première avec des hélices de surface, avec contrôle électronique de l’assiette (trims, flaps), ainsi que l’ancre virtuelle (inaugurée avec le 9X). Autre mesure, celle du niveau sonore. A 1 900 tr/min, notre sonomètre relève 81 décibels dans la master et 77 au poste de pilotage, des valeurs plutôt élevées, mais à rapporter à la vitesse qui est déjà de… 35 nœuds.
Bien installé face à son tableau de bord, tant esthétique que fonctionnel, le capitaine peut échanger avec deux « copilotes » puisque le 8X offre trois beaux fauteuils tendus de cuir Poltrona Frau. La visibilité est excellente grâce, notamment, à des montants de fly discrets. Appréciables aussi, les deux portes latérales donnant accès direct aux passavants… En dépit de la présence du flybridge, une partie du toit, au-dessus de la timonerie, s’ouvre électriquement pour aérer le niveau inférieur. Le poste de pilotage supérieur dispense à peu près le même confort que celui du pont principal avec, lui aussi, trois confortables sièges. De retour au port, laissons l’équipage tourner les amarres pour nous intéresser de plus près au 8X dans son aspect statique…
Sonorisation sous-marine
Oui, mais même à l’arrêt, le Pershing semble en mouvement ! Ceci grâce à son profil dynamique, dû à la main experte de Fulvio De Simoni, designer attitré de la marque créée par Tilli Antonelli en 1985. Avec son allure de sport-fly qui, tout en exploitant la surface supérieure pour offrir un second poste de pilotage et un grand solarium évite des superstructures envahissantes, le Pershing avec sa couleur argent métallisé fait tourner les têtes. Sans parler des ailes latérales arrière qui ajoutent une dimension « vaisseau spatial ». Bref, difficile de ne pas succomber à cette « plastique » avantageuse qui illustre bien la philosophie de ce chantier, depuis toujours tourné vers la vitesse. La grande plateforme de bain est desservie par deux larges escaliers, via des portillons siglés 8X, encadrant le garage à annexe où loge un semi-rigide Williams. Le cockpit (22 m2) dispose d’un immense solarium qui vient s’ajouter à ceux du pont avant et du fly, ce triptyque de farniente proposant une surface peu commune. Un petit carré et une grande banquette complètent ce lieu de détente qui permet d’apprécier la prouesse esthétique que constitue l’intégration de l’escalier qui monte au fly dans l’aile de carbone bâbord. Qualifié de sundeck, le fly offre donc un grand bain de soleil tenant compagnie au poste de pilotage supérieur. Toujours à l’extérieur, le pont avant se compose d’un confortable lounge et d’un solarium de belles dimensions, le tout pouvant être ombragé par la présence d’un bimini tendu par quatre perches en carbone. Ce dernier sera apprécié lorsque le lounge sera converti en dînette.
A l’intérieur, l’agencement du pont principal ne réserve guère de surprise : entre deux généreuses baies vitrées, se succèdent un grand canapé en U, une salle à manger pour six convives (huit en se serrant), puis le poste de pilotage. Salle à manger qui, sur demande, peut être remplacée par un bar avec tabourets hauts. Précisons tout de suite que la cuisine se situe au pont inférieur, accessible par l’escalier qui dessert les quartiers d’équipage comportant deux cabines (l’une avec lit double pour le capitaine, l’autre avec deux couchettes pour les marins) se partageant une salle d’eau. Pour ce qui est des invités, ils se répartissent dans trois cabines doubles (un VIP dans l’étrave et deux twins), chacune dotée d’une salle d’eau tandis que le propriétaire occupe une grande suite, pleine largeur, au centre du navire : petit bureau, dressing, salle de bain raffinée encadrent un lit de 200 x 180 cm. Deux grandes « fenêtres » diffusent la lumière naturelle. Partout, la hauteur sous barrots est de deux mètres.
Enfin, c’est l’entreprise italienne Videoworks qui a installé le matériel vidéo et sonore du X8, le must étant le « Music-Hull » : la possibilité d’écouter de la musique sous l’eau lorsqu’on nage ou plonge près du bateau grâce à un système Hi-Fi innovant… What else ?