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Présentation
Yacht Class n°15 (dec 2018/jan-fev 2019)
Ice Yachts
Depuis 2012, le chantier italien Ice Yachts, au savoir-faire incontestable, a développé une gamme de croiseurs où la performance ne nuit jamais au confort. L’ICE 60, signé Umberto Felci, se montre véloce dans les petits airs et ses aménagements, simples mais marins, laissent présager des navigations de standing.
Texte : Christophe Varène – Photos : D.R et l’auteur.
Après la frénésie du dernier Yachting Festival de Cannes, qu’il est doux de partir faire un tour en mer, de savourer des instants de quiétude et de plénitude, de profiter enfin de la navigation à bord de l’un de ces magnifiques voiliers qui font rêver tant de marins, tant de passionnés de la mer et du vent. Si, en plus, le yacht prêt à vous embarquer est racé, élégant et intemporel, alors, le plaisir s’intensifie. L’ICE 60, sagement amarré quai Maxime Laubeuf à Cannes, est un croiseur rapide, moderne, à la robe bleu électrique et aux lignes tendues, épurées. Bien dans la lignée actuelle des productions transalpines, avec étrave droite, poupe large et superstructures légères, ce yacht, bien qu’issu d’un jeune chantier, possède un caractère déjà affirmé, et cela ne surprend pas lorsque l’on découvre ses origines : son architecte n’est autre qu’Umberto Felci à qui l’on doit, par exemple, le Felci 61, dont s’inspire l’ICE 60. Le chantier est installé à Salvirola, aux environs de Milan, dans les anciennes installations de CN Yachts 2000, d’où sont sortis plus de 80 yachts dans ces 30 dernières années. Le savoir-faire, l’expérience et l’exigence sont donc des maîtres-mots dans cette entreprise fondée par Marco Malaga en 2012, après le rachat de Yachts 2000. Aujourd’hui, le catalogue Ice Yachts représente huit monocoques de 33 à 100 pieds et deux catamarans de 61 et 67 pieds, ce dernier étant encore en projet.
Il glisse sur l’eau sans effort
En cette belle matinée automnale, l’équipage embarque sur l’ICE 60 Joy – un nom à l’image du programme ! – par la large plate-forme arrière qui découvre un garage capable d’abriter une annexe de 3,20 m. Aussi efficace, mais moins lourd qu’un système électro-hydraulique, un simple palan – bien démultiplié et caché dans un coffre – permet de relever cette plage de bain et de larguer les amarres. Avec son puissant moteur de 150 ch, Joy quitte le quai et le propulseur d’étrave, bien utile pour lutter contre le fardage lorsque le vent souffle ou pour sortir d’un port encombré, apporte son aide. Une fois le môle dépassé, il est temps d’envoyer la voilure. Le mât et la bôme à enrouleur, signés Southern Spars, sont en carbone, et la grand-voile se déroule avec facilité pourvu qu’on lui donne le bon angle et en utilisant la vitesse rapide du winch électrique. Le génois se déploie dans la foulée et, avec 220 m2 de voilure siglée Diamond Saildesign, l’ICE 60 frémit dans une petite brise de 10 nœuds. La quête perpétuelle sur le gain de poids s’avère efficace – Joy est construit en infusion de sandwich fibre de verre et carbone pour un déplacement de moins de 18 t – et la coque semble glisser sur l’eau sans effort. Les bords de près, vers les îles de Lérins, permettent d’apprécier la capacité du voilier à remonter au plus près du vent : à 29° de vent apparent, le speedomètre annonce 7,2 nœuds. La gite reste raisonnable, mais dans les surventes le barreur au vent apprécie la planche rétractable servant de cale-pieds. Il lui est alors possible de profiter au mieux de la qualité de barre de l’ICE 60 : le toucher est précis, les réactions immédiates. Une risée s’approche, on abat un peu et, à 50° du vent, la vitesse grimpe de 7,5 à 9,0 nœuds puis à 10 en ouvrant un peu les voiles.
Devant le barreur, un écran de grande taille permet une visualisation rapide des données et une large batterie de boutons offre la possibilité de gérer les enrouleurs, le chariot de grand voile, le guindeau, les éclairages… Quatre winches dans le cockpit et deux proches de la descente permettent de contrôler toutes les manœuvres et réglages de voiles. Les commandes hydrauliques du pataras et du hale-bas de bôme se situent à côté du poste de barre bâbord. L’absence du gennaker à bord n’autorise pas de pousser les performances au portant : dommage, car avec ses 320 m2, il aurait sûrement donner d’excellents résultats dans ces petits airs. Le pont flush contribue à rendre les déplacements faciles et sûrs et, si le teck véritable garde une certaine noblesse, le revêtement synthétique de notre bateau d’essai possède l’avantage de la légèreté et d’un entretien rapide. Abrité par les îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, le retour de Joy se passe au moteur, l’occasion d’apprécier son silence – portes fermées dans la cabine avant, difficile de savoir s’il fonctionne ou pas – et son efficacité : si la vitesse de pointe est supérieure à 10 nœuds, la vitesse de croisière se situe aux alentours de 8 nœuds, vers 2 000 tr/min, pour moins de 10 l/h de consommation. Pour les amateurs de régates, le chantier propose des options afin d’affûter davantage l’ICE 60 (suppression de la bôme à enrouleur qui pèse 350 kg, allongement de la quille pour passer de 2,80 m de tirant d’eau à 3,40 m…), mais tel qu’il se présente Joy se montre véloce et facile à manœuvrer en équipage réduit.
Des intérieurs très lumineux
Convaincu par les qualités véliques de l’ICE 60, voyons sa capacité à rendre les croisières confortables en mer, mais aussi au mouillage… On l’a vu, la plate-forme arrière se montre accueillante, et le cockpit n’est pas en reste avec ses larges banquettes et sa table centrale repliable qui laissent augurer de sympathiques dîners en terrasse. Des coffres de rangement en haut de la descente évitent que les drisses et écoutes ne trainent en dehors des phases de navigation. Les cinq marches de la descente, un peu raide mais pourvue de deux solides mains courantes verticales – deux autres sont placées aux angles près de la table à cartes et près du salon – donnent accès au vaste carré. Très lumineux avec abondance de hublots (coque, rouf, pont), son habillage aux couleurs claires, avec des touches de bois déposées ici et là, agrandit ce beau volume qui s’ouvre jusqu’à la cuisine. Celle-ci semble fonctionnelle, y compris en navigation, grâce à sa forme en U et à ses belles dimensions, tout en étant conviviale, proche des passagers dans le salon. En vis-à-vis, une cabine avec lits superposés peut servir à l’équipage, mieux installé ici que dans un poste avant bien souvent exigu, ou d’espace pour installer lave-linge et sèche-linge. En bas de la descente, sur tribord et au bout de la petite banquette du salon, la table à cartes occupe un espace réduit, l’électronique requérant moins de place que les classiques cartes papier. La cabine propriétaire, avec salle d’eau privative, occupe toute la partie avant avec un grand couchage double posé sur un îlot central, pour une fois, assez bas. Si de nombreux rangements et penderies sont répartis autour de cette cabine, un beau volume de stockage se trouve sous le couchage qui se soulève aisément avec deux puissants vérins pneumatiques. Vers l’arrière deux belles cabines invités se situent de part et d’autre de la descente, l’une avec couchage double, l’autre avec deux lits simples. Deux cabinets de toilette, dont l’un privatif depuis l’une des cabines, complètent les aménagements. L’ICE 60 est également disponible avec une configuration à trois cabines : la cuisine retrouve une place plus habituelle au pied de la descente et l’espace de la cabine équipage supprimée est intégré dans le carré qui gagne en superficie avec une table à cartes plus spacieuse.
Une version régate
Racé, véloce et confortable, l’ICE 60 est un yacht bien dans l’air du temps, avec un programme qui laisse le choix entre régate et croisière. Bien sûr, selon que le propriétaire penche davantage vers l’une ou l’autre de ces activités, le chantier propose des variantes d’optimisation. Les régatiers acharnés peuvent ainsi opter, entre autres, pour un pont entièrement en carbone, une quille relevable, des safrans carbone ou une bôme Park Avenue ; tous ces éléments réduisent le devis de poids et améliorent, très probablement, les performances. Les adeptes de la croisière se laissent davantage tenter, par exemple, par un pont en teck élégant et chaleureux, un dessalinisateur, des coussins pour solarium et une cave à vins. Quelles que soient les décisions prises, le chantier Ice Yachts apporte un haut niveau de qualité dans la construction et dans le soin apporté aux finitions. Alors, entre un ICE 60 au tempérament de feu ou un ICE 60 au comportement cool, chaque armateur trouvera la température qui lui convient.
Réactif à la moindre risée, l’ICE 60 s’appuie à la gîte sur son franc-bord important, allonge sa flottaison et laisse apprécier son vaste cockpit où se regroupent les manœuvres.