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Présentation
Yacht Class n°23 (dec 2020/jan-fev 2021)
Gunboat
Le Gunboat 68, avec trois unités produites et deux en construction, représente une philosophie à part dans l’univers des catamarans de croisière haut de gamme. Si ses performances sous voile laissent la concurrence loin derrière, ses aménagements, son confort et sa construction lui ouvrent grandes les voies de la navigation autour du monde.
Texte : Christophe Varène – Photos : DR
Pour une fois, on se féliciterait presque que la brise soit légère, qu’Eole soit aux abonnés absents. Au large de La Grande Motte, là où se trouve son chantier de naissance, le Gunboat 68, troisième unité de cette série présentée en 2017, va pouvoir mettre en évidence ses capacités à profiter du moindre souffle pour glisser sur l’onde, une aptitude rare, mais recherchée : le meilleur moment sur un voilier n’est-il pas celui où l’on coupe le contact pour se laisser bercer par la mélodie des vagues et du vent ? Et ce catamaran atypique, dans cette nouvelle version initiée par un propriétaire féru de régates et de performance – il dispute le très concurrentiel circuit des GC32, catamarans à foils de compétition – a été optimisé en ce sens avec un mât rotatif plus haut de 4 m, un longeron central allongé pour augmenter la surface des voiles avant et des dérives plus profondes augmentant le tirant d’eau à 4,50 m. Depuis le cockpit de manœuvres, situé au pied du mât, devant la superstructure du bateau, les voiles en 3Di de chez North Sails sont hissées à l’aide des quatre winches Harken 990, dont le plus rapide avale drisse ou écoute à grande vitesse – 3 m/s ! – et le voilier prend aussitôt son envol. Avec un vent oscillant entre 6 et 8,5 nœuds, la vitesse, sous grand-voile et A3 (gennaker sur enrouleur), varie entre 6,5 et 9 nœuds.
L’ergonomie très étudiée du cockpit
Au cours des différents changements de voiles, le cockpit démontre toute son ergonomie, pour un équipage réduit, et sa technicité avec ses bloqueurs issus de la compétition, ses réglages de rotation du mât, le contrôle de charge des haubans, les drisses fines avec système de hook automatique… Le choix de placer tous ces éléments en avant sur le bateau répond à plusieurs critères : bien séparer les espaces entre les passagers et les marins (les manœuvres se font sans danger pour les invités qui conservent une certaine intimité), la meilleure visibilité sur l’ensemble du plan de voilure pour les réglages, la proximité avec le barreur installé à l’intérieur au poste de navigation et de barre. Une option permet d’installer deux sièges baquets à l’arrière avec une barre franche pour une expérience de pilotage digne des multis de la course au large. La cellule de navigation située à l’intérieur est, elle aussi, un modèle du genre avec sa barre à roue centrale, ses commandes de réglage pour le mât pivotant, l’écoute et le chariot de grand-voile, ses grands écrans de contrôle, ses manettes moteur accessibles près d’une porte, sa visibilité sur l’ensemble du bateau – complétée par des caméras fixées sous le trampoline et dans le mât vers l’avant et l’arrière.
Quelques bords plus près du vent, sous J2 puis sous J1, laissent apercevoir le potentiel du Gunboat 68 dès que le vent se renforce quelque peu : autour de 15 nœuds de vent, les deux coques fendent les flots à 13-14 nœuds à 45° du vent apparent, avec une gîte un peu plus marquée que sur un catamaran de croisière plus conventionnel. Le retour au port donne l’occasion de tester, malgré tout, les moteurs, deux Yanmar de 80 ch, pour une allure de croisière de 9 nœuds. Le propulseur d’étrave rétractable facilite l’arrivée au ponton : une alarme se déclenche au-delà de 3 nœuds s’il se trouve en position basse.
Entre cata de croisière et multi de course
Les amarres frappées, un tour d’horizon sur le pont s’impose pour apprécier les points de détail qui font la différence. Deux beaux escaliers dans les jupes mènent à l’eau et dans le coffre du bas, on apprécie le système de relevage des safrans pour diminuer le tirant d’eau à 1,20 m et accéder à des mouillages au plus près du rivage. Les deux winches arrière servent au réglage du chariot de grand-voile, mais peuvent aussi reprendre les écoutes de spi. La circulation par les passavants est facile et l’on remarque au passage, sur le rouf, les panneaux solaires de grande surface et résistants. En avant du mât, deux coffres servent de stockage sur bâbord et de logement pour la centrale hydraulique à tribord. De même, les soutes dans les pointes ont des destinations différentes : le propulseur d’étrave occupe celui de bâbord et les voiles se rangent à tribord.
L’univers de la navigation, en particulier à la voile, regorge de paradoxes, le plus fameux d’entre eux étant celui d’appeler « plaisance » le moyen « le plus lent, le plus inconfortable et le plus cher » d’aller d’un point à un autre (selon nos amis britanniques). Avec le Gunboat 68, certains de ces paradoxes vont être mis à mal – le bateau est rapide et confortable – mais pour aussitôt en faire apparaître de nouveaux. Déjà, au premier regard, ses lignes alimentent la confusion. Etraves inversées, rouf discret, voilure imposante : ce catamaran affiche tous les attributs des machines de course les plus récentes et pourtant, il s’agit bien d’un bateau de croisière, rapide certes, hauturier certes, mais de croisière quand même. Ensuite, sa construction fait appel aux matériaux les plus sophistiqués, issus de la course au large voire de l’aéronautique (tissus carbone en infusion, structure nid d’abeille, titanium…), donc pas forcément les plus durables et recyclables, mais la philosophie du Gunboat 68 repose aussi sur une quête de préservation de l’environnement sur le long terme : parce qu’il se montre véloce, même dans le petit temps, il permet de couper le moteur dès les 5, 6 nœuds de vent lorsque les autres voiliers conservent cette propulsion polluante. De même, les panneaux solaires et l’hydrogénérateur, qui n’a pas d’incidence réelle sur la vitesse du bateau, suffisent à fournir l’énergie du bord et pallient l’absence de générateur classique.
Des finitions soignées mais sans ostentation
Le confort des passagers ne pâtit pas en effet des belles performances du Gunboat 68 car, il ne faut pas l’oublier, ce catamaran a pour vocation d’emmener son propriétaire et son équipage autour du monde. Le cockpit arrière offre ainsi une bonne protection, contre le soleil, le vent et les embruns et un bel espace de convivialité avec ses trois banquettes ou sofa et sa table. L’accès vers le carré se fait par une large baie et l’on remarque aussitôt le poste de barre central. Mais sur tribord, un salon avec table pour les repas profite d’une belle vue panoramique, tout comme la cuisine située sur bâbord. Un meuble central sert de rangement, mais aussi de plan de travail ou de comptoir. L’ensemble est bien regroupé et fonctionnel. La cabine armateur se trouve dans la coque tribord et en occupe une grande longueur avec un coin bureau, un vaste lit double transversal avec vue sur mer par un long hublot de coque, des penderies et rangements et une belle salle d’eau avec lavabo et cabine de douche à l’avant. L’arrière de la coque reçoit une cabine invités avec salle d’eau privative. Sur le même principe, deux cabines invités occupent la majeure partie de la coque bâbord, mais si elles ont chacune leur cabinet de toilette, elles se partagent la cabine de douche centrale avec double accès. Dans la pointe, le poste équipage comprend deux lits superposés et un cabinet de toilette. Des finitions soignées, sans être ostentatoires, des aménagements marins, le recours à des technologies maîtrisées venues de domaines high-tech et de belles performances à la voile : une incroyable alchimie qui aboutit au Gunboat 68.
Gunboat : Chantier en quête d’excellence
Avec une identité très marquée dès son origine, le chantier Gunboat a connu des débuts difficiles. Très connu outre-Atlantique où le concept est né en 2002, les premiers bateaux ont soufferts d’un manque de qualité avec une construction imprécise, que ce soit aux Etats-Unis ou délocalisée en Chine et en Afrique du Sud. Le rachat par le groupe Grand Large Yachting, composé des marques Allures (voiliers dériveurs en aluminium), Outremer (catamarans de grande croisière), Garcia (yachts de grande croisière), Alumarine (navires professionnels) et Océan Voyager (catamaran de day-charter) a permis à la production de Gunboat de réaliser un saut qualitatif symbolisé par le 68. Le Bureau d’études travaille avec ce qui se fait de mieux dans le monde de la construction nautique en associant à ses projets le cabinet VPLP, le bureau de Michel Desjoyeaux, Mer Agitée, les designers Christophe Chedal Anglay, Patrick Le Quément et les meilleurs fournisseurs, comme Lorimar, Cariboni, North Sails. La recherche de qualité se fait dès la conception avec une modélisation 3D de tous les éléments, des modes opératoires bien définis pour chaque poste de travail, de nombreux contrôles à chaque étape et une communication continue entre les ingénieurs et les opérateurs. La proximité avec le chantier Outremer permet aussi de mutualiser certaines ressources ou services. De quoi rassurer et satisfaire les clients les plus exigeants.