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Présentation
Yacht Class n°19 (dec 2019/jan-fev 2020)
EXCESS – Construction Navale Bordeaux
Lancer une nouvelle marque est un challenge d’importance, même pour le groupe Beneteau. L’Excess 15 remplit à la perfection le cahier des charges fixé en se montrant véloce et réactif à la barre, et en se dotant d’aménagements où le sens marin donne toute sa mesure.
Texte : Christophe Varène – Photos : DR
Lorsque le ciel y met du sien, un essai en mer gagne en intérêt et prend toute sa saveur. S’il s’agit en plus de l’un des voiliers les plus attendus lors des salons d’automne, la sortie programmée devient passionnante. Et, pour finir, si l’un des marins du bord, Marc Guillemot en l’occurrence, possède une expérience hors-norme de la course au large, l’aventure s’annonce complète et instructive. Alors oui, la matinée s’annonçait triste à Port Adriano, dans le sud-ouest de Majorque, aux Baléares, avec une petite pluie qui, comme le dit le dicton, abat grand vent, mais décide de s’éloigner et de laisser s’établir une jolie brise oscillant entre 10 et 15 nœuds. Oui, cet Excess 15 n’a fait qu’attiser la curiosité de tous les acteurs de l’industrie nautique et des plaisanciers. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’un des leaders mondiaux du nautisme, le groupe Beneteau, annonce la création d’une nouvelle marque, avec l’ambition de proposer des catamarans porteurs de sensations ? Et oui, Marc Guillemot peut se targuer d’un formidable palmarès avec nombre de podiums lors de courses aussi prestigieuses que le Vendée Globe, la Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre. Son vécu va permettre d’évaluer le comportement en situation de l’Excess 15.
Un cata qui se montre ardent !
Avec un seul propulseur, la sortie du port est une simple formalité et très vite il est temps de hisser la grand-voile, une opération simple et rapide à effectuer, même en équipage réduit : toutes les manœuvres sont à portée de main du poste de barre tribord et le winch électrique apporte une aide précieuse. L’Excess 15 de cet essai est doté du gréement Pulse Line qui fait passer la surface de voilure de 159,5 à 171,6 m2, pour un gain de puissance estimé entre 5 et 7 %. Le foc autovireur ne demande pas plus d’effort pour être déroulé et aussitôt, notre catamaran se met à vivre. A 40 degrés du vent apparent, les 8,5 nœuds sont atteints sans forcer et, dans une belle adonnante, alors que le bateau se montre plutôt ardent, il faut compter un nœud supplémentaire. Lorsque le barreur décide d’ouvrir un peu l’angle entre 110 et 120° et que le Code 0 remplace le foc, le bateau accélère encore et se situe autour de la barre des 10 nœuds. Surtout, et c’était là tout l’enjeu du pari – et de la promesse – fait par les concepteurs de cette nouvelle marque, l’Excess 15 montre une belle réactivité à la barre, confirmant le savoir-faire du cabinet d’architectes VPLP. Le choix des deux postes de barre, par opposition au poste unique situé en hauteur, s’avère très intéressant avec d’une part une excellente visibilité sur les voiles, le plan d’eau et les coques – en particulier, pour ce dernier point, grâce à l’utilisation de verres très clairs pour les baies du carré – et d’autre part beaucoup de précision et de sensations liées à l’utilisation en direct de drosses en Vectran. Laissons à Marc Guillemot le soin de conclure cet essai : « Je ne m’attendais pas à ce que cela avance aussi vite, tout de suite autour des 8,5 nœuds. Ce n’est pas un bateau de course – je n’ai pas trop le réflexe « bouton » pour régler les voiles avec les winches électriques, mais on a quand même des sensations. Cela ne me déplairait pas de faire une traversée, peut-être en allégeant un peu le bateau pour naviguer, sous grand-voile à un ris et gennaker, à l’allure de pêche pour les dorades coryphènes. » Un joli compliment par un marin qui sait de quoi il parle. Pour alléger le bateau, Marc Guillemot enlèverait bien certains éléments, comme la climatisation, qui ne correspondent pas à son activité de coureur au large, mais qui démontrent que l’Excess 15, s’il fait preuve de vivacité, sait aussi se faire doux et confortable pour son équipage. Dès le premier pas à bord, de nombreux détails confirment que ce catamaran est bien fait pour naviguer avec plaisir. Les banquettes des postes de barre sont élégantes, plus adaptées à la navigation sous pilote automatique, mais surtout elles se replient en un tournemain pour libérer l’accès vers les jupes arrière. Suspendue aux bossoirs, l’élégante annexe Highfield s’est mise aux couleurs de l’Excess 15, subtil mariage de gris et d’orange. Sous l’immense casquette qui couvre le cockpit, trois banquettes attendent de recevoir les invités qui pourront aussi profiter de la convivialité d’une table spacieuse. Mais cette casquette est composée en majeure partie d’un store coulissant, très simple à manipuler, pour profiter du soleil à la mi-saison ou rafraîchir cet espace au portant : une astuce bien venue.
Le flotteur tribord pour la suite propriétaire
Une large baie à double battant donne sur le carré où les aménagements signés Nauta Design font preuve de modernité, de simplicité et de fonctionnalité. Le salon sur l’avant bénéficie de la vue panoramique par les nombreuses baies équipées, on l’a vu, de vitrage clair pour une luminosité optimale. La cuisine, espace de vie essentiel sur un voilier, occupe une place de choix entre l’intérieur et l’extérieur. Même si l’on se trouve à bord d’un catamaran qui par nature ne gite pas, ou peu, les fargues sur les meubles restent bien pratiques. Alors que l’absence d’une rambarde ne sécurise pas le haut des deux descentes situées dans la cuisine. L’Excess 15 de notre essai est configuré dans la version trois cabines. Sur bâbord, deux cabines invités, avec couchage double et salle d’eau privative, présentent des volumes équivalents et de nombreux rangements dont des vide-poches en cuir, chics et utiles. La suite armateur occupe toute la coque tribord et l’on trouve ainsi en enfilade la chambre avec un vaste couchage sur îlot, un salon/bureau avec penderie et bibliothèque, des toilettes indépendantes et une salle d’eau avec double vasque et cabine de douche. Sur toute la longueur, les hublots de coque et de pont apportent vue et clarté dans cet espace sobre et chaleureux. Au final, comme le souhaitait Bruno Belmont, en charge du développement de cette marque depuis le début, l’Excess 15 relève avec réussite le pari lancé : être un bateau vivant à la barre, susceptible de séduire même les adeptes des monocoques, et confortable avec des aménagements simplifiés, mais soignés et de qualité. A consommer avec Excess !
Yann Masselot (Directeur général de CNB)
« Des catamarans plus vifs et prêts à naviguer«
« Le projet Excess, qui a commencé à germer dès 2008, vient de l’étude de la production actuelle de catamarans. 90 % se situe sur la zone du marché misant sur le confort et le luxe, par opposition aux 10 % restants qui se positionnent entre simplicité et sensation. La gamme Excess – aujourd’hui les 12 et 15, bientôt rejoints par les 11 (présenté à Düsseldorf en janvier 2020), 13 et 14 -, ambitionne de se placer au centre de cet univers et d’en concilier toutes les facettes. De plus, ce marché qui est passé de 5 à 50 % du chiffre d’affaires mondial en 20 ans est devenu plus mature avec des clients qui, aujourd’hui, en sont à leur deuxième, voire troisième catamaran. Nous avons donc fait de gros efforts sur la performance en optimisant le gréement (grand-voile à corne, mât plus haut et plus reculé, bôme plus courte…) et en améliorant le ratio nacelle/maître bau en raccourcissant la nacelle centrale, entre autres points. Nous visons donc ainsi la clientèle des « experts » en catamarans, mais aussi celle des jeunes (30-40 ans) qui adorent zapper d’un loisir à l’autre et en leur proposant un support favorisant la multiactivité : la pratique de la voile, mais aussi du voyage, du kitesurf, du paddle… Notre stratégie commerciale consiste à proposer des bateaux prêts à naviguer, c’est-à-dire dont le prix de base comprend la grand-voile à corne, le winch électrique, un pack électronique, les bossoirs d’annexe, un circuit 220 V et un parc de batteries. L’Excess 12 est ainsi lancé à 311 000 € HT et l’Excess 15 à 625 000 € HT. »