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Présentation
Yacht Class n°18 (sept-oct-nov 2019)
Custom Line – Ferretti Group
Une silhouette qui capte le regard, une offre en termes de « confort embarqué » de très haut niveau, tant par les espaces à vivre que par les équipements, placent ce grand Custom Line dans le groupe de tête des yachts de sa catégorie. La latitude donnée à l’armateur dans le choix du plan d’aménagement et de la décoration fait aussi partie des arguments de séduction.
Texte : Philippe Leblond – Photos : DR
Parallèlement aux nombreux modèles de la série Navetta, dont le 42 mètres qui a été lancé conjointement avec le Custom Line 120 l’an dernier, ce dernier se pose en alternative : silhouette plus élancée, performances plus élevées mais volume habitable moindre. Ce 120 pieds (en fait 126), qui sera bientôt suivi d’un 106 pieds, a fait belle impression lors de sa première mondiale au Yachting Festival de Cannes (2018). C’est d’ailleurs le premier Custom Line sorti de la planche à dessins de Francesco Paszkowski, et le moins que l’on puisse dire c’est que ses lignes ne laissent pas indifférent. Le designer milanais a su donner du rythme à la silhouette, « ajourant » le gros œuvre polyester en soulignant chacun des trois ponts avec de longues surfaces vitrées. Malgré ses dimensions, ce 38 mètres dégage une impression de légèreté. Et ce n’est pas qu’une impression, car la construction en composite a été réalisée en infusion, et l’apport de carbone a aussi entraîné une économie de poids tout en générant une plus grande rigidité structurelle de l’ensemble coque/pont. L’élégance des proportions naît aussi du bel équilibre existant entre le volume intérieur habitable est les espaces de vie extérieurs. Ayant embarqué par le cockpit, l’ouverture électrique de la monumentale baie vitrée de la réception nous invite, sans plus attendre, à la découvrir…
La baie vitrée de cockpit à double système
Cette audace, qui consiste en cette porte vitrée à double système, inclinée à 45° et actionnée par de puissants moteurs électriques, a de quoi surprendre. Même si cette originalité a valu au Ferretti Group une distinction lors des Boat Builder Awards, à Amsterdam, nous ne sommes pas totalement séduits. Certes, lorsqu’elle est fermée, donc à 45 degrés cela crée un volume esthétique (surtout vu du cockpit)… Certes, la prouesse technique – relever à l’horizontale, à la force de vérins : 1,5 tonne de verre et d’inox – fait son petit effet, mais l’espace nécessaire à la cinématique induit une perte substantielle de surface au sol dans le salon, car lorsqu’elle est fermée, on se trouve bloqué, face à un pan incliné. Heureusement, son ouverture à double système permet de l’ouvrir à demi. Par ailleurs, elle ne peut rester ouverte si le bateau navigue à plus de 12 nœuds… Opérons, pour notre part, un 180° et profitons de la belle perspective offerte par cette réception. Ce sont environ 60 m2 qui se présentent aux invités, l’espace étant harmonieusement distribué entre les canapés et sièges rotatifs (Roche Bobois) et la grande table de salle à manger en marbre, autour de laquelle huit convives peuvent prendre place (dix en se serrant). Le petit bar situé à l’entrée du living-room occupe une situation stratégique de sorte qu’il peut servir les hôtes assis sur les canapés à l’intérieur, ou à l’extérieur sur le salon de pont du cockpit. L’endroit est généreusement abreuvé de lumière naturelle grâce aux larges baies vitrées pleine hauteur. En poursuivant vers l’avant, la coursive bâbord aboutit à la cuisine, avec vue mer. En empruntant la coursive tribord, on passe par le vestibule d’où l’escalier plonge vers les cabines invités situées au pont inférieur. Après les toilettes de jour, on pénètre dans la suite propriétaire. Cela commence avec un grand dressing et un bureau, puis dans la cabine proprement dite, entre les cloisons revêtues de bois ou de cuir étendu, on trouve un coin boudoir, le lit king size dans le sens de la marche, et une grande salle d’eau pour laquelle le chantier n’a pas lésiné sur le marbre. D’une baie vitrée à l’autre, il doit bien y avoir sept mètres puisque la suite propriétaire occupe la largeur totale du bateau en l’absence de passavants à cette hauteur. Au pont inférieur, les invités ne sont pas mal traités non plus, bénéficiant d’amples vitrages de coque qui rendent les cabines lumineuses. Deux pour les VIP, avec lit double, et deux pour les invités ou les enfants, avec lits jumeaux. Ces quatre cabines possèdent, comme il se doit sur un yacht de ce standing, chacune sa salle d’eau. Accessible par un autre escalier, les quartiers d’équipage se trouvent plus en avant, et comportent un carré/cuisine et quatre cabines pour sept équipiers, toutes agrémentées d’une salle d’eau, le capitaine bénéficiant d’une cabine à lit double.
Une touche d’asymétrie
C’est à l’extérieur, en déambulant sur les différents niveaux de pont, que l’on mesure l’originalité de l’architecture de cette unité. A la manière du Sanlorenzo SL102′, mais dans une moindre proportion, le nouveau Custom Line se révèle asymétrique. Les deux escaliers qui mènent au pont supérieur ne partent pas du tout du même endroit. L’un vient du cockpit, à bâbord, l’autre du passavant tribord, à hauteur de la timonerie. De sorte que la coursive qui circule autour de la superstructure supérieure impose de faire un long parcours pour redescendre au pont principal. Etonnant. Quoiqu’il en soit, les espaces extérieurs apportent leur dose de bien-être, qu’on fréquente les vastes solariums du pont avant, ou plus vers l’étrave, un lounge de plein air. Entre les deux, un garage à annexe s’intègre à la ligne de pont. Hormis le grand cockpit à la poupe, d’où deux escaliers mènent à la plage de bain qui se transforme en beach-club lorsque le tableau arrière est ouvert, le tender mis à l’eau et que les parasols sont déployés, le lieu de détente privilégié reste le pont supérieur, accessible par les deux escaliers précités et celui venant de la timonerie située à l’entre-deux ponts. Deux longs et confortables sofas, situés sous le hard-top, prennent place au centre de deux plaisirs majeurs sur ce type de navire : le bar/grill et le jacuzzi assorti d’un triple transat, pour prendre le soleil. Ou pas, puisque l’intégralité du pont peut être ombragée par de grands tauds… Les plus concernés par la navigation tiendront compagnie au capitaine à son poste de pilotage supérieur, où une console de commandes déportée permet de mieux appréhender les manœuvres délicates.
Deux maître-mots en navigation : confort et silence
En douceur, la longue coque du Custom Line 120 s’extirpe de l’étroit mouillage qui est le sien dans le cadre du Yachting Festival de Cannes. Les deux gros V16 MTU, développant chacun 2 638 chevaux, sont quasi inaudibles du poste de pilotage au pont supérieur. Il est vrai que le chantier d’Ancône a mis les petits plats dans les grands au plan de l’isolation phonique avec des « couches » supplémentaires dans les cloisons et les planchers, afin de réduire au maximum les bruits en provenance des moteurs et des générateurs. Et le résultat est là, comme nous avons pu le mesurer en navigation avec, au ralenti, 54 dB dans le salon et 47 dans la master, et au régime de croisière (2 200 tr/min), 68 dB dans le salon, 61 dans la master. Autre satisfaction, même lorsqu’on va pousser les accélérateurs à distance du port de Cannes, les très faibles vibrations ressenties, où que l’on se tienne sur le yacht. La douceur est le mot clé lorsqu’on évoque cette sortie d’essai, que ce soit pour les commandes, lors des changements de régime ou du passage dans le gros clapot et le résidu de houle de près d’un mètre. Idem lors du croisement des sillages d’autres grosses unités en direction de Théoule-sur-Mer, même à la vitesse maxi de 25,4 nœuds. Un chiffre « raccord » avec les 25 nœuds revendiqués par le chantier, et obtenus avec les trois-quarts du plein de gazole (12 500 litres), la moitié du réservoir d’eau (1 500 litres) et une bonne dizaine de personnes à bord. La carène découpe la Grande Bleue en silence et sans effort apparent, défléchissant efficacement sa vague d’étrave. Elle devrait assurer, de surcroît, un confort en navigation remarquable par mer formée, grâce à l’action des stabilisateurs électrohydrauliques qui l’équipent. A la vitesse de croisière rapide, 21,5 nœuds à 2 200 tr/min, le confort est absolument remarquable. Si l’emploi du temps de l’armateur ne le presse pas, il peut décider de réduire l’allure, au bénéfice d’une plus grande autonomie. Ainsi à 16,3 nœuds (1 800 tr/min) le Custom Line 120 est capable de couvrir plus de 500 milles sans ravitailler. Et si l’allure tombe à 10 nœuds, il peut tripler la distance ! De retour dans le Vieux Port de Cannes, le capitaine attaque sa manœuvre. La vitesse au ralenti étant de 6,5 nœuds, il ne faut pas « s’endormir » en jouant des inverseurs, car le couple transmis aux hélices de grand diamètre par les diesels allemands est phénoménal. Mais, les commandes sont douces et précises, et c’est tout juste si l’homme de barre eut à donner un petit coup de propulseur d’étrave (il y en a aussi un à la poupe) pour reprendre ses amarres sans encombre.
Pour Custom Line, il ne fait guère de doute que cette première collaboration avec Francesco Paszkowski, probante tant pour son travail sur le style extérieur que l’architecture intérieure, devrait trouver un prolongement. De ce grand yacht en matériaux composites émane une impression de luxe et de classe témoignant du savoir-faire du chantier d’Ancône qui, avec CRN, maîtrise la construction de superyachts à l’unité.