Présentation

Yacht Class n°37 (juin-juillet-aout 2024)

CNB yachts – solaris group

Le CNB 78, premier modèle de la marque depuis son passage sous la bannière Solaris, était attendu et le moins que l’on puisse dire est qu’il ne déçoit pas. Doté des marqueurs attachés à son nom, il démontre la forte implication de son nouveau chantier qui a mis tout son savoir-faire, et des finitions soignées, pour réaliser un yacht élégant, confortable et facile à naviguer.

Texte : Christophe Varène – Photos : DR

Certains sports connaissent bien ce phénomène : lorsque le mercato s’enflamme, les transferts agitent les médias. Aussi, lorsque la marque CNB a rejoint Solaris Yachts, les commentaires sont allés bon train : comment conserver son ADN d’origine, quel bénéfice va apporter la nouvelle structure, en bref, la greffe va-t-elle prendre ? La présentation du premier CNB 78 au dernier salon de Cannes apportait des éléments de réponses, pour la plupart positifs, mais un essai avec le deuxième exemplaire de la série dans les eaux de Monfalcone, près de Trieste, où se situe le chantier Solaris, allait confirmer ce premier aperçu. Un coup de Bora, vent de nord-nord-est aussi soudain que violent en Adriatique, annule la première sortie (rafales à 35-40 nœuds et pluie diluvienne), mais donne l’opportunité de découvrir le chantier et un bel outil de production : un écrin de qualité pour la conception et la construction des CNB, avec une montée en gamme qui se distingue dès le premier regard. On y découvre en particulier des mock-up, maquettes à l’échelle 1:1, des aménagements des futurs unités, les CNB 62 et 88. Une manière immersive, au plus près de la (future) réalité, de sentir les volumes et les déplacements.

Un pont latté raffiné

La journée suivante se révèle propice à une belle sortie en mer, mais après avoir pris le temps de découvrir dans ses moindres recoins cette unité qui, forte de l’ADN de CNB, aspire aux longues croisières. Si la construction est désormais à 100 % italienne, l’architecture et le design intérieur conservent leurs ascendances françaises. Philippe Briand a signé une carène qui, si elle possède la même largeur que le CNB 76, conserve ce maître bau sur toute la moitié arrière, gage de stabilité et de volume intérieur. On peut ainsi loger dans le garage une annexe de type Williams de 3,95 m en longitudinal et, dans l’espace attenant, une « station » de plongée. Petit plus apporté par les Italiens, pour la mise à l’eau, l’annexe glisse sur des rouleaux qui sont ensuite escamotés pour conserver une plate-forme de bain sans aspérité. En continuant d’arpenter le pont, dont les lattes sans joints transversaux visibles semblent en continu sur toute la longueur, on apprécie aussi l’absence de marches, remplacées par une pente douce qui court de la poupe à la proue, et la qualité des éléments d’accastillage retenus : panneaux de pont, enrouleurs hydrauliques, bout-dehors carbone, tout est prévu pour faciliter l’usage et résister dans le temps. Les déplacements sont sécurisés par la prise dans le profil du rouf légèrement surélevé. Vers l’étrave, la grande soute à voiles est susceptible d’abriter une cabine équipage.

Une profusion de lumière à l’intérieure

Avant de descendre, un coup d’œil au salon de pont permet d’apprécier son ergonomie où sécurité (avec les mains courantes des dossiers), convivialité (un coin repas avec grande table abaissable en bain de soleil) et circulation (accès libre vers la descente déportée sur tribord) sont les maîtres-mots. La porte de descente électrique coulisse sur la gauche et les marches incurvées avec une main courante verticale facilitent l’accès vers le carré où lumière et visibilité sont criantes : les baies du rouf, les hublots de coque, la baie qui double la porte arrière sont autant de sources de clarté. Sur bâbord, le coin repas réunit une banquette en U autour de deux tables pliantes et abaissables, tandis que sur tribord un petit espace détente s’agrémente avec la table nichée dans un placard où se trouvent également les machine à café et à glaçons. L’atmosphère intérieure, que l’on doit à Piaton Yacht Design, se veut apaisante et dépouillée, avec des matériaux simples et naturels. En empruntant la coursive avant, on dépasse deux cabines invités identiques, avec chacune sa salle de bain, pour arriver à la suite armateur : la partie couchage avec son grand lit double est séparée de la salle d’eau et du bureau par un claustra en bois qui conserve l’effet de volume. En revenant à l’arrière, on trouve l’espace dédié à l’équipage avec une cabine double, son cabinet de toilette, la cuisine claire et fonctionnelle, ainsi que la table à cartes d’où l’on peut aussi gérer toute la partie technique du bateau.

Douceur et réactivité à la barre

Voici venu le moment de larguer les amarres. Avec quatre personnes à bord, et compte tenu d’une météo enfin (trop ?) clémente, le CNB 78 se révèle facile à manœuvrer. Au moteur, le barreur peut choisir son poste de pilotage, les deux consoles, au design léger et discret, étant dotées sur chaque bord de la même instrumentation. On est surpris par le silence de la motorisation, un diesel Volvo Penta D4 de 175 ch : inaudible à l’extérieur, il se fait très discret à l’intérieur. En poussant un peu à 2 200/2 400 tr/mn, la vitesse s’établit à près de 10 nœuds. Une large batterie de boutons commande l’essentiel des réglages : drisses, hale-bas, pataras, enrouleurs, lumières, garage… En équipage réduit, rien ne semble compliqué à bord, tout est à portée de main dans la zone arrière dégagée et bien séparée de l’espace détente des passagers. Cette unité comporte un mât enrouleur, mais il existe bien sûr les configurations avec bôme à enrouleur ou gréement classique. Grand-voile et génois hissés, dans une petite brise de 7 à 8 nœuds, le CNB 78 glisse aux alentours de 7 nœuds et se montre doux et docile à la barre. Très réactif, les virements s’enchaînent avec aisance, mais hélas, aucune voile de portant n’étant à bord, les performances à cette allure ne sont pas représentatives. Bien équilibré et sensible aux moindres risées, on devine cependant ce CNB 78 apte à avaler les milles lors d’une traversée océanique, par exemple. Pour en revenir aux questionnements du début de cet essai, on peut donc conclure que CNB, tout en conservant son caractère propre, a su trouver au sein de l’équipe Solaris un environnement favorable à son épanouissement, en élargissant l’offre du constructeur transalpin : un transfert gagnant-gagnant en somme.

Fiche technique

Longueur hors-tout
24,85 m
Largeur
6,10 m
Tirant d'eau
3,50 m
Motorisation
175 ch diesel Volvo Penta D4
Capacité carburant
2 500 l
Eau
1 500 l
Matériau
composite
Déplacement
47,9 t
Surface de grand-voile
160 m2
Surface de génois
144 m
Surface de solent autovireur
405 m2
Prix HT
5 000 000 €
Architecte naval
Philippe Briand
Designer intérieur
Piaton Yacht Design
Constructeur
Solaris (Monfalcone - Italie)

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