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Présentation
Yacht Class n°20 (mars-avril-mai 2020)
Sirena Marine
Un volume habitable exceptionnel pour un 88 pieds, une autonomie de croiseur au long cours, des cabines de grand standing… Le nouveau Sirena donne des envies de voyager en famille sans se priver des amis. Son luxe cosy et sa silhouette dans la tendance ont aussi de quoi séduire.
Texte : Philippe Leblond – Photos : Jeff Brown
Ce n’est pas sans une légitime fierté, ni émotion que les dirigeants du chantier turc ont présenté à la presse, en septembre dernier lors du salon de Cannes, le plus grand de leurs trois yachts. Ipek Kirac, la PDG n’a pas manqué de souligner l’implication de ses collaborateurs pour présenter à temps le 88 RPH au grand rendez-vous cannois : « Les managers ont pour habitude de décrire leur métier comme un travail d’équipe… Pour nous, c’est plutôt un travail en famille. Tous n’ont pas compté leurs nuits blanches et je sais quels sacrifices ils ont consenti pour amener notre entreprise là où elle est aujourd’hui. Je suis fier de travailler à leur côté ! ».
Dans un style qui oscille entre le trawler et la navetta, la marque Sirena Yachts ajoute, à ses 58 et 64 pieds, ce 88 pieds qui endosse donc l’uniforme de vaisseau-amiral. Pour cette ambitieuse unité, Sirena Marine a reconduit la collaboration de German Frers (designer argentin des voiliers Swan) concernant l’architecture navale et le design extérieur, et ce sont Cor D. Rover et son studio de design d’Amsterdam, eux aussi forts d’une longue expérience dans la grande plaisance, qui ont été missionnés pour le style intérieur.
Les délices du flybridge
L’architecture à trois ponts du Sirena intègre un « demi-pont » correspondant à la timonerie et expliquant la présence du sigle RPH (pour « raised pilot house »). Cette timonerie surélevée s’inscrit au-dessus de l’espace de réception et en contrebas de l’avant du flybridge, ce qui donne à ce 88 pieds une allure de « petit superyacht » comme l’ont qualifié les responsables du chantier. Mais pour l’instant, embarquons côté cockpit. Ce dernier est spacieux, avec ses 25 m2. Deux escaliers partent vers la plate-forme de bain, encadrant le garage à annexe qui peut abriter un semi-rigide et un jet-ski. La longue table peut accueillir une dizaine de passagers pour un cocktail, à l’abri de la casquette du fly. De larges coursives extérieures, bordées d’un haut pavois, mènent pour celle de bâbord à la cuisine, pour l’autre, à un escalier qui poursuit jusqu’au pont avant. Ce dernier révèle – surprise ! – une petite piscine habillée de mosaïque et surplombée par un vaste solarium, situé sur le rouf de la cabine armateur. Un niveau plus haut, le flybridge déploie ses 50 m2, coiffé d’un généreux hard top à ouverture électrique, pour le plus grand bonheur des amateurs de soleil, de plein-air et de farniente. Il est donc possible, à loisir, d’y prendre un apéritif accompagné de grillades grâce au bar avec barbecue, autour d’une grande table pour huit convives, d’y « mijoter » dans le jacuzzi ou de bronzer sur l’un des transats. A défaut, il est possible aussi d’y piloter depuis le poste de barre biplace.
Du sur mesure pour les cabines
Pénétrons maintenant dans la réception qui partage le pont principal avec la suite armateur… Une belle surface d’environ 40 m2 dont l’espace est partiellement scindé en deux avec le salon ouvrant sur le cockpit et la salle à manger au contact de la cuisine. Cette dernière, très fonctionnelle, comporte notamment un réfrigérateur- congélateur de plus de 500 litres et, bien sûr, l’air conditionné. Le salon « met en scène » deux longs canapés face-à-face, adossés à d’amples baies vitrées, tandis que la salle à manger s’organise autour d’une grande table pour huit convives. A tribord se trouve une sorte de vestibule, avec l’escalier, qui dessert les cabines invités et mène vers la master. Dans cette dernière, qui occupe la pleine largeur du yacht, le lit est en position centrale, dans le sens de la marche. Bois sombre et cuir étendu, marbre et épaisse moquette créent une atmosphère chaleureuse et luxueuse. Dressing et coiffeuse/bureau ne sont pas oubliés. Quant à la salle de bain, elle dispose à la fois d’une baignoire et d’une douche, ainsi que d’un lavabo à deux vasques. L’originalité vient surtout du fait qu’une porte coulissante permet d’accéder directement au pont avant et à sa piscine… Au niveau inférieur sont regroupées les quatre cabines invités. Une VIP que l’on pourra labéliser n°1, au centre du bateau en pleine largeur, la VIP n°2 occupant l’étrave, donc sensiblement moins spacieuse. Entre ses deux belles cabines, on trouve deux « twins » identiques. Chacune de ces cabines possède sa propre salle d’eau. Les deux cabines équipage qui se partagent la même salle d’eau se situent côté moteurs avec un accès direct. L’une est dotée d’un lit double, l’autre d’une couchette simple. La décoration de la réception et des cabines fait appel à de grandes marques que ce soit pour les tissus (Hermès, Loro Piana), le mobilier (Minotti, Tribù, Turnstyle) ou les sanitaires (Dornbracht). Le sur-mesure est aussi mis en avant par Sirena Marine, comme le confie Cor D. Rover : « Le chantier est capable de répondre aux désirs de tous ses clients en convertissant n’importe quelle cabine en salle de gym, en home cinéma, en karaoké ou en spa… »
Une autonomie potentielle de 3 100 nautiques !
Avant même de vous livrer nos impressions sur ce galop d’essai effectué en baie de Cannes, précisons que les chiffres de performances communiqués par le chantier correspondent à des conditions d’essai optimales, c’est-à-dire avec seulement deux personnes à bord, 25% des fluides, une mer lisse, un vent quasi nul, une température de 25° et une à eau à 15°. Les nôtres étaient bien moins favorables : 22 personnes à bord, 9/10e de carburant, un clapot de 50 cm, 28° et une mer à 25°. Cela explique sans doute le fait que nous n’ayons relevé « que » 22,8 nœuds au lieu des 25 nœuds annoncés par le chantier. Quoiqu’il en soit, la conception (carène à semi-déplacement) et la philosophie (bateau de voyage) du nouveau Sirena ne sont pas tournées vers la performance. Aussi, la vitesse de croisière « idéale », telle que nous l’avons ressentie à bord de ce 88 pieds propulsé par 3 100 chevaux, se situe à 1 750 tr/min, soit 14,7 nœuds au GPS, et cadre bien avec les 15 nœuds mis en avant par Sirena Yachts. A cette allure, il se montre très confortable dans le demi-mètre d’une houle résiduelle modelée par une brise d’ouest mollissante. En revanche, en virage, lorsqu’on raccourcit le rayon, la contre-gîte devient sensible, ce qui n’est agréable ni à la barre, ni pour les passagers. Concernant ce type de yacht, l’une des données principales est l’autonomie. De ce point de vue le Sirena 88 « fait le job ». En naviguant à 9,5 nœuds, soit un peu plus vite qu’un voilier, le Sirena 88 dispose d’une autonomie remarquable puisqu’il peut couvrir près de 2 000 milles (2 100 milles à 9 nœuds selon le chantier) sans ravitailler. Il pourrait même parcourir 1 000 milles supplémentaires avec les réservoirs de carburant optionnels ! A cette vitesse, les stabilisateurs Humphree aident à bien asseoir la carène. Selon nos mesures, l’autonomie est encore de 539 milles à 14,7 nœuds, ce qui est tout à fait satisfaisant lorsqu’on croise en Méditerranée. De retour au port, les manœuvres sont facilitées par la présence des propulseurs d’étrave et de poupe, l’important fardage justifiant leur présence. Pour ce qui est du poste de pilotage, il occupe toute la largeur de la timonerie puisque celle-ci possède son niveau de pont dédié. Du siège pilote, en position centrale, la visibilité n’est pas exempte de reproche car le pare-brise est d’une hauteur assez faible tandis que le module dédié aux aides électroniques à la navigation (GPS, traceur, sondeur, radar) est assez élevé et réduit le champ de vision. De cet endroit arrive un escalier, celui qui vient du vestibule du pont principal, et en part un autre, qui débouche sur le flybridge. Autre grief, les escaliers du Sirena sont raides et dépourvus de mains courantes.
Tel quel, le Sirena 88 RPH est un yacht séduisant et bien dans son époque, tant par son style, intégrant quelques signes très actuels comme l’étrave verticale et les larges vitrages de coque, que par son processus de fabrication high-tech faisant appel à la technique de l’infusion et à de la fibre de carbone, pour une économie de poids. Très habitable – cinq cabines tout de même, sept avec l’équipage ! – et richement décoré avec des matériaux nobles et du mobilier sur mesure, le dernier-né du chantier d’Istanbul promet d’agréables séjours à bord.