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Présentation
Yacht Class n°23 (dec 2020/jan-fev 2021)
Pearl Yachts Ltd
Cet élégant yacht à flybridge, qui se fait fort d’offrir quatre cabines, possède la dimension et les aides au pilotage permettant de se passer d’un skipper. Ces caractéristiques qui en font un croiseur « familial » n’empêchent pas un niveau de confort et de luxe affirmé. Une fois encore, on appréciera le travail du tandem formé par Dixon Yacht Design et Kelly Hoppen.
Texte : Philippe Leblond – Photos : DR
Que ce soit pour le design extérieur, signé Dixon Yacht Design, et la décoration intérieure, qui revient à Kelly Hoppen, ce tandem, déjà à l’œuvre sur les Pearl 80 et 95, a encore une fois fonctionné en harmonie. Chez Dixon, les intentions étaient claires : « Pour le 62, nous voulions conserver l’ADN de Pearl, franchement affirmé au travers des 95 et 80 pieds, les quatre cabines et un degré élevé d’intimité, ainsi que l’allure sportive du 60 (NDLR : lancé en 2011 il est remplacé par ce 62) ». De fait, la silhouette du nouveau Pearl se signale par une certaine sportivité, déjà présente sur les deux précédents modèles, grâce à une légèreté de trait (voyez la finesse des deux lignes qui se réunissent pour servir de socle au flybridge) qui évite l’effet de lourdeur affublant parfois les flybridge de moins de 20 mètres. Les surfaces vitrées aux lignes étirées participent aussi à ce dynamisme et procurent, dans le même temps, un apport appréciable de lumière naturelle que ce soit dans la réception sur le pont principal où les cabines, au pont inférieur. Bien sûr, la présence du hard top à volet de tissu coulissant se marie plus difficilement à la silhouette, mais son agrément sera apprécié de tous aux heures chaudes. le Pearl 62 est amarré à l’un des quais de la marina de Puerto Portals, à Majorque, à portée de gaffe du dealer espagnol, Baxter Marine. Ce dernier nous encourage aussitôt à monter à bord pour une première visite, suivie d’un essai en bonne et due forme.
Un surcroît de luminosité grâce au pare-brise XXL
Premier constat, dans le cockpit arrière revêtu de teck à joints clairs, le Pearl est large pour un 62 pieds. Une jolie table teck/inox trône, parallèle à une confortable banquette. Avec trois fauteuils d’appoint, on peut installer aisément huit convives pour un apéritif ou un repas. Une bonne chose car, on va le découvrir plus loin, le carré intérieur est un peu étriqué. A tribord, un escalier descend sur l’ample plateforme de bain où s’ouvre le logement pour le jet-ski et des « jouets ». Quelques marches donnent aussi accès aux passavants bordés d’un pavois surmonté d’un haut balcon, sécurisant les déplacements en navigation. Le pont avant est presque entièrement occupé par un vaste solarium flanqué d’un sofa collectif avec table d’apéritif. Un taud de soleil, tendu par quatre perches en fibre de carbone, coupe les rayons UV lorsqu’ils se font trop ardents. La pointe avant est dévolue aux apparaux de mouillage, le guindeau étant actionné par une télécommande locale, comme à partir des deux postes de pilotage.
Revenons vers la poupe pour pénétrer dans le salon par la grande ouverture qui fait communiquer cockpit et réception. Lorsque la baie vitrée (électrique) de la cuisine est ouverte, son plan de travail en marbre fait office de bar double face, illustrant l’idée chère à de nombreux constructeurs de gommer la frontière intérieur/extérieur. Sans être très spacieuse, cette cuisine est particulièrement bien équipée et fonctionnelle. Elle fait face à un petit carré qui n’est, hélas, pas en adéquation avec le nombre de passagers potentiels (huit puisque quatre cabines). On peut y prendre place à quatre ou cinq, pas un de plus, en raison de la proximité de l’escalier privatif qui mène à la cabine du propriétaire. Si l’on dépasse ce nombre, il faudra se rabattre sur le carré du cockpit en espérant que la météo soit clémente… Dans la partie avant de ce grand volume monospace (hauteur sous barrots 2,03 m), tout juste ponctué de deux claustras en bois, deux confortables canapés avec vue sur la mer se font face.
L’endroit est lumineux à souhait d’autant que le pare-brise profilé se poursuit loin au-dessus du salon pour offrir une « vue ciel ». Les deux sièges de la timonerie, des baquets réglables habillés de cuir gris, font face à un tableau de bord esthétique et fonctionnel. Assis, le champ de vision est sans obstacle, mais debout, un pilote de haute stature pourra être gêné par la césure du pare-brise… Il est bien sûr possible par beau temps de monter d’un niveau pour piloter du fly. Ce dernier, outre un poste de pilotage biplace au tableau de bord complet, procure de la compagnie au barreur sous la forme d’un beau sofa. Dans la partie centrale, on trouve un grand carré pour huit face à une kitchenette bien équipée, avec barbecue. La partie arrière du fly, non abritée par le hard-top, est dévolue au bain de soleil, assis ou allongé sur deux longs sofas en L qui surplombent la mer.
Déco : le marbre dans le premier rôle
Poursuivons en descendant au pont inférieur pour découvrir l’espace de couchage. Le chantier anglais a tiré profit des transmissions IPS qui, du fait de leur position reculée vers le tableau arrière, libèrent un maximum d’espace en avant, à la différence des lignes d’arbre qui imposent une implantation mécanique plus avancée. Ce surcroît d’espace a donc permis d’installer quatre belles cabines, ce qui est rare sur un yacht de cette longueur. L’escalier situé au niveau du carré mène uniquement à la master. Cette dernière offre une surface non négligeable où, à bâbord un bureau recouvert de cuir noir sert également de coiffeuse, tandis qu’à tribord, se tient un petit carré (pour prendre le petit déjeuner au calme ?). On notera que la tête de lit en Alcantara est tournée vers la cloison avant, au plus loin de la salle des machines, contre laquelle se trouve la salle d’eau avec sa somptueuse douche en marbre et son imposant lavabo en pierre noire. Pas de vrai dressing, mais deux penderies et de nombreux placards apportent le rangement nécessaire. De la timonerie descend l’escalier qui mène aux trois autres cabines, une VIP à l’avant et deux twins en position médiane. Si la VIP possède sa salle d’eau privative, les deux autres se partagent l’autre sanitaire.
Une fois encore, la décoratrice londonienne, Kelly Hoppen, dont la collaboration avec Pearl Yachts est exclusive dans l’univers du yachting, a su exploiter les volumes de ce 62 pieds pour créer une sensation d’espace supérieure à celle qui émane généralement d’une unité de cette longueur. A la différence du Pearl 95, que nous vous avions présenté dans Yacht Class n°16, l’atmosphère de luxe, si elle est assez comparable, s’impose au travers de contrastes moins marqués, avec une forte présence de chêne clair, alternant larges panneaux et lattes multiples. Les tissus d’ameublement (moquettes, dessus de lit, coussins) sont beige clair donnant un caractère très lumineux aux intérieurs, déjà largement abreuvés de lumière naturelle grâce aux généreuses baies vitrées. Autre élément majeur de la déco : le marbre de Calacatta (Italie), gris pâle veiné de gris noir, que l’on trouve en abondance dans les salles de bain et la cuisine/salle à manger. Bien entendu, le choix est donné à l’acquéreur, entre différents matériaux et nombreuses teintes.
Vif et maniable grâce aux IPS
A la différence du Pearl 95 qui était équipé de MTU en lignes d’arbre, l’inédit 62 se distingue avec un système propulsif Volvo Penta IPS1200, composé de deux diesels de 900 chevaux actionnant les fameux pods à double hélice multidirectionnels. Dès le démarrage, on est surpris par le « calme » de cet ensemble mécanique. Presque sans bruit et sans émanations de gazole, le 62 pieds s’écarte latéralement du quai. Le témoin d’angle de barre montre que celle-ci est sur « zéro ». La précision et l’intuitivité du joystick font merveille. Un propulseur d’étrave est aussi à disposition en cas de fort vent latéral… La quasi-absence de vibrations participe aussi à l’agrément de la manœuvre. Dans ce domaine, la fonction « skyhook » (ancre virtuelle) est aussi appréciable, afin, par exemple, de maintenir sa position dans l’attente que le quai de la station de carburant se libère.
A distance du port, bien installés aux commandes du fly, nous poussons franchement les deux leviers électroniques. L’accélération qui s’en suit est vigoureuse (11 secondes seulement pour passer de l’arrêt à 20 nœuds) et le bateau semble déjauger sans effort pour aller chercher sa vitesse maxi annoncé à 32 nœuds par le chantier. Une valeur que nous n’atteindrons pas, les cristaux liquides du GPS se figeant sur 30 nœuds, dans les conditions de notre essai, avec un demi plein de carburant, le plein d’eau et six personnes à bord. Selon Iain Smallridge, directeur de Pearl Yachts, présent à bord, la faute en incombe aux Interceptor Trim System de Volvo qui n’étaient pas en fonction, ce qui selon lui se traduit par une perte de 1,5 à 2 nœuds… La présence d’une houle résiduelle de 80 cm permet à la carène de mettre en évidence son bon équilibre et sa souplesse de franchissement, sans que l’on perçoive de vibrations de structure, ni de bruits parasites. Les niveaux sonores relevés à 2 000 tr/min, soit à 22,4 nœuds, confirment cette bonne impression avec 68 dBA dans le salon et 70 dBA dans la cabine principale. Autre atout des pods, les qualités évolutives du bateau en courbe, avec une prise de gîte intérieure marquée permettant de virer très court, chose impossible à faire avec des lignes d’arbre ou, moins encore, avec des hélices de surface. Un mot sur l’autonomie : avec 250 milles à la vitesse de croisière de référence (22,4 nœuds) le Pearl « fait le job ». Cette valeur permet de ravitailler n’importe où en Méditerranée, sans risquer de tomber en panne sèche. Et si vous désirez absolument espacer les visites dans les ports, il est possible de se contenter d’une allure à déplacement, à 11 nœuds, pour augmenter votre rayon d’action à 376 milles.
Hormis une salle à manger intérieure exiguë, on ne voit guère de reproche à adresser au nouveau fleuron de la flotte Pearl. La collaboration des designers a une nouvelle fois bien fonctionné pour rendre ce yacht à la fois séduisant pour son profil avantageux et son habitabilité, lui qui a le mérite de proposer quatre belles cabines sans oublier celle du marin.