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Présentation
Yacht Class n°18 (sept-oct-nov 2019)
Mulder
Oui les chantiers hollandais, pour la plupart, sont en droit de revendiquer un savoir-faire surtout en matière de qualité et ce n’est pas Mulder qui va faillir à la règle. Un constat que nous n’aurons aucun mal à établir en montant à bord du Mulder 36 mètres et à l’issue d’une journée de navigation au sud de Naples. Cette unité n’aura donc pas mis longtemps pour nous dévoiler tous ses atouts.
Texte : Alain Brousse – Photos : DR
Bien malgré nous, nous aurons attendu deux ans ce 36 mètres avant de le tester, mais patients nous nous devions de l’être, a fortiori quand il s’agit d’un modèle en provenance des Pays-Bas, qui plus est, s’il se nomme Mulder. Entendez par là Dirk Mulder, le père, et Nick, son fils (voir encadré) qui sont à la tête d’un chantier qui a fêté ses 81 ans cette année. Sans compter que Mulder n’a jamais dévié de sa trajectoire : construire des unités avec comme devise la qualité à tous les niveaux. En cela, ils ne font que confirmer la réputation des chantiers hollandais. Le 36 mètres est actuellement le modèle le plus grand de la famille. Celle-ci se compose de deux vedettes hard-top au profil de « lobster », les Favorite 1 500 et 1 700, d’un trawler à la hollandaise, long de 23 mètres, d’un flybridge de 28 mètres et enfin d’un 36 mètres, celui de notre essai, baptisé Calypso. Il nous attend à la Marina di Stabia, située à une dizaine de kilomètres au sud de Naples, aux pieds du Vésuve dont la dernière éruption date de… 1944. Nous voilà « rassurés » ! A bord, le capitaine et son équipage sont un rien sous tension car ils s’apprêtent, dans les quarante-huit heures, à appareiller pour une semaine de charter. Notre arrivée ne peut mieux tomber, elle va être l’occasion de s’adonner à une sorte d’entraînement.
Que le silence soit !
Les présentations d’usage accomplies, le capitaine met les deux diesels Caterpillar en route. Nous prenons les commandes au poste de pilotage du fly. Première surprise, la traditionnelle barre à roue ou le volant n’est pas du voyage. En effet, l’armateur leur a préféré un levier de cinq centimètres, placé sur la partie horizontale du tableau de bord, et qui, nous le constatons derechef, est tout aussi pratique sinon plus. Pour tout avouer, s’extirper de notre place de port ne réclame pas une grande attention : un avant, puis un 90 degrés et cap vers Sorrente puis la célèbre côte amalfitaine. A portée d’étrave, une île et quelle île ! Capri, pas moins. Pardon à ces lieux magiques, sans volonté de les occulter, nous allons cependant concentrer notre attention principalement sur les performances du 36 mètres dont la coque a été conçue par un grand bureau d’architecte naval : Van Oossanen très connu pour sa collaboration avec le chantier Heesen, entre autres. Il s’agit d’une coque à déplacement étudiée pour toutes les mers et aussi, pour offrir un bon rendement, cela avec une propulsion on ne peut plus traditionnelle : 2 x diesels Caterpillar CAT C18 ou plus concrètement 2 x 1 150 ch accouplés à des lignes d’arbres, elles-aussi classiques. Nous apprécierons aussitôt le travail accompli pour une absence de vibrations et un niveau sonore plus qu’honorable. Ainsi, à la vitesse de croisière conseillée, soit 12 nœuds à 1 600 tr/min, notre appareil de contrôle affiche 51 décibels, soit la quasi absence de bruit perceptible. Dans l’espace commun du pont principal et dans la master, c’est encore un peu moins encore : 48,8 dBA ! Des résultats excellents, mais que Dirk Robert Mulder ne désespère pourtant pas d’améliorer sur les prochains modèles. A l’évidence, nous avons affaire à un perfectionniste. Autre détail qui touchera les amateurs de milles, à raison de 70 litres par heure et par moteur à 12 nœuds, ce 36 mètres trace son sillage sur 2 430 milles sans ravitaillement. Pour une transatlantique depuis les Açores jusqu’en Floride, il suffit de bloquer l’allure sur 10 nœuds (autonomie : 3 000 milles). Sinon cette unité plafonne à 16 nœuds, un tout petit peu moins que le résultat obtenu par le chantier (16,9 nœuds), ce qui peut être dû à une coque squattée par quelques micro-organismes et une pleine charge lors de notre test. Pour ce qui est du comportement de la carène, malheureusement la Méditerranée étant des plus plates, nous avons seulement jugé de sa facilité à enchaîner les virages. Réactif et maniable à ne pas douter.
Un fly qui joue de ses charmes
Le profil du Mulder 36 est un mélange subtil entre l’open hard-top et l’unité tendance avec son étrave droite, le tout respirant le sérieux et la qualité. Très défendu sur l’avant, il inspire confiance et cela on le doit au bureau de design extérieur Claydon Reeves, une société britannique installée à Londres. Le rouf particulièrement imposant se convertit en un grand solarium et, tout à l’avant, dans la zone technique assez réduite se trouve une banquette. Mais incontestablement, le lieu idéal pour le farniente à l’air libre reste le flybridge d’une surface de près de 50 m2 auquel on grimpe soit par la timonerie soit par un escalier côté passavant tribord. Si le soleil est une priorité, cap vers la partie arrière qui présente sur ce modèle un jacuzzi bordé d’un solarium sous lequel se trouvent des rangements mais aussi un bar (comptoir et tabourets). Un deuxième bar a été installé sur bâbord. Le toit (on peut envisager un vitrage) apporte l’ombre souhaitée pour soit profiter des deux coins salon en vis-à-vis, soit s’installer autour de la table de la salle à manger. Du fly, on descend directement dans le volume du demi pont qui abrite la timonerie principale où l’on va aussitôt vérifier une bonne visibilité sur 200 degrés. Au centre, un fauteuil particulièrement ergonomique réglable électriquement, face au tableau de bord et ses cinq écrans, apporte le confort indispensable lors des longues croisières. Le capitaine saura y faire honneur. Il dispose également d’un carré et d’un coin banquette pour les passagers curieux d’assister au pilotage d’une telle unité qui réclame une vigilance quasi permanente. En effet, la mer n’est pas un désert surtout à la veille de l’été et en matière d’alarme rien ne vaut le regard professionnel d’un capitaine détenteur d’un brevet 3 000.
Un prix d’honneur à la master
Le cockpit du Mulder ressemble, a priori, à bien de ceux rencontrés sur des unités de sa taille. A trois détails près et non des moindres : le haut du tableau arrière est vitrée (vue mer garantie), entre le dos de la banquette en U et ce dernier il existe un passage qui s’avèrera vite très pratique, notamment pour les membres d’équipage, et enfin la « cloison » qui le sépare du salon intérieur, totalement vitrée sans le moindre obstacle. Un atout dont nous découvrons la force depuis le salon intérieur : une vue sinon imprenable du moins généreuse sur la mer, ce qui, aujourd’hui fait partie des choses que l’on exige à bord d’un yacht… L’espace du pont principal capte le maximum de lumière du jour et par voix de conséquence ne cache rien ou pas grand-chose du spectacle extérieur. Le concept « bar à bord » (deux sur le fly) étant cher à l’armateur, ne soyons donc pas étonnés d’en rencontrer un troisième entre le salon et la salle à manger, d’autant qu’il est tout sauf insipide, un rien artistique mais pas autant que la cloison qui sépare ce lieu avec la cuisine principale et qui présente un plan de voilier ancien très stylisé. Une autre « pièce » maîtresse : la suite armateur qui occupe la partie avant du pont avant. Sincèrement, elle mérite des éloges tant sur le plan de l’ergonomie que sur celui de la décoration mise en valeur par un éclairage naturel abondant grâce au vitrage latéral mais aussi au plafond de type « skylight ». On envie le propriétaire de ce Mulder… Les invités, pour autant, ne sont pas laissés pour compte. Afin d’en avoir le cœur net, dirigeons-nous sans plus attendre vers le pont inférieur et découvrons une VIP spacieuse et deux twins totalement raccord avec la décoration générale : couleurs claires à base de blanc cassé, chêne blanchi et noyer sombre.
Lorsque l’on quitte ce Mulder 36M, on a la certitude d’avoir navigué à bord d’une unité aboutie dont le chantier et ses dirigeants ont toutes les raisons d’être fiers. Souhaitons que le futur nous apporte d’autres Mulder de la même trempe.
Dirk Robert & Nick Mulder
1938 : naissance du chantier aux Pays-Bas qui, très vite, produit des canoës et des petits voiliers. Ce n’est qu’en 1953 que Dirk Mulder, le fondateur, mettra à l’eau son premier bateau à moteur « The Baby Favorite », un 7,50 mètres. 30 ans plus tard, Dirk confie les rênes du chantier à son fils Dirk Robert alors âgé de 22 ans. Celui-ci voit grand et pense à des modèles de quinze mètres et plus. Il choisit le genre flybridge avec un 22 mètres (1998). Au début du troisième millénaire, il mise sur le genre « lobster », soit des opens hard-top au look vintage sans dédaigner les unités habitables de 20 mètres et plus. Aujourd’hui le chantier, installé depuis 2013 à Zoeterwoude-Rijndijk, à quelques encablures de La Haye, est capable de fabriquer des modèles jusqu’à 45 mètres. A sa tête : Dirk Robert Mulder et son fils Nick, dont on ne sait qui est le plus passionné.