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Présentation
Yacht Class n°28 (mars-avril-mai 2022)
Groupe Beneteau
Fort de son expérience avec la gamme Swift Trawler, Bénéteau lance le navire amiral de la série, le Grand Trawler 62. Proposer la meilleure polyvalence entre confort, rayon d’action et éco responsabilité constitue son cahier des charges.
Texte : Norbert Conchin – Photos : DR
Depuis plusieurs décennies, Bénéteau n’en finit pas d’étonner en imposant des modèles plus spacieux, plus habitables et plus économiques que la plupart de leurs concurrents. Toujours repousser la limite des cloisons, sans alourdir la facture d’achat et la consommation de carburant, est devenu une doctrine dans laquelle le premier groupe de plaisance mondial s’est taillé une réputation incontournable. Cela sera-t-il encore une fois vérifié avec ce Grand Trawler 62 ? Lancée en 2004, la gamme Trawler de Bénéteau a joué la carte de la coque semi-planante, dotant ces bateaux de voyage d’une vitesse de pointe ponctuelle de 20 nœuds, en phase, entre autres, avec l’exigence de la clientèle nord-américaine. Ce positionnement a généré pas moins de 1 300 exemplaires en sortie usine (tous modèles Swift Trawler confondus), qui viennent nourrir les équipes chargées du développement d’une riche expérience. Selon les retours clients, le confort et l’autonomie pour la vie à bord sont prioritaires. Quant à la sobriété énergétique, elle devient incontournable de nos jours. Le chantier a donc opté pour une plus grande unité avec une carène à déplacement, très économe à 10 nœuds, autorisant les 20 nœuds occasionnellement, comme constaté en usage réel. Pour cette montée en taille, la production a été délocalisée en Italie dans les ateliers de la filière « yacht » du groupe, à Montfalcone, où sont assemblés les plus luxueux Monte Carlo Yachts. Présenté à Cannes, lors de la réouverture des salons nautiques, ce premier Grand Trawler affiche des volumes imposants. Son patronyme n’est donc pas usurpé.
Une ligne moderne et un pont ergonomique
Le chantier a fait appel au cabinet Nauta Design pour le style extérieur ainsi que pour les aménagements, car ce n’est pas tout de rajouter du volume, encore faut-il que l’écrin soit aussi élégant que possible. Les lignes sont plus anguleuses et modernes que celles des autres modèles de la gamme Trawler et les flancs des superstructures, intégralement vitrés, supportent le flybridge, assurant une vision panoramique et une clarté. Le pare-brise de timonerie est légèrement inversé et ce dessin est très réussi. Les six hublots rectangulaires de coque garantissent la luminosité des cabines. A partir de l’étrave verticale, le redan déflecteur qui court au-dessus de la flottaison jusqu’au premier tiers de la longueur est très marqué, afin d’éviter les embruns sur le pont avant. Nous avons pu en constater l’efficacité en navigation. Sur le pont avant, d’ailleurs, l’ergonomie des solariums et fauteuils rend le séjour encore plus agréable. A la poupe, la vue et l’accès à l’eau sont très appréciables. Un garde-corps en verre et inox donne la vue sur la mer, même depuis l’intérieur, et participe à la sensation d’agrandissement du cockpit. Les marches de descente sur la plateforme de bain sont prolongées sur toute la largeur afin de faire bénéficier cette zone, très souvent fréquentée, d’une banquette agréable pendant la baignade. Comme sur le reste de la gamme les passavants sont abrités par la casquette de roof et les montants ajourés qui reprennent le fameux hippocampe marient élégamment classicisme et modernité. Ce dessin de casquette réussi à intégrer un flybridge de 34 m², un des plus grands de la catégorie, sans altérer la silhouette du bateau. Ce fly dispose de deux accès depuis le pont principal. L’un par l’escalier arrière, assez conventionnel, l’autre depuis la timonerie intérieure, à l’avant. Cette disposition est vraiment pratique pour le capitaine et permet d’accéder au pont supérieur par un panneau, sans ouvrir la baie vitrée arrière ni de passer devant les passagers.
Véritablement un grand trawler
Au diapason des volumes extérieurs, les aménagements intérieurs concoctés par Nauta Design sont plus qu’accueillants. Le pont principal, de plus de 30 m², dispose d’un beau salon en U, d’une table de repas pour huit personnes, d’une cuisine indépendante semi-ouverte ou fermée (par des vitres) et d’une superbe timonerie. Au pont inférieur, la suite propriétaire occupe toute la largeur centrale. Elle est optionnellement divisible en deux cabines VIP. Une autre cabine de ce standing et sa salle de bain privative trônent à l’avant. Au milieu, une cabine double, dont la salle d’eau en face de la descente sert également de toilette de jour, est équipée de lits jumeaux. Six ou huit passagers peuvent séjourner dans un très grand confort avec une profusion d’espaces dédiés pour chaque circonstance, mais ils peuvent aussi compter sur un service adéquat car l’espace de la poupe, accessible depuis la plateforme de bain, est très spacieux et bien équipé. Une cabine double y héberge également l’équipage. Une douche et des toilettes séparées peuvent servir également pour les invités qui n’auront ainsi pas à entrer dans le salon pendant la baignade. Cet espace reçoit aussi un lave-linge et donne accès à la salle des machines. Avec l’immense flybridge capable de recevoir une grue de 400 kg de levage, les aménagements organisés par Nauta Design n’ont rien à envier à ceux d’une vedette de 70 ou 75 pieds. Pour la décoration, chêne et noyer sont au choix et, pour l’équipement, toutes les options de confort que l’on attend d’un yacht figurent au catalogue.
Un dynamisme optimisé
Afin de doter ce trawler d’une faible consommation aux alentours de dix nœuds – la vitesse de croisière plébiscitée par les utilisateurs – le plan d’aménagement a fait l’objet d’une étude de répartition des masses très poussée, autant que la carène, passée au crible du bassin virtuel. Amedeo Migali, l’architecte du cabinet MICAD, nous explique que l’intention était d’atteindre une autonomie d’environ 1 000 milles à 9 nœuds. La carène à déplacement, bien servie par des gros blocs montés sur lignes d’arbres, s’est avéré le choix judicieux pour cet objectif alliant un comportement confortable et sécurisant à la mer. Le challenge a donc résidé à faire atteindre 20 nœuds à cette coque. Une forme plus large et planante caractérise la moitié arrière de la carène, alors que les entrées d’eau sont taillées à la serpe, façon trawler. La manœuvre de port, bien assistée par les propulseurs de proue et de poupe, est une formalité, d’autant plus avec l’option joystick qui délivre des impulsions précises. Nos évolutions, sur une mer assez calme, s’enchaînent en souplesse. Les changements de cap sont très précis et la déflexion efficace de la carène préserve des embruns les occupants de la plage avant. Au régime maxi, nous avons obtenu un peu plus de vingt nœuds, avec 45 % de carburant et 14 % d’eau, et avons particulièrement apprécié la vie à bord à 9 nœuds, une allure à laquelle la carène fait merveille et les deux diesels MAN de 730 ch ne consomment que 30 litres/heure. Objectif atteint !
ORIGINE DU TRAWLER
Au début du XXe siècle, ce terme désignait des chalutiers américains dont la carène, aux entrées d’eau étroites et à la poupe porteuse, priorisait une vitesse d’environ huit nœuds et permettait de tracter des filets de plusieurs tonnes. A la fin des années 50 certains d’entre eux ont été reconvertis en bateaux de plaisance confortables pour de longues navigations. Au début des années 60, des chantiers se sont spécialisés dans la fabrication de trawlers dédiés à la plaisance, se signalant par un confort et une autonomie autorisant la croisière au long cours. Grand Banks en fut le précurseur et tire son nom du fameux banc de pêche au sud de Terre-Neuve. En Europe, des bateaux de type vedettes néerlandaises, de très bonne qualité, ont émergé dans les années 70-80. En France, ce phénomène s’est répandu à la fin des années 90 avec des fabricants comme Rhéa Marine et bien sûr, depuis le début du XXIe siècle, Bénéteau avec les modèles de la gamme Swift Trawler (traduisez par « trawler rapide ») dont les carènes planantes autorisent des vitesses sensiblement plus élevées.