Yacht Class n°17 (juin-juillet-août 2019)
Membre allié du Yacht Club de France, le Yacht Club de Monaco est également jumelé avec treize clubs à travers le monde, sans compter les accords de réciprocité qu'il entretient avec une quarantaine d’autres. Dans chaque numéro, Yacht Class vous présentera l'un d’entre eux. A commencer par le Yacht Club Costa Smeralda (YCCS) avec qui la Principauté cultive des liens étroits.
Par Aurore Teodoro - Photos : YCCS / Borlenghi, Rolex / Borlenghi, YCSS & Studio Martinez
Le Yacht Club Costa Smeralda est l'un des clubs que l'on retrouve souvent aux côtés du Yacht Club de Monaco, que ce soit lors d'événements sportifs - comme la Palermo-Monte-Carlo, les Monaco Globe Series, le Smeralda International Championship - ou mondains, à l'instar du dîner du 20e anniversaire du jumelage, qui s'est tenu l'an dernier à Porto Cervo. Il faut dire que les deux institutions, jumelées depuis 1998, partagent de nombreuses valeurs communes. A commencer par "la passion de la voile et de la mer, les principes sur lesquels nous fondons nos activités, puisque nos deux associations sont engagées dans des projets pour la sauvegarde des océans” souligne le Commodore du club sarde, Riccardo Bonadeo.
La passion de la course
S'il est donc un lien entre les deux clubs, c'est bien celui de l'amour des régates. "Le fait que nous faisions partie des Yacht Clubs les plus prestigieux de la Méditerranée, avec le même objectif qui se traduit par l'organisation d'initiatives communes, comme la Coppa Europa Smeralda 888, nous a bien sûr rapprochés. Nous organisons tous les deux des événements internationaux et notre accord de réciprocité a élargi les perspectives des deux clubs en permettant à nos membres de fréquenter les installations de l'un et de l'autre", explique Riccardo Bonadeo. C'est de cette passion également qu'est née cette "association sportive à but non lucratif". Nous sommes en 1967, sur les rives de la Costa Smeralda (côte d'émeraude), au nord-est de la Sardaigne. A l'origine de ce club, quatre hommes : André Ardoin, Giuseppe Kerry Mentasti, Luigi Vietti et l'Aga Khan qui, dès le début des années 1960, a fortement contribué au développement de la région, ainsi qu'à la création de Porto Cervo. Affilié dès 1968 à la Fédération Italienne de Voile, la renommée à l'international du club sarde ne se fera pas attendre, aidée par ses différents événements sportifs et les performances de ses membres. Il crée ainsi en 1972 la Settimana delle Bocche, puis l'année suivante, la One Ton Cup qui lui offrira la reconnaissance du milieu comme "principal organisateur de compétition hauturière en Italie et en Méditerranée". Les compétitions prestigieuses s'enchaîneront ensuite : la 1ere Coupe de Sardaigne, le Maxi Yacht World et la Swan World Cup... A la même époque, le YCCS lancera même le premier Challenge italien pour la Coupe de l'America, avec l'Azzurra (12 mètres). Sa troisième place aux régates qualificatives lui vaudra d'ailleurs l'organisation des premiers championnats du monde de 12 mètres JI en 1984, ainsi que le rôle de Challenger of Record pour l'America's Cup 1987. Aujourd'hui encore, le club affiche son dynamisme en Méditerranée, avec plus de 10 régates organisées cette année dont la Loro Piana Superyacht Regatta, la Maxi Yacht Rolex Cup, ou encore la dernière manche du 52 Super Series circuit auquel participera son TP52 Azzurra. Et ce, sans oublier les classes J et Wally, ainsi que les RC44, Farr 40, Melges 40 qui arpentent souvent ses côtes.
De la Maison du Port aux installations dernier cri
Le Costa Smeralda a connu une belle évolution. Il est loin le temps de la "Maison Du Port", son premier quartier général. Basé dans ce qui est connu maintenant comme le vieux port, ce bâtiment, le tout premier jamais construit à Porto Cervo, est vite devenu exigu. En 1977, le club déménagea donc dans de nouvelles installations, surplombant la nouvelle marina. Des locaux plus grands et plus modernes, mais surtout adaptés aux exigences de ses grandes régates internationales. Le nouveau millénaire offrit par la suite au club de Sardaigne une entière rénovation, supervisée par l’architecte new-yorkais Peter Marino. Étendu sur plus de 6 000 m2, le YCCS "est considéré aujourd'hui comme l'une des plus belles structures fonctionnelles de son genre", selon son site internet, avec sa terrasse sur les toits, sa piscine, son lounge dédié aux membres, sa salle de gym, les suites luxueuses pour ses invités de marque, sans oublier sa Piazza Azzura, où se déroulent tous ses événements. Aujourd’hui, le Yacht Club Costa Smeralda est toujours présidé par l’Aga Khan, tandis que son Commodore, pour sa part, est en charge des activités sociales et sportives du club. Notons que l'institution italienne, qui vient de fêter ses 50 ans, a mis la défense de l'environnement marin au cœur de sa démarche, en créant l'an dernier sa Fondation One Ocean, "née de la volonté du YCCS de promouvoir la sauvegarde de l'océan, élément fondamental autour duquel s'articulent toutes nos activités sportives. Comme le Yacht Club de Monaco, avec la Fondation Prince Albert II, le YCCS a souhaité s'engager pour la préservation du milieu marin, ce qui montre une nouvelle fois les principes communs à nos deux institutions", souligne le Commodore. On vous l'avait dit, les points communs avec son homologue monégasque sont légions.
Qu'est-ce qu'un club jumelé ?
Comme le rappelle le Yacht Club de Monaco sur son site internet, "le jumelage entre deux clubs doit permettre aux sociétaires :
– Le développement de l’activité sportive entre les clubs ainsi que la libre participation à toutes les activités sportives, aux mêmes conditions.
– Le libre accès au siège social, restaurant et salons ainsi qu’aux services respectivement offerts, sur présentation de la carte de membre uniquement.
– L’accès aux boutiques des deux clubs.
– Les échanges avec les écoles de voile respectives, tant des sportifs que de leurs entraîneurs.
– L’affiliation en tant que membre actif est obligatoire après 6 mois de résidence pour tous les membres de l’un des deux clubs jumelés venant habiter dans le pays de l’autre, selon les statuts propres à chaque club."